Et si l'état changeait de point de vue concernant le jeu vidéo ? Et si la volonté de l'état à vouloir produire et exporter du "made in France" concernait enfin notre univers geek ? Longtemps critiqué, le vent est peut-être en train de tourner pour notre loisir favori. Celui-ci vient d'être mis en avant dans un rapport de deux sénateurs. Les élus, dans un rapport de 97 pages, livrent un futur peuplé de jeu vidéos indépendants qui seront financés et commercialisés plus facilement, entre autres par un "Steam à la française". Explications.
Tout d'abord commençons par ce qui a le plus marqué dans ce rapport : ce fameux "Steam à la française". Suite au développement de plus en plus de plateformes de distribution de jeux dématérialisés menées tambour battant par un Steam plus en forme que jamais, il est mis en avant la création d'un concurrent direct à la plateforme américaine : une solution française. Celle-ci proposera des blockbusters et des jeux indés notamment français. À ce sujet, il est normal d'être sceptique car bien que l'initiative de créer une plateforme dédiée à la "french touch" est louable, elle débarque dans un paysage où Steam est en place depuis 10 ans et démocratise de plus en plus le jeu indépendant. C'est donc dans un pari à double tranchant que l'état se projette.
« Afin de rendre l'offre de produits français plus visible, il pourrait être opportun de mettre en place une plateforme nationale, appuyée par les pouvoirs publics et ouverte à tous les jeux produits sur le territoire pour tous les types de publics. Cette plateforme, véritable outil de soutien au développement de la production française, aurait pour objectif à la fois de faire connaître et de distribuer les jeux, mais surtout d'assurer aux consommateurs la qualité de la production proposée grâce à une sélection exigeante et originale. »
La plateforme aurait l'avantage de pratiquer une taxation 3 fois moins importante que son concurrent dans le but d'en faire purement et simplement une plateforme de distribution de jeux. De plus une révision du crédit d'impôts est demandée par les deux parlementaires. En effet même si l'état aide déjà les dévelopeurs, il fallait arriver avec un bon pactole (150 000€) et un jeu solide sur le point scénaristique pour pouvoir débloquer l'aide. Autant dire que pour un développeur indépendant il est quasiment illusoire de rassembler une telle somme et de se contraindre à créer un scénario potable alors que bon nombre de jeux indés n'en possèdent pas. Faciliter l'accès à l'aide signifiera également limiter la solution du crowdfunding, qui actuellement souffre d'un vide juridique. L'aide, si révision il y a, serait augmentée par tranche de 5% selon des critères bien précis notamment si le développeur ajoute un support linguistique varié montrant le soucis de qualité de notre beau pays.
Enfin une taxe est envisagée mais cette fois pas pour faire payer le joueur, mais prélever quelques centimes sur chaque jeu en boîte pour financer la production française à la manière d'un autre divertissement culturel, le cinéma.
« Il est à souhaiter que le présent rapport puisse inspirer leurs travaux, notamment s'agissant des propositions d'ordre budgétaire qui pourraient utilement être abordées à l'occasion de la discussion du prochain projet de loi de finances. Il en va de l'avenir des studios de jeux français et de la place de notre pays dans une industrie où notre savoir-faire, reconnu, ne produit pas, à ce jour, les résultats économiques à la hauteur de sa qualité. »
Néanmoins ne nous emballons pas trop car rien n'est acquis pour que ce rapport puisse réellement avoir un impact sur l'univers vidéoludique au regard du résumé de l'examen en commission, dans lequel beaucoup de questions restent en suspens. Si vous voulez tous les détails sur ce rapport, cliquez ici.