Test Dune Awakening : On a joué 150 heures au meilleur MMO de survie du moment, et on ne regrette rien !

Trois ans après avoir été révélé officiellement, Dune : Awakening a vu le jour sous la coupe de Funcom, l'éditeur allemand notamment connu pour son MMORPG Conan : Exiles. Inspiré du roman "Dune" de Frank Herbert mais aussi et surtout de son adaptation au cinéma par Denis Villeneuve en 2021 et 2023, ce nouveau MMORPG de Survie revisite deux genres souvent incarnés par des mastodontes a priori indétrônables malgré des communautés en quête de nouveautés... et souvent enclines à la déception face aux propositions qui leur sont faites. Alors, le projet pharaonique de Funcom est-il un succès ou bien n'est-il qu'un énième pétard mouillé associant deux genres que tout oppose pourtant presque par nature ? On l'a testé pour vous durant plus de 150 heures !

Nous ne mentionnerons pas l'intrigue dans ce test pour éviter tout spoil. Continuez votre lecture en paix, on ne vous dévoilera rien de déterminant à propos de l'histoire du jeu dans cet article !

• Genre : MMORPG, Survie
• Date de sortie : mardi 10 juin 2025
• Plateformes : PC
• Éditeur : Funcom
• Espace requis : 75 GB
• Prix : 49,99€ dans sa version de base, 69,99€ pour la version Deluxe, 89,99€ pour la version Ultimate

Quand Herbert, Villeneuve et Lynch rencontrent Funcom

Difficile de trouver un élément par lequel aborder ce nouveau "Survival MMORPG" tant il y a à dire, et c'est sans doute narrativement que les choses frappent assez rapidement. Parce que pas mal de joueuses et joueurs ont découvert le petit dernier de Funcom après avoir visionné au moins Dune : Partie 1 de Villeneuve, il convient de mentionner que la narration du jeu dont il est question s'émancipe presque complètement de cette oeuvre comme de ses prédécesseures. Oubliez Paul Atréides, le massacre des Harkonnen et consorts : tout cela n'a jamais eu lieu dans Dune : Awakening !

L'histoire qui nous est contée est pourtant diablement efficace et nous place dans la peau d'un étrange individu ayant subi l'épreuve du Gom Jabbar afin d'être envoyé sur Arrakis retrouver la trace des Fremen. Pas de chance, un mystérieux terroriste, Zentara, "s'amuse" à abattre certains vaisseaux de l'Imperium, celui dont lequel on se trouve en premier lieu, évidemment, et nous propulse dans une histoire assez inédite à la poursuite tant des Fremen que de cet étrange Zentara, l'a priori ennemi public numéro 1 dont la tête est mise à prix après qu'il nous ait initié aux bases de la survie sur cette planète hostile.

Sans nous étendre ni même spoil quoique ce soit, disons-le clairement : la narration prend pas mal de temps à vraiment gagner en intérêt mais les intrigues politiques et même religieuses que l'on connaît si bien dans les oeuvres d'Herbert, Lynch et Villeneuve sont belles et bien présentes. Mieux, elles nous tiennent en fait en haleine jusqu'à la toute fin de l'aventure au rythme de séries de Contrats faisant office de quêtes entrecoupées de quêtes secondaires ayant un réel intérêt dans la narration globale. Pas de quêtes "Fedex" pour remplir un vide potentiel de contenu, c'est bien pensé !

Mais si la narration est étonnamment bien structurée et nous fait même pas mal râler en fin de parcours tant le cliffhanger sur lequel elle nous laisse est frustrant en attendant la suite, c'est aussi et surtout le respect de l'oeuvre d'Herbert sous les traits de ce qui ressemble énormément à ce qu'en a fait Villeneuve qui nous a bluffé. Tout est une véritable lettre d'amour de fans de Dune à destination d'autres fans de Dune, et notamment d'ornithoptères, les fameux véhicules volants ayant l'apparence de grosses libellules qui fascinent tant et sur lesquels les développeurs semblent avoir mis le paquet !

Dune : Awakening regorge de références plus ou moins subtiles à l'univers dont il s'inspire, même dans ses plus infimes détails, et il n'y a qu'à regarder à nouveau les deux films de Denis Villeneuve pour comprendre l'idée de Funcom. De l'apparence des armes et armures au nom des objets en passant même par les compétences et caractéristiques des classes, l'apparence et le bruit des véhicules et bien sûr les personnages et lieux, tout nous permet de le dire avec une certaine assurance : ce sont des fans qui ont créé le jeu, et ils y ont pris un certain pied ! Un quasi sans faute donc sur ce point, et cela fait plaisir tant les adaptations d'oeuvres populaires peuvent parfois être très, très bancales de ce côté-là (et c'était notre pire crainte à vrai dire).

Seul vrai bémol à souligner tout de même : l'absence d'un bestiaire justement inspiré de Dune. En dehors d'humains en armure et du Ver des sables on ne croise aucune bête sauvage en Arrakis à part quelques oiseaux avec lesquels on ne peut pas interagir. On aurait aimé plus de diversité, mais c'est un choix assumé par l'éditeur qui a même évoqué la possibilité que cela change à l'avenir. Cela n'est même au final pas si gênant que cela quand on ne connaît que les films, et notamment les deux derniers, qui ne présentent pas franchement la faune locale pourtant présente dans les oeuvres d'Herbert. Dommage, mais acceptable pour le moment.

La survie en Arrakis : point d'orgue de Dune : Awakening

L'autre grand point fort de Dune : Awakening c'est aussi ce qu'il propose en matière de survie, l'un des deux genres qui le définissent. On retrouve non sans une certaine satisfaction les principales caractéristiques de jeux tels que Minecraft ou The Forest dans lesquels la construction est primordiale, et on nous laisse en plus la liberté de voir ce qu'ont fait nos petits camarades dans un monde en perpétuelle évolution au rythme des idées des joueuses et joueurs.

Cela étant, et même si l'eau est la principale ressource et le nerf de la guerre du jeu de Funcom comme des oeuvres dont elle s'inspire, on regrettera (ou pas) que cet aspect du jeu disparaisse complètement une fois la première zone terminée et que les premières Jolitres et autres Poches de sang de qualité supérieure nous permettent de boire presque sans arrêt. Un point noir qui en aura déçu certains en quête d'une gestion de la faim, de la soif et d'autres éléments importants dans d'autres jeux du même genre mais qui, on doit bien le reconnaître, seraient franchement de trop si elles existaient dans Dune : Awakening.

Qui plus est, et ce n'est pas rien, il convient de mentionner que la survie que l'on peut connaître dans le Bassin de Hagga, la première grande région que l'on peut explorer d'Arrakis dans ce jeu, n'est qu'un avant-goût du endgame du jeu. Parce que si durant une bonne centaine d'heures, si ce n'est plus, vous explorez les vastes contrées du Bassin de Hagga, on vous expliquera à terme qu'en fait tout ceci n'est qu'un petit morceau de la planète Arrakis dont le plus gros explorable se nomme "le Désert profond" et dont les dangers sont infiniment plus nombreux et grands, à commencer par la survie qui y est bien plus difficile la faute à un manque cruel d'eau et de ressources, entre autres. Mais on y reviendra !

Et Shai-Hulud alors, le fameux Ver des sables ? Difficile d'aborder la survie sans l'évoquer puisqu'il est de loin l'antagoniste principal auquel vous ferez face durant toute votre aventure. Toute ? Non, pas vraiment en réalité puisqu'il vous sera présenté durant le début de votre périple avant de disparaître puisqu'incapable d'accéder aux zones du Nord de la première région, le Bassin de Hagga. Vous serez donc globalement assez tranquilles au-delà de la première dizaine d'heures de jeu et jusqu'à votre arrivée au endgame.

Le Ver des sables est globalement une entité intéressante et assez fidèle aux oeuvres dont elle est tirée puisque vos traversées du désert génèrent des pulsations dans le sol qui l'attirent à vous. Prévisible grâce à ce système de capteur et pourtant toujours surprenant, ou presque, il est une menace quasi-permanente et un rappel qu'en Arrakis aussi équipés puissez-vous être ce n'est pas vous qui faites la loi, c'est lui, et s'il vous gobe c'est votre véhicule et tout votre équipement qui disparaissent. Mieux vaut ne pas trop jouer au plus malin avec lui donc, tout perdre est vraiment très, très démoralisant !

Le Housing : réussi mais imparfait ?

Qui dit jeu de survie implique presque naturellement, comme on l'évoquait précédemment, la possibilité d'avoir un pied à terre personnalisable dans le monde qui nous entoure. En la matière, Dune : Awakening se veut très ambitieux et a un certain mérite. Parce que non seulement toutes les constructions, aussi vastes soient elles, des autres joueuses et joueurs sont visibles par tous et tout le temps, mais en plus vous pouvez élaborer jusqu'à trois bases toutes plus grandes les unes que les autres au Bassin de Hagga ou dans le Désert profond selon votre bon vouloir. Vous devrez payer une taxe au CHOM pour chaque base sous votre contrôle sous peine de voir le terrain vous être retiré en plus d'alimenter régulièrement chaque parcelle avec des générateurs de boucliers pour protéger vos habitations, mais cela se fait !

Le système de construction est assez simpliste mais correspond globalement à ce que l'on peut attendre d'un jeu de ce type. Mieux, il nous surprend même par ce qu'il permet dans un monde aussi ouvert et vaste que celui proposé par Funcom. Assez peu de choix sont présents en matière de personnalisation comme de décoration à moins de dépenser des dizaines de milliers de Solaris afin d'acheter des skins relatifs à votre faction (Atréides ou Harkonnen) ou même à la faction neutre du CHOM, et cela peut en rebuter certains de prime abord. Néanmoins on a pu s'essayer à la création d'une base 100% Atréides et cela change franchement la donne par rapport aux petites bases basiques auxquelles on a accès durant des dizaines d'heures !

Plus précisément, si le système de Housing de Dune : Awakening vise très juste dans ce qu'il propose et se veut assez permissif, son seul vrai bémol se situe du côté du manque de possibilités en matière de placement des décorations et autres éléments intérieurs. Pas mal d'éléments ne sont pas superposables ou glitch les uns par rapport aux autres, limitant pas mal les possibilités des plus créatifs, et c'est vraiment dommage quand on voit la qualité des structures et même décors proposés.

Quant à la collecte de matériaux et autres ressources vitales à votre survie (minerais, eau, plantes...), elle est assez simple et basée sur un outil dont vous obtenez progressivement des variantes de plus en plus efficaces : le Tailleray. Il vous permet de scanner certains éléments du décor pour faire apparaître une ligne. Il ne vous reste ensuite qu'à activer le laser de votre Tailleray pour découper l'élément en suivant cette ligne et obtenir une quantité variable de ressources selon votre capacité à suivre ladite ligne.

Simple, mais efficace ! Précisons également qu'à mesure que vous progressez vous obtenez de nouveaux moyens de gagner des matériaux, notamment par le biais du Tailleray pour Buggy qui vous permet de farm directement depuis l'un des plus gros véhicules terrestres du jeu.

Entre combats moyens et classes intéressantes

Créer un MMORPG basé sur une oeuvre déjà existante n'est pas chose aisée en particulier à cause des classes que ce genre impose presque naturellement. Et si ce système de "classes" est souvent assez décevant ou copié d'autres MMORPGs l'ayant eux-mêmes copiés sur leurs prédécesseurs depuis la nuit des temps, Funcom a réussi à proposer quelque chose de cohérent tant dans l'univers de Dune que dans ce qu'il permet mécaniquement.

Dans Dune : Awakening vous pouvez choisir parmi quatre classes de base, auxquelles s'ajoute une cinquième déverrouillable au fil d'une série de quêtes en Arrakis :

• Bene Gesserit : des semblants de mages capable d'influer sur l'esprit de leurs ennemis mais aussi de se soigner à l'aide de leur force mentale
• Maître d'armes : des spécialistes du combat avec des armes en mêlée, ils ont une endurance extraordinaire au combat
• Mentat : des combattants sournois faisant appel à des tourelles de défense, du poison et d'autres subterfuges pour vaincre leurs ennemis
• Soldat : des spécialistes du combat avec des armes à feu en particulier, mais aussi de tout l'arsenal militaire globalement
• Planétologue : grands maîtres de l'exploration, ils excellent en monde ouvert et ont de meilleures capacités à y survivre. C'est la seule classe inaccessible en tant que classe de départ

Le système de classes de Dune : Awakening repose sur une idée simple mais efficace : vous pouvez apprendre la totalité des compétences de votre classe au fil d'une longue série de quêtes, mais aussi celles des autres classes. Oui, vous pouvez être une Bene Gesserit avec des talents de Maître d'armes, de Soldat, de Planétologue et de Mentat en même temps, il est même vivement recommandé de créer un build les mélangeant toutes pour maximiser votre potentiel tant au combat qu'en extérieur.

Parce que vos talents ne vous permettent pas seulement de gagner des dégâts ou de la survie au combat, non, ils influent également sur la gestion de vos équipements, votre gestion de la Chaleur, de l'Eau, du carburant de vos véhicules et même votre capacité à collecter des ressources. Mieux encore, ce système de "multi-classes" est expiiqué et inclut dans la narration du jeu, il existe une raison narrative à ce potentiel exceptionnel que votre personnage possède... mais ça, on vous laisse le découvrir par vous-même !

Ces belles idées sont pourtant gâchées par un système de combat que l'on qualifierait au mieux de "très moyen", surtout en début de progression. Les armes à feu sont assez satisfaisantes à exploiter, rien à signaler de ce côté-là, néanmoins dès que l'on se retrouve à se battre en mêlée afin de traverser les fameux boucliers déflecteurs dont sont équipés une bonne partie des ennemis on tombe rapidement dans l'ennui. Les combats rapprochés sont en fait assez ridicules dans le sens où l'ennemi vous regarde parfois de longues secondes durant dans les yeux en attendant que vous agissiez pour vous contrer et pénétrer votre bouclier. Problème : vous faites souvent de même pour éviter une parade ou une esquive de sa part, menant à des sessions assez lunaires où rien ne se passe alors que vous faites face à un ennemi.

Heureusement, ces combats assez mous et ridicules évoluent au fil de votre progression et les ennemis font de plus en plus preuve de stratégies plus nerveuses et "intelligentes" pour contourner votre passiveté. En parallèle, cette plus grande nervosité n'est pas toujours présente, mais en plus elle se traduit par des combats très brouillons, surtout quand vous faites face à plusieurs ennemis à la fois. A moins d'avoir un build excellent et de très, très bons réflexes sinon combattre plus de trois ennemis à la fois en mêlée se traduit souvent par un déluge de coups insoutenable dont vous ne pouvez pas sortir vivant, ou pas de façon très intuitive en tout cas !

Au-delà des dunes : le Désert profond et ses dangers

Parler de Dune : Awakening sans aborder son end-game serait une insulte à Funcom et à son jeu. Parce qu'il faut bien le dire : ce MMO de Survie n'est pensé que pour son endgame, tout ce que vous vivez avant d'atteindre le Désert profond n'est qu'un vaste tutoriel vous préparant aux vrais dangers de cette zone de plusieurs dizaines de kilomètres de long comme de large, 36 fois plus grande que la carte de l'autre MMO de cet éditeur, Conan : Exiles, déjà réputée pour être immense.

Pour résumer sans trop en dire, le Désert profond se caractérise par le fait que toutes les ressources, Épaves, "donjons" et même la structure de la zone sont repensés et générés procéduralement tous les mardis à 05h00 (heure de Paris). Vous ne pouvez pas vous y établir plus d'une semaine donc sans quoi votre base et tout son contenu sont rasés par la Tempête Coriolis (qui fait office de réinitialisation hebdomadaire). Vous avez cependant tout intérêt à vous y rendre puisque ce n'est que dans cette zone que vous pouvez trouver les plus puissants et rares composants requis à la création des meilleures versions de vos armes, armures et véhicules favoris.

Là-bas, les choses se corsent également du côté des Vers des sables et le véritable intérêt de cette créature aussi dangereuse que jusqu'alors assez facile à esquiver si l'on prend quelques précautions se dévoile enfin. Dans cette vaste zone majoritairement recouverte de sable à perte de vue ce sont de véritables danses qui ont lieu dans les champs d'Épice, la ressource la plus rare de l'Univers, et c'est aussi hypnotisant que fascinant à regarder : les joueurs "jouent" avec le Ver des sables, compactant l'Épice avant de retourner à leurs Ornithoptères pour s'envoler quand la bête arrive, attirée irrémédiablement par leurs activités dans le sable, avant de retourner au sol "miner" de l'Épice et ainsi de suite durant de longues minutes.

On ne vous cachera pas que les choses virent souvent à la catastrophe à un moment donné pour l'un des "danseurs" au minimum, mais l'expérience était vraiment passionnante, surtout couplée aux actions hostiles menées par le camp adverse qui tente évidemment d'assaillir la faction qui domine le lieu de farm. Parce que oui : la quasi-totalité du Désert profond est une zone PvP, tout le monde y est attaquable en permanence. Un système grisant qui oblige toutefois quiconque souhaiterait s'y atteler à rejoindre une guilde ou au moins jouer avec plusieurs amis sous peine de se retrouver sous le joug de trop nombreux ennemis... et donc tout perdre, ou presque, au moindre assaut !

Dans le Désert profond votre meilleur allié c'est le nombre, et cela risque de ne pas plaire aux adeptes de jeu en solitaire... Dune : Awakening prend ainsi un parti pris intéressant et louable à une ère où les MMOs tendent à isoler les joueuses et joueurs et les satisfaire de contenus souvent trop accessibles et faisables en solitaire : renouer avec le système de guildes, rendre le jeu à plusieurs obligatoire et redynamiser les interactions entre joueurs. Un pari osé auquel on ne peut que tirer notre chapeau !