Ce projet aura été long, très long, avant de débarquer sur nos écrans... D'abord développé par UltiZero en solo, un dev chinois ayant pour but de "créer la version de Final Fantasy 15 qui était promise à ses tout débuts", avant de se faire aider par PlayStation afin de faire évoluer son projet en tant que "China Hero Project", Lost Soul Aside est alors né il y a déjà plus de 10 ans et on suivait depuis toutes ces années son développement.
De trailer en trailer, le jeu se montrait au fil des ans, avant d'enfin révéler sa date de sortie officielle : le 29 août 2025. Mais cette sortie ne s'est pas déroulée sans encombres. Codes de review non envoyés aux différents testeurs (un mauvais signe généralement), des retours plus que mitigés selon les rumeurs qui circulaient en ligne, puis le couperet est tombé à la sortie : Lost Soul Aside pointe à 62/100 sur Metacritic, et les notes des joueurs ne sont pas bien meilleures.
Mais tout cela est-il justifié ? Lost Soul Aside est-il vraiment Lost Flop Aside ? On a notre avis sur la question, et potentiellement des explications sur pourquoi le China Hero Project n'est vraiment pas aussi mauvais que tout ne le laisse paraître.
- Genre : Action-RPG
- Date de sortie : 29 août 2025
- Plateformes : PS5, PC
- Développeur : UltiZero Games, PlayStation Studios
- Éditeur : PlayStation Studios
- Prix : 69.99 € l'édition Standard, 79.99 € l'édition Deluxe
- Testé sur : PS5
Un prologue qui refroidit fortement
La première heure de Lost Soul Aside est d'assez loin la pire du jeu, et évidemment quand votre première impression est mauvaise, généralement ce qui suit a du mal à convaincre, voire pire, vous vous arrêtez après ce carnage.
Visualisez FF7 Remake, en 2020. Vous incarnez Kaser et non pas Cloud, qui arrive dans sa ville natale aux airs de Midgar et qui retrouve sa petite sœur Louisa, qu'il n'a pas vue depuis longtemps. Ce n'est pas la Shinra ici qui sont les méchants, mais l'empire, qui maltraite les habitants, qui veulent organiser une rébellion afin de faire un coup d'état lors de la parade militaire (tiens tiens tiens).
Sauf que là, plot twist, une armée d'aliens, les "Kenostrix", débarque de nulle part et décide de "tuer" tout le monde, ou du moins manger leurs âmes (un point important), et malgré le chaos qui règne, Kaser n'arrivera pas à sauver Louisa, qui se fera manger son âme par l'un de ces aliens.
Rien ne va dans ce prologue. On a affaire à une version ultra cheap de FF7 Remake, des décors, à la bande-son, des premiers pas dans le combat en passant par un scénario niais au possible, les premières impressions de Lost Soul Aside laissent sans voix.
Le premier sentiment d'exploration se limite à aller tout droit et ramasser quelques monnaies flottantes à droite à gauche, les déplacements sont dignes de PS2, les premières sensations de combat sont tout sauf épiques avec des retours de coups inexistants, les premiers dialogues laissent une impression de niaiserie sans nom et surtout, la caméra rend complètement fou avec un sentiment de "stuttering", autrement dit la caméra se déplace par "à-coups" lorsque Kaser court normalement, et c'est déplaisant au possible.
On se dit que c'est pas possible, comment ce jeu a pu passer 10 ans en développement, est vendu à 70 € et c'est ça le produit que l'on obtient. Pourtant, à partir du moment où le prologue se termine et Louisa se fait "dévorer", le jeu va enfin devenir intéressant et bien meilleur que l'heure d'enfer que l'on vient de traverser. Merci Louisa.
Une montée en puissance ultra satisfaisante
À la fin du prologue, Kaser va faire connaissance avec Arena, un immense dragon et ancien "roi des Kenostrix" de ce qu'il nous laisse entendre, mais qui lui n'a pas pour but de nous anéantir, mais plutôt de nous aider à vaincre les siens qui ont décidé d'envahir notre monde.
Il va alors absorber ses pouvoirs et devenir notre fameux héros aux airs de Noctis de FF15 qu'on nous a vendu, avec l'avatar d'Arena qui flotte alors en permanence autour de nous. L'objectif est d'aller sauver notre sœur et récupérer son âme, on va alors quitter cette ville et se diriger vers la première zone "semi-ouverte" du jeu.
Et à partir de là, beaucoup de problèmes du prologue qui nous terrifiaient commencent à s'estomper.
Le combat gagne massivement en profondeur et on commence à avoir de vrais combats intéressants et dynamiques. Le gameplay du jeu est relativement simple à prendre en main, mais possède plein de complexités et de personnalisation qui vont le rendre vraiment addictif.
Kaser possède 2 types d'attaques : lourdes ou légères. Spammer les différentes touches permet de faire des combos différents, au sol ou dans les airs. Puis vous allez alors y ajouter une compétence d'Arena, votre dragon. Puis une sorte de "god-mode" utilisable quand votre jauge est chargée. On commence alors à avoir accès à des combos bien bourrins à la Devil May Cry qui commencent à donner du plaisir, sous une bande-son qui elle aussi a décidé de s'énerver un petit peu.
Et puis assez rapidement on va débloquer de nouvelles attaques, de nouveaux combos, et surtout une nouvelle arme, puis 2 et enfin 3, que vous pouvez interchanger en plein combat, et le plein potentiel du gameplay du jeu commence alors à faire sa magie. Vous avez également une esquive, une parade, qui lorsque utilisées sur les timings parfaits, permettent de nouveaux combos flashy et explosifs.
L'arbre de compétences se dévoile, les sorts d'Arena se multiplient, vous pouvez aussi personnaliser différentes armes avec différentes breloques afin de lui donner différents bonus offensifs ou défensifs, et que vous déposez physiquement sur votre arme, afin de la décorer. Un concept pas vraiment abouti mais l'idée est là, c'est sympa.
De fil en aiguille, le gameplay devient addictif, et certains combats de boss plutôt bien designés redorent le blason du jeu, jusqu'alors terni par un prologue abominable.
Les dialogues entre Kaser, Arena ainsi que les personnages que vous allez rencontrer deviennent également plus agréables à écouter. On n'est pas sur de la grande narration mais on commence enfin à s'attacher à ces personnages d'une manière ou d'une autre. Il y a une sorte de côté "plaisir coupable" qui s'installe en jouant au fil des chapitres. On sait que le jeu a ses lacunes, mais le jeu qu'on nous propose fait quand même étrangement effet !
Lost Soul Aside est en quelque sorte cet élève timide au fond de la classe qui se fait bully au collège qu'on a tous connu. Au début tout le monde le déteste et plus les semaines passent, plus il arrive à s'intégrer, avant de devenir la star de la classe dans certains cas. C'est exactement le sentiment que j'ai développé avec ce jeu.
Il n'est pas parfait, mais le gameplay devient vraiment bon et porte assez bien le jeu pour que l'on s'y attache. On ressent en réalité tout ce côté "amateur" lié au développement du jeu et de sa petite équipe (UltiZero étant pendant longtemps seul à fabriquer son jeu), ainsi que son faible budget estimé autour des 8 millions de $. On se rend compte que le jeu n'est pas "mauvais", mais plutôt "amateur", et ça crée presque un charme qui m'a au final bien eu je dois avouer.
Mais l'histoire principale linéaire et ses combats ne sont d'ailleurs pas le seul contenu que propose Lost Soul Aside. Vous trouverez sur votre chemins différents mini-jeux, comme récupérer des pièces rouges à la Super Mario ou réussir des séquences de platforming, mais aussi des portails qui vous amèneront sur des combats uniques avec des conditions à réaliser, comme gagner dans un temps imparti, qui vous permettront d'obtenir des récompenses uniques.
Le rythme du jeu est fortement comparable à un Stellar Blade par exemple, où vous avancez de manière assez linéaire avec quelques activités par-ci par-là, et enchaînez les boss dont certains sont vraiment réussis. De la même manière, vous débloquerez d'ici la fin du jeu un mode Boss Rush qui vous permettra de rejouer tous ceux-là d'une autre manière. Pareil pour les portails annexes qui sont rejouables à l'infini si vous avez manqué une des récompenses.
Des lacunes visibles, mais pas si dérangeantes
Évidemment, Lost Soul Aside reste loin d'être parfait et possède bien des lacunes, mais que l'on arrive à pardonner en connaissant l'histoire derrière la création du jeu, et tout simplement parce qu'elles n'entâchent pas tant que ça l'expérience de jeu vécue.
La caméra reste un problème à vitesse normale, mais devient correcte lorsque vous sprintez. Et comme vous passerez votre temps à sprinter à 300km/h, ce problème disparaît alors. Les personnages sont assez génériques tout comme l'intrigue du jeu, mais sont assez diversifiés visuellement, et certains se distinguent malgré tout.
La musique est plutôt bonne, mais se coupe de manière brutale entre 2 scènes assez régulièrement, ce qui provoque à nouveau cet effet "amateurisme" qui aurait pu être compensé.
Les dialogues sont légers et prévisibles au possible, l'acting de certains personnages est presque hilarant et certaines morts rendraient Marion Cotillard fière après sa performance dans Batman : The Dark Knight Rises...
Les menus ne sont pas parfaits non plus, et l'aspect de customisation des armes est honnêtement rincé, mais étrangement, ça fait presque partie de l'expérience à laquelle on a choisi de consacrer notre temps, et ce côté "plaisir coupable" ne cesse d'être présent tout au long du jeu.
Le très bon du jeu arrive à compenser le très mauvais, donnant un réel charme au jeu une fois les premières heures passées, et qui a réussi à me faire apprécier Lost Soul Aside pendant les ~20h que j'ai passé à terminer l'histoire principale sans forcément aller en ligne droite.
Le réel point noir du jeu en réalité, c'est probablement son prix, qui est difficilement justifiable. Lost Soul Aside est vraiment un jeu appréciable et attachant, mais pas quand on a donné 70 € de notre poche pour y avoir droit. À 30-40 €, le jeu serait à mon avis une bien meilleure expérience pour la plupart des joueurs, qui ont peut-être mis la barre beaucoup trop haute pour leurs attentes, et n'en ont pas eu pour leur argent, et c'est compréhensible.
Il reste un excellent jeu à apprécier avec modération lorsque son prix aura baissé, ce qui devrait rapidement arriver au vu des sèches critiques qu'il a malheureusement reçues, ainsi que ses faibles ventes quand on se fie aux charts comme SteamDB, dans lequel on s'aperçoit que le jeu plafonne en moyenne à 200 joueurs sur PC, avec un pic à seulement 3000... Les joueurs devraient être plus nombreux sur PlayStation, mais on est tristement loin d'avoir affaire au succès fracassant que l'on espérait... Mais il mérite mieux que ça !























