L'eSport prend de plus en plus d'importance chez Wargaming, les developpeurs de World of Tank, World of Warplane et World of Warship. Preuve en est, Simon Bennet, manager eSport Europe, nous explique leur vision et leurs plans sur le jeu à 70 millions de comptes :
[M] Spit : Simon, tu es là pour World of Tanks bien sûr, d'abord peux-tu nous expliquer quel est ton travail chez Wargaming ?
Simon Bennet : Je suis le manager eSport Europe. Je travaille pour le développement des perspectives globales de l'eSport dans toute l'Europe.
Spit : Depuis quelques temps maintenant nous avons 3 grosses scènes, Amérique du Nord, Europe et la Corée. Il y a 3 grosses ligues. Quelle est ton analyse pour ces 3 scènes ? Es-tu content du développement de ces scènes ?
Simon Bennet : En fait je dirais plutôt que nous avons 6 scènes : Chine, Russie/CEI, Asie du Sud-Est, Corée, Amérique du Nord, Europe. En fait comme nous sommes une entreprise Russe, nous considérons la Russie/CEI comme une scène à part entière.
La scène Russe c'est de la folie, ça a été de la folie sur les deux dernières années. Il y a des centaines de milliers de joueurs, il y a un nombre impressionnant de personnes aux évènements... La scène américaine est plus lente. Ils ont un système très fragmenté parce qu'ils ont des gens sur 7 fuseaux horaires sur un seul pays ce qui fait qu'il est très dur d'organiser des évents dans ces conditions, alors qu'en Russie par exemple, les joueurs sont très centralisés dans quelques villes. En Corée, cela a été très lent à démarrer nous ne sommes allés en Corée que récemment, mais c'est incroyable. Nous avons eu environ 600 équipes, ils adorent le jeu. En Chine ils adorent le jeu. Nous avons peu de visibilité sur leur ligue car c'est assez dur de globaliser ce qu'ils font. En Europe on est un peu entre tout cela. Notre jeu est très populaire en Europe de l'est. Et deviens de plus en plus populaire en Europe de l'ouest. Nous avons un nombre gigantesques de joueurs car en Europe l'eSport est bien établi. Il y a là les meilleures équipes de toute l'Europe. De manière générale les scènes sont toutes très fortes et se développent incroyablement vite.
Spit : Ma prochaine concerne le nombre de joueurs par équipe qui est un sujet de polémique, car avec 7 joueurs par équipes il est difficile de payer tous les frais pour les structures dans l'eSport. Êtes-vous en train de réfléchir pour changer ça dans le futur ?
A la base nous avions prévu de faire du 15 v 15, mais au final ce n'est vraiment pas pratique. Et pour l'instant le 7v7 est le mode le plus pratique pour garder le même type de jeu. D'un point de vue logistique ce n'est pas aussi mal qu'on peut le croire car nous soutenons financièrement les équipes pour les transports et les frais. Nous savions que ce serait compliqué pour les équipes, surtout les pros, parce que 7 joueurs ça fait 10 personnes à transporter en comptant les manager et le staff et ça revient très très cher. Donc nous finançons toujours le transport des joueurs pour nos évents.
Nous avons conçu des ligues cools vous pourrez les voir samedi et dimanche à la gamescom. C'est la première fois que nous faisons une scène en face à face avec 4 joueurs d'un devant et 3 derrière. C'est sûr que c'est un challenge pour nous, mais nous surmontons la plupart des difficultés. J'aimerais bien voir des équipes plus petites car nous savons que pour l'eSport des équipes de 5 et moins c'est le mieux, mais 7 c'est moins dur que ce que nous pensions.Spit : Travaillez-vous pour avoir des grosses écuries comme Evil Geniuses, Millenium ou SK Gaming qui s'investissent dans WoT ?
En Europe nous avons déjà 9 structures pro : dignitas, nous avions MYM, mousesport, Na'Vi, Virtus Pro et d'autres équipes sont en train de monter les projets et pour les grosses équipes, les grosses multigaming comme Millenium ou EG c'est juste une question de temps. Et nous comprenons que nous devons créer un environnement pour eux, parce qu'ils ne s'intéressent pas tellement au cashprizes, ils veulent une bonne fanbase, un bon audimat. Et c'est ce genre de choses que nous devons créer pour eux. Nous n'y sommes pas encore, mais nous nous en rapprochons. Et comme nous pouvons le voir en Europe il y a un grand nombre d'équipes qui investissent dans le jeu. C'est très intéressant parce que nous sommes une scène en devenir et des petites équipes qui ont du mal à percer sur SC2 ou LoL parce qu'il y a déjà tellement de grosses équipes établies sont en train d'investir dans le jeu par exemple la team Western Digital sont très nouveau dans l'eSport, mais ils ont une team WoT et nous avons des équipes de pays qui ne sont pas habituels dans l'eSport comme la Croatie, la Serbie ce qui leurs permet de se faire repérer par des équipes d'autres régions. Nous avons un bon environnement qui se développe. Mais nous quand même nous voulons le développer encore.
Spit : Une dernière question, WoT est un jeu très populaire à l'échelle mondiale nous avons vu des problèmes par rapport au streaming des finales Russes parce qu'il y avait seulement 4 ou 5 000 personnes, comment peux-tu expliquer ça ?
Notre base de joueurs est plus vieille que la base de joueurs habituelle. Nous avons commencé à nous faire voir auprès d'un public plus jeune qui est plus habitué à regarder les streams, mais de façon générale notre base de joueurs n'est pas habituée à regarder des streams, ils ne savent pas qu'ils peuvent regarder des streams. Notre travail est d'éduquer les gens par rapport au fait que l'on peut regarder des streams. Et c'est bien parce que nous travaillons avec Twitch et Youtube et nous leurs permettons d'atteindre une catégorie qu'ils n'arrivent pas à atteindre habituellement. C'est donc bon pour eux et pour nous. En Europe pour notre finale nous attendons entre 20 et 30 000 viewers. Notre challenge est de réussir à toucher des gens qui parlent 20 langues différentes. Nous avons travaillé là-dessus en proposant un stream sans commentaire audio et des commentaires pour les communautés dans différentes langues. Et nous aurons du coup une finale qui devrait être retransmise dans une dizaine de langue ce qui est réellement génial pour nous, mais il est également très dur de s'adapter au nombre. Ainsi nous pouvons avoir 9000 en anglais, mais aussi 9000 en russes ou quelques milliers en polonais ou en allemand, donc c'est plus fragmenté. Mais globalement le nombre de viewers grandit, mais ca prend du temps.
Spit : Merci beaucoup Simon, j'espère que tu apprécies la gamescom et les tournois et je te laisse le mot de la fin pour les francais.
Nous savons qu'il y a des équipes françaises qui sont proches de devenir professionnelles, nous aimerions qu'elles nous contactent et contactent la communauté française nous aimerions voir des équipes comme Millenium ou aAa et plus de joueurs français à nos events.
Une chose que j'aimerais dire c'est à propos de World of Warplanes, il y a quelques équipes françaises qui sont dans le top 10 européen. J'espère vraiment que WoWarplanes va percer sur le marché français plus vite et j'ai vraiment hâte de voir les équipes françaises à Paris.
