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Personne n'en parle, mais Baldur's Gate 3 a brisé un des tabous du jeu vidéo qu'on ne retrouve que très rarement dans les jeux.

Personne n'en parle, mais Baldur's Gate 3 a brisé un des tabous du jeu vidéo qu'on ne retrouve que très rarement dans les jeux.

Même si les jeux vidéos permettent d'incarner des personnages bien différents de ce que nous sommes en réalité, certaines limites ne sont généralement pas franchies. Baldur's Gate 3 repousse l'une d'entre-elles, et on ne parle pas de celle qui inclut un ours.

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Les jeux vidéos permettent d'incarner différents protagonistes, aux origines et ambitions extrêmement variées. La liberté laissée aux joueurs dans la plupart des jeux mainstream (on ne va pas plonger du côté obscur de la toile parmi les jeux "marginaux" aux idées douteuses) est certes grande, mais généralement certaines limites ne sont pas franchies. Les joueurs ne peuvent pas faire tout ce qu'ils veulent, et ce n'est pas toujours parce qu'un jeu a des limitations techniques, mais aussi parce que la morale réprouve certains choix. Baldur's Gate 3 s'est affranchie de cette dernière dans un point particulier du jeu.

Vous êtes sûr que c'est la voie du Bien ?

L'une des toutes premières quêtes de BG 3 consiste à infiltrer le camp des gobelins pour y libérer l'archidruide Halsin. Ce dernier est retenu prisonnier dans l'une des prisons de la forteresse, mais a réussi à tromper les gobelins en se transformant en ours. Bien que capturé, il n'est considéré que comme un simple animal, et non pas comme le puissant druide qu'il est. Lorsque le joueur arrive, des enfants gobelins sont en train de lui jeter des pierres, et les tuer ainsi que les gardes est le moyen le plus simple de le libérer.

Cependant l'une des règles de la plupart des triple A consiste à ne pas pouvoir s'attaquer physiquement, magiquement ou de toute autre manière aux enfants. Dans l'immense majorité des jeux mainstream, il est impossible de blesser directement les enfants, même si vous pouvez massacrer le reste de la population (après on peut se demander si il vaut mieux tuer un enfant ou le laisser seul dans un endroit dévasté après avoir tué le reste des PNJ). Avoir cette possibilité dans un jeu est inhabituel, mais que ce soit encouragé comme étant la solution de base pour résoudre une quête est encore plus rare. Il faut d'ailleurs noter que ces enfants ont probablement été détestés par les devs, car ils meurent généralement même dans la voie maléfique, où Halsin n'hésite pas à les massacrer lorsqu'il essaie de se libérer, allant même parfois jusqu'à les focus en priorité.

Du traitement des gobelins dans BG 3

Rassurez-vous, il n'est pas question ici de fonder le R.A.G.E (Rassemblement d'Aide aux Gobelins Exploités, y'a une ref), mais de s'interroger davantage aux systèmes moraux dans BG 3 et plus généralement Donjons et Dragons. Bien que ce ne soit pas utilisé dans BG3, la plupart des personnages de cet univers ont un alignement afin de définir comment ils agissent en général. Ont-ils tendance à suivre des règles (que ce soit des lois ou un code moral personnel) ou agissent plutôt en fonction de leurs envies / de la situation ? Privilégieront-ils le bien commun avant leurs propres intérêts ? Répondre à ces questions permet de leur donner l'un des neuf alignements de base. Dans D&D, la plupart des races ont un alignement de base, que sont censés avoir la majorité de leurs représentants. Pour les gobs, il s'agit de Neutre Mauvais, un alignement représentant le parfait opportuniste, d'une personne prête à tout tant qu'elle en tire un bénéfice.

Il semble donc difficile de savoir si le joueur commet un acte "bon" en tuant ces enfants ou si c'est au contraire un acte maléfique. Le jeu ignore totalement ce fait, et même les paladins ne seront pas pénalisés pour avoir affronté des ennemis disons euh.. supérieurs en nombre et en méchanceté ? Il est possible d'argumenter que ces enfants gobelins, élevés dans un clan ayant juré fidélité à l'Absolue, seraient tôt ou tard devenus une menace pour l'axe du Bien.

Seulement, les choses ne sont pas aussi simples. Contrairement à Pathfinder (un autre JDR papier s'inspirant de l'univers D&D), voir des individus s'éloignant de l'alignement de base de leur race n'est pas si rare que ça. L'un des personnages emblématiques de la licence (en plus d'Elminster) est Drizz Do'Urden, un drow complètement à l'opposé des valeurs traditionnelles de cette race. Il n'est donc pas possible de totalement légitimer cet acte en se basant sur la race des enfants. Que cet acte n'ait aucune conséquence dans le jeu, et qu'il soit même considéré comme une "bonne" action est assez perturbant.

Il est tout à fait d'argumenter qu'à ce moment là, les joueurs n'ont pas envie de s'encombrer de problèmes moraux concernant des pixels pour continuer leur épopée. Si cet acte entraînait certaines conséquences, cela pourrait avoir déplu à de nombreux joueurs, qui voulaient juste avancer dans leur quête, sans devoir chercher un moyen encore plus compliqué de libérer Halsin. Cependant, on peut alors se demander : pourquoi ne pas juste retirer les enfants ? Ils n'apportent rien au scénario, n'ont pas de nom, et sont désignés par des numéros. Il est dommage que BG3 brise une des règles des triple A, mais que cela n'ait pas de réelle conséquence. Sans forcément imposer des malus aux joueurs bons ayant commis cet acte, un petit haut-fait ou une petite babiole à équiper pour les joueurs cherchant à être bons envers toutes les créatures de Faerun pourrait être appréciable. 

4 commentaires
PH V
Waulk  - Rédac freelance, responsable jeux de combat

LP,LP,F,LK,HP

Si il y a un problème, Mortobato.

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