Iron Man 3 : Tony Stark tombe l'armure
Un film de Shane Black
Avec Robert Downey Jr., Gwyneth Paltrow, Don Cheadle
C'est en 2008 que Marvel décide de porter à l'écran le personnage d'Iron Man, carapace du multimilliardaire Tony Stark. Le studio trouve son héros en la personne de Robert Downey Junior. Jouant désormais dans un registre propre à lui même de pince sans rire, il est difficile d'imaginer autre acteur que lui pour revêtir l'armure or et rouge. Le deuxième opus sort en 2010, avec pour grand méchant Ivan Vandko campé par le néo oscarisé Mickey Rourke et sa gueule unique et ravagé. Petite déception cependant, ce second essai ne parvient pas à transcender la série et affiche de nombreuses lacunes pour n'être finalement que le maillon faible de cette trilogie. Car n'ayons pas peur de le dire, ce troisième opus est sans doute le plus réussi et assurément le plus original de la série. Un cocktail savamment orchestré d'humour, d'action, de questionnement sur la condition de super héros et d'inventivité incessante.
Jon Favreau laisse ici la réalisation à Shane Black, avec à son actif Kiss Kiss Bang Bang, déjà en présence de Robert Downey Jr. Il fallait du sang neuf, et les studios n'ont pas hésité à confier le projet à un scénariste confirmé. Le film a coûté la bagatelle de 220 millions de dollars, dont 50 uniquement pour l'acteur principal. Sur les 20 films les plus coûteux du cinéma américain, presque la moitié du classement est occupé par les super héros de Marvel ou DC comics, qui sont aussi ceux qui ont rapporté le plus au box-office mondial. Dernier carton en date, The Avengers est le troisième film ayant réalisé le plus de recettes dans le monde.
C'est d'ailleurs après les événements qui ont réuni la crème des super héros que se déroule ce troisième volet. « Rien n'est plus pareil depuis New York ».Tony Stark est insomniaque et occupe ses nuits à bricoler de nouvelles inventions dans son atelier. Cependant, plusieurs menaces auront vite fait de le ramener aux affaires. C'est sur plusieurs fronts que va devoir ici se battre Iron Man. Le Mandarin se fait de plus en plus dangereux, mais comme le dit notre protagoniste en voix off dès le début du film : « On crée parfois ses propres démons ». Au Nouvel An 1999, le playboy va se comporter de façon déplaisante envers quelques personnes lui portant de l’intérêt, ce qui l’entraînera dans de nouvelles péripéties quelques années plus tard.
Illustration parfaite de ce troisième opus, l'armure occupe désormais l'arrière-plan
Centre d'attention du renouveau d'Iron Man, Robert Downey Jr a su animer à la perfection le personnage de Tony Stark, toujours bien aidé par une écriture particulièrement soignée et maligne. Il ne manquera donc pas de plaisanter même dans les moments les plus chauds. Un acteur charismatique, un personnage bavard, taquin, mais peut-être un peu moins insouciant que dans ses précédentes sorties. Le contraste est en somme saisissant entre l'homme haut en couleur et l'armure classe mais inexpressive. L’œuvre amorce une réorientation du personnage vers plus de questionnement sur son rôle. N'ayez crainte cependant, le film évite de tomber dans un traitement psychologique lourdingue qui aurait vite fait de plomber l'ambiance.
Semi-adaptation du comics Extremis, Iron Man 3 s'offre néanmoins de nombreuses libertés et se distingue de ces prédécesseurs sur différents points. Des nouveautés qui apportent de la fraîcheur et de l'inventivité à l'univers Marvel au cinéma. Il apparaît rapidement que le super héros ici, c'est Tony Stark. Sa carapace devient un jouet, une projection même, car il pourra désormais 'piloter' sa doublure d'acier à distance, ce qui enlèvera malheureusement un peu de saveur à certaines scènes en apprenant que l'armure est vide. Iron Man perds en chair ce qu'il gagne en ingéniosité. Ces quelques moments seront par ailleurs anecdotiques. La plupart du temps, Stark a la possibilité de revêtir sa protection automatiquement grâce à sa commande à distance. Cela laisse place à de nombreuses scènes ou le héros est à moitié équipé, n'ayant qu'un gant, une jambière ou une botte, traduisant le délaissement du costume. Une mise à nu d'autant plus appuyée que notre protagoniste est en pleine tourmente sur son rôle de sauveur, tiraillé entre ses propres démons, son incapacité à répondre totalement à l'amour que lui porte Pepper Potts, et les adversaires auxquels il doit faire face.
Action intelligente, effets spéciaux boostés, les dialogues fusent et conservent le ton qui a fait le succès de l'homme de fer au cinéma. Shane Black réussit à amener des nouvelles idées et un éclairage différent tout en offrant ce que l'on attend de la franchise.
Petit coup de mou aux deux tiers du film, quand notre héros atterrit dans le Tenesse, ce qui permet néanmoins d'asseoir le rythme, de développer une histoire secondaire avec un garçon perdu dans la jungle collégiale. Le réalisateur en profite pour traiter du rapport entre le regard admiratif des plus jeunes envers leurs justiciers modèles. Les petits retournements de situations sont bien amenés et offrent une continuité cohérente pour un film de ce type.
Guy Pearce très bon dans un rôle cependant sans grande originalité, Gwyneth Paltrow a enfin quelque chose de plus consistant à se mettre sous la dent et nous sommes impatients de découvrir la place qu'elle occupera dans un prochain épisode. L'ami Don Cheadle est également de retour après avoir remplacé Terrence Howard dans Iron Man 2. Il peut être content, cela lui offre l'opportunité de revêtir une armure toute neuve en devenant Iron Patriot, sorte de Warmachine aux couleurs des États-Unis, à défaut d'un rôle plus épais, éclipsé par l'omniprésence de son partenaire de combat.
Les fans de la première heure seront surpris du rôle réservé au Mandarin, cependant le twist opéré par le réalisateur s'intègre très bien à la ligne de conduite de l’œuvre, et nous nous garderons bien de vous dévoiler quoi que ce soit. Il est toujours intéressant d'avoir une réinterprétation du matériau de base lors du passage au grand écran, afin d'éviter un copier / coller pour ravir les fans, car quoiqu'on en dise, une adaptation est faite pour proposer une autre vision des personnages et de l'histoire. L'esprit reste néanmoins fidèle au ton qui a été choisi pour cette série, et malgré la gueulante poussé par certains, il y a du culot, et on aime ça.
La dernière demi-heure offre une farandole de friandise avec l'arrivée de l'Iron Legion et la confrontation finale. C'est rythmé, épique, drôle, avec des effets spéciaux parfaitement calibrés et quelques petites surprises de dernières minutes qui auront vite fait de terminer ce troisième opus en fanfare.
Passé quelques petits coups de mou, Iron Man 3 est un divertissement haut de gamme, porté par un casting consistant. L'écriture est soignée, les personnages solides, et le scénario offre deux heures d'action et d'humour malicieux. Un bon produit bien calibré me direz-vous – et vous n'aurez pas tort – qui offre tout de même des idées originales et un film de super héros assez inédit sur certains points.
Comme pour toutes les adaptations Marvel au grand écran, ne quittez pas la salle avant la fin du générique, qui vous offrira comme d'habitude une petite scène bonus qui viendra expliquer un petit détail du film.
Clément Panadero