Cauchemar - L'éveil des guerriers

C’était un après-midi comme tous les autres dans les marais de Kalsdown*. Il pleuvait abondamment, comme toujours dans cette zone, l’eau ruisselant entre les feuillages. Nous revenions de mission des marais hurlants, et un groupe de hauts dirigeants noxiens faisant affaire à Freljord* nous avait signalé retournant à Noxus. Sur place nous n’avions trouvé que deux ou trois dignitaires, avec une compagnie de soldats relativement réduite. Nous avons capturé les dignitaires et éliminé les soldats. Mais le tout s’est compliqué une fois les marais de Kalsdown atteints.

Nous devions faire un détour d’une petite dizaine de kilomètres, la pluie ayant embourbé plusieurs hectares de marais. C’est à ce moment-là qu’une troupe de soldats revêtant les cuirasses noxiennes nous est tombée dessus. Nous avions réussi à les contenir un peu, au prix de nombreux valeureux soldats. Mais brutalement, de nombreux hommes se sont effondrés, aussi bien demaciens que noxiens, une machette ou un couteau logé dans leur crâne. Puis, une voix rauque s’éleva de la brume :

« En voici un beau cadeau que nous apporte Demacia, son prince héritier en personne »

L’ombre sortit du brouillard et se dévoila : Urgot, le bourreau noxien. Nous avions eu une vague description de lui de la part de nos espions. Un homme, balafré de partout de par ses nombreux combats sur les champs de bataille. Maniant comme personne les machettes, c’était un homme fait pour tuer. J’ai compris que c’était la fin lorsque derrière lui se tenaient des hommes de guerre. Impossible pour nous de combattre, ils nous surpassaient à trois contre un.

Artwork de League of Legends par 3abden

Je vis mes hommes se faire égorger un par un, une vision horrible. Urgot semblait y prendre du plaisir. Puis ce fut mon tour. J’ai fermé les yeux, attendu longuement que sa lame découpe ma gorge. Mais il n’en fit rien. Ses hommes m’attachèrent et me firent marcher, attaché au cheval d’Urgot. Nous marchions des heures, des journées. Je ne sais plus. Je perdais de plus en plus la notion de temps. Ils avaient pour but de me ramener à Noxus, pour faire de moi une mort exemplaire peut-être, ou alors demander une rançon. Comment m’ont-ils capturé, comment ont-ils su que nous nous aventurions loin hors de nos murs ?

Mon corps ensanglanté se trainait sur le sol, frappé par les soldats noxiens quand je ralentissais, mes pieds brisés par les lourds sabots de leurs chevaux de guerre. Le cauchemar ne prenait jamais fin, même lorsqu'ils décidaient de s’arrêter. Urgot m’attachait à une table et incisait mon corps, étudiant mes os, grattant mes muscles et m’arrachant mon sang, goutte par goutte.

Un jour, lors de la pause quotidienne pour reposer un peu les chevaux, j’ai pu surprendre une discussion entre Urgot et un autre homme, sans doute un homme de main du bourreau. Et c’est alors que je découvris qu’ils avaient faussé des négociations avec les contrées du Nord afin de nous faire sortir de Demacia et de nous capturer. C’était ainsi que s’achevait mon rôle dans cette bataille, cet éternel conflit entre nos deux cités ? Quelle fin pitoyable pour l’héritier du trône de Demacia.

Soudain, j’aperçus une lumière dans la forêt. Et en un instant des soldats de Demacia sortirent des buissons, menés par Garen. Il avait sans doute dépêché des soldats rapides afin de me rattraper et me récupérer. Garen maniait magistralement son épée. A lui tout seul, il terrassa une vingtaine de soldats noxiens, tournant sur lui-même telle une tornade, il renvoyait les attaques de ses adversaires contre eux. Même les couteaux d’Urgot lui retournaient dessus. Garen trancha le bourreau en deux au niveau des hanches, puis l’acheva d’un mouvement de haut en bas, donnant le coup de grâce à son ennemi et le réduisant ainsi au silence. Garen me ramena alors à Demacia, mais ces cicatrices restent encore vives.