Le split parfait
Après le MSI, Fnatic enchaîne avec le Summer Split des LCS, et celui-ci va se révéler à sens unique. Largement au-dessus du reste de la compétition, l’équipe ne connaît la défaite, même en concédant un important retard en début de partie. Si ce split parfait est évidemment un record en LCS, il doit être relativisé. Hormis deux équipes, H2k et Origen, les adversaires des Fnatic n’ont que rarement opposé de résistance. De plus, malgré des matchs souvent survolés, l’exécution n’a pas toujours été parfaite de la part de Fnatic.
Néanmoins, certaines leçons peuvent être tirées de ce split. En premier lieu la capacité qu’a l’équipe à identifier rapidement les forces et faiblesses de sa composition. Alors qu’au printemps le draft de Fnatic pouvait se rapprocher parfois d’un point faible, il est aujourd’hui maîtrisé. En jeu, et même si par de rares moments elle tend à jouer sans se soucier des forces de sa composition, l’équipe sait toujours appuyer là où il faut quand cela s’avère nécessaire. Elle a également gardé sa propension à faire tomber le Baron en un clin d’oeil sans que l’équipe adverse ne s’en aperçoive, mais l’a également incrémentée d’une capacité impressionnante à capitaliser sur cet avantage. Dès lors qu’il est en sa possession, le buff Nashor lui permet d’enchaîner les prises d’objectifs sans se mettre en danger, là où de nombreuses équipes peinent à faire la différence avec celui-ci.
Il est difficile de juger la capacité de l’équipe à se relever en cas de coup dur. Les derniers matchs où elle a été mise à mal, contre Origen par exemple, ont été ensuite facilités par des erreurs adverses flagrantes. Nul doute qu’une équipe asiatique ne rendra pas la tâche aussi facile aux Fnatic. Mais s’ils parviennent à prendre un avantage en jeu, les joueurs ont démontré suffisamment d’aisance dans sa gestion et sa capitalisation pour qu’ils le reproduisent sur la scène internationale.
Certains schémas de jeu assez stéréotypés peuvent également être exploités par des équipes du top niveau mondial. Lorsque l’équipe se retrouve à la peine en phase de lane, ou lorsqu’Huni se retrouve focus par l’adversaire, Reignover tend à se focaliser sur la toplane jusqu’à ce que son compatriote puisse refaire surface, en négligeant les autres lanes. Son penchant pour forcer des fights parfois inutiles et donner plus d’avance à son toplaner peut également être aisément puni. Ces défauts, certes minimes à l’échelle d’une partie, sont ce qui séparent les grandes équipes, et Fnatic devra à tout prix les corriger pour espérer briller lors des Worlds Championships.
Rêver des Worlds
Imaginer Fnatic réaliser un top 4 lors des Worlds n’est pas surréaliste, mais ne pas voir l’équipe passer les poules ne semble pas non plus un scénario improbable. Pour peu qu’elle sécurise la première place européenne lors de la finale des play-offs, l’équipe pourrait tout de même tomber dans une poule avec des adversaires tels qu’EDG et KT Rolster. L’idée d’une « poule de la mort » n’est pas à exclure, et certains passages à vide peuvent rapidement se payer cher lors des matchs en best-of 1. Il faudra également se montrer constant pour espérer battre une équipe asiatique lors d’un best-of 5.
Si la marche semble encore trop haute pour espérer voir briller Fnatic lors des finales mondiales, il ne faut pas sous-estimer la capacité de l’équipe à se surpasser face à l’adversité. Plaisante à voir évoluer et avec une domination rarement égalée au niveau occidental, l’équipe a également pu engranger un maximum de confiance et travailler avec sérénité.
Les deux prochains mois diront si le travail a été suffisant pour prétendre à viser la lune. Mais, depuis la Saison 2, aucune équipe occidentale n’a été aussi proche que Fnatic de la décrocher.
Crédits photos : Flickr lolesports & IGN