L'ESWC Montréal était une réussite

Du 9 au 12 juillet se jouait une nouvelle étape de l'Electronic Sports World Cup (ESWC). Le célèbre évènement tricolore a en effet choisi de diversifier son offre et, contrairement à ce dont ses organisateurs nous avaient habitués ces dernières années, la Coupe du Monde des Jeux Vidéo se délocalise et, désormais, elle ne se joue plus uniquement une fois par an lors de la Paris Games Week, il est également possible d'assister à des tournois délocalisés et axés uniquement sur un jeu. Le Zénith de Paris avait vu les meilleurs mondiaux se retrouver sur Call of Duty Advanced Warfare, Montréal aura eu le droit à du Counter-Strike: Global Offensive. Pour la première fois de son histoire donc, Oxent (propriétaire de la marque ESWC) a choisi de traverser l'Atlantique pour se rendre au Canada. Par le passé, l'évènement mondial avait déjà rendu visite au voisin américain, c'était en 2008 à San José, la dernière Coupe du Monde de l'ère Games Services.

Une préparation réussie

On ne peut nier que l'ESWC Montréal fut une parfaite réussite, que ce soit sur le plan compétitif mais également sur celui de la popularité. Pourtant, le pari n'était pas gagné d'avance, le Canada n'est pas un pays habitué des grands rendez-vous eSport et l'ESWC, même s'il demeure un grand nom du secteur, se devait de faire aussi bien que l'Electronic Sports League (ESL) ou la DreamHack et leurs tournois majeurs sponsorisés, en partie, par Valve. Pour arriver à leurs fins, les organisateurs avaient donc misé gros et cela même s'ils n'ont pu obtenir le statut de tournoi majeur, qui se concrétise par le soutien direct de l'éditeur du jeu.

Pas moins de 7 chaines webTV étaient donc disponibles sur Twitch, qui était l'un des partenaires de la compétition. L'ESWC se chargeait d'assurer la couverture télévisuelle en anglais, tandis que les médias du monde entier s'occupaient, quant à eux, de la traduction. Ainsi, en France, c'est O'Gaming qui avait été choisi, en Allemagne 99Damage, au Brésil G. Academy, en Russie MCSOpen et en Chine 5eplay. La machine était donc bien huilée et tous les indicateurs étaient au vert pour nous permettre de suivre dans les meilleures conditions ce rendez-vous estival.

D'un autre côté, les organisateurs savaient qu'il serait compliqué d'attirer les foules sur place. Le Canada et le Québec ne sont pas spécialement des habitués des compétitions de jeux vidéo et le précédent record, établi lors de la Paris Games Week 2014, semblait bien difficile à atteindre, surtout lorsque l'on joue en-dehors d'un salon dédié uniquement à l'univers vidéo-ludique. Ce n'était donc pas de ce côté-là qu'il fallait se pencher, mais plutôt du côté des téléspectateurs où le défi semblait être le plus intéressant à relever. 3 millions d'heures visionnées, 2,5 millions de téléspectateurs uniques et un pic à 250 000 aficionados simultanés en direct lors de la grande finale masculine, voilà une performance qui, au premier coup d’œil, a de quoi impressionner.

Les majors toujours devant

Mais si l'ESWC peut être fière de sa performance, notamment en comparaison à d'autres rendez-vous du même calibre organisés dernièrement comme la DreamHack France en mai dernier par exemple, l'organisation peut malgré tout espérer croître encore davantage prochainement. En effet, les derniers records établis par l'ESL One Katowice semblent stratosphériques. Là-bas, ce n'étaient pas 3 millions d'heures visionnées mais plutôt 16 millions. Là-bas, il n'y avait pas eu 2,5 millions de spectateurs uniques mais plutôt 8,78 millions et le record du nombre de téléspectateurs cumulés ne s'élevait pas à 250 000 mais à 1 012 745. En clair, le statut de tournoi majeur semble déterminant dans l'attrait que peut avoir une compétition sur une autre, l'aide apportée par Valve permettant notamment d'obtenir une publicité continue dans le jeu directement, et cela bien avant le début du tournoi. On peut, par conséquent, légitimement espérer que les négociations entre l'éditeur et l'entreprise d'évènementiel s’accélèrent donc, afin de leur permettre, également, de bénéficier d'un soutien.

Malgré cela, l'ESWC n'a absolument pas à rougir de sa performance actuelle. Les partenaires étaient heureux, ils sont d'ailleurs de plus en plus nombreux, permettant ainsi d'augmenter significativement les moyens mis en œuvre, et notamment la dotation générale. 90 000 $ étaient ainsi mis en jeu au Canada, 75 000 $ pour les hommes et 15 000 $ pour les femmes, permettant de faire entrer directement l'évènement à la sixième place de ceux les mieux dotés depuis le début de l'année sur CSGO. De plus, comme à son habitude, l'ESWC a mis en avant les femmes dans la compétition. Peu d'organisateurs le font, cela devient même de plus en plus rare et l'Electronic Sports World Cup fait figure d'épouvantail dans ce domaine depuis plus de dix ans maintenant.

La route est malgré tout encore longue pour l'ESWC avant qu'elle ne parvienne à rattraper ses plus grands concurrents. En revanche, la croissance de l'évènement depuis sa reprise par Oxent en 2012 est tout simplement époustouflante. En l'espace de quelques années seulement, l'entreprise est parvenue à retrouver le rythme qu'elle a pu connaître avant sa liquidation en 2009. De ses erreurs, le groupe semble avoir beaucoup appris mais cela ne l'empêche pas de prendre encore et toujours des risques. De leur propre aveu, les dirigeants de l'ESWC souhaitent multiplier désormais ce type d'étapes intermédiaires comme celles que nous avons connu cette année. Call of Duty au Zénith a rencontré un énorme succès, Counter-Strike à Montréal également, quel sera le prochain jeu à bénéficier d'une telle vitrine ? Rendez-vous du 28 octobre au 1er novembre prochains pour assister à la Paris Games Week 2015 et en savoir certainement davantage à ce sujet.