Avec la nouvelle loi sur l'économie numérique d'Axelle Lemaire débattue en ce moment au parlement, le gouvernement montre bien qu'il compte combler son retard dans ce domaine. Youtube, Twitch et autres se développent bien trop vite pour que la réglementation puisse suivre, et il existe de nombreuses zones d'ombres auxquelles le gouvernement s’intéresse aujourd'hui.
Le revenu des youtubers est l'un de ces sujets difficile à aborder. Si personne ne communique officiellement dessus, on peut néanmoins identifier leurs différentes sources de revenus. L'une d'elle semble aujourd'hui poser problème, puisque la DGCCRF aurait démarré une enquête sur les vidéos sponsorisés selon une journaliste du journal Le Monde :
La DGCCRF est un organisme d'état dépendant du ministère de l'économie qui agit comme un gendarme dans le domaine de la consommation et de la concurrence. Avec l'Autorité de la concurrence, la DGCCRF est habilité à mener des enquêtes dans ce domaine et à prendre des mesures nécessaires pour protéger le consommateur et assurer une concurrence loyale entre les différents acteurs économiques.
Dans le cas qui nous intéresse ici, cet organisme va donc s'intéresser aux vidéos des youtubers sponsorisées par des entreprises, celles où la mention de cet arrangement n'est pas faite. Les youtubers français ont parfaitement le droit de réaliser une vidéo sponsorisée sur le dernier jeu à la mode, mais ils doivent l'annoncer à leurs spectateurs au préalable. Le cas contraire est immoral, car la personne qui regarde cette vidéo en pensant obtenir un avis objectif est trompée si le youtuber cache le fait qu'il a été payé pour en dire du bien. C'est ce que l'on appelle de la publicité déguisée et ceci est interdit par la loi et le code de la consommation :
La DGCCRF va donc maintenant enquêter et examiner les vidéos des youtubers français. Par ailleurs, le fait que ces youtubers aient agi tout seul ou par l'intermédiaire de régies publicitaires ne changera rien à l'affaire. Si dans plusieurs mois, au terme de l'enquête, ils sont déclarés coupable, alors ils pourraient risquer gros. Dans le cadre d'une pratique commerciale déloyale, ils risquent jusqu'à 300 000 euros d'amende et deux ans de prisons ferme.
Cependant si jamais des youtubers sont condamnés, il est peu probable que les peines seront maximales. Le but de la manœuvre est clairement de régulariser un domaine ou les sommes d'argents brassées grandissent d'année en année. Pour le consommateur, ceux qui regardent ces vidéos, il n'y aura pas de grands changements. Vous pourrez toujours voir votre youtuber préféré tester le dernier jeu en date, mais désormais, vous serez certain s'il a été payé par l'éditeur pour en faire la promotion. La majorité le faisait déjà, mais c'est une initiative nécessaire dans un milieu ou le consommateur moyen est très jeune et donc facilement influençable.
Cette annonce risque également d'affecter les streamers français. Twitch est un cas à part, un phénomène qui n’existe pas encore au regard de la loi. Mais cela ne saurait rester ainsi au vu de ces derniers mois. Si la publicité déguisée existe également sur Twitch, cette enquête risque de faire peur aux streamers et par effet boule de neige de régulariser cette situation également.
Ce début d'année 2016 voit l'implication du gouvernement dans l'esport et l'économie numérique grandir de semaines et semaines, et il faut sans doute s'attendre à d'autres changements majeurs dans un futur proche.