Il faut bien plus qu'un virus pour entraver le chemin du studio à l'origine de League of Legends, et ce qui est vrai pour l'esport l'est aussi pour le reste. Car, dans le cadre d'un confinement qui touche encore de nombreux pays aux quatre coins du monde, nous avons eu le plaisir d'être invités à une conférence de presse en ligne, rassemblant les têtes pensantes à l'origine du LEC, et les représentants des dix équipes franchisées.
LEC:1 — COVID-19: 0
Si Riot Games a su démontrer quelque chose au cours de cette pandémie, c'est la capacité incroyable de ses équipes à s'adapter même à l'impossible. Que ce soit avec les LCS ou le LEC, le studio a, en seulement quelques jours, déployé un dispositif exceptionnel. Pour Alberto "Tiroless" Guerrero, Directeur Esports EMEA [Ndlr: le directeur global de l'esport chez Riot Games.], la réussite de ce projet pharaonique est une fierté, qu'il impute avant tout à ses équipes.
"Je voudrais mettre en avant et remercier les Rioters qui ont travaillé sur le Spring Split. Je suis si fier et impressionné de voir comment l'équipe a su transitionner de l'émission en studio au télétravail en à peine une semaine."
Guerrero raconte comment Riot a dû anticiper l'arrivée même du virus, se demandant s'ils devaient annuler Budapest ou le MSI, avant de prendre à contre-coeur les décisions que nous connaissons. "Ça a été une courbe d'apprentissage. Après avoir décidé de travailler à la maison, c'était vraiment une question qui reposait sur les compétences techniques de l'équipe. On leur a dit : 'Ok, on doit faire ça, essayez de proposer quelque chose'. Et ils l'ont fait, en quatre jours."
“Ça a été un énorme travail d'équipe. Une grande partie de cette technologie n'était pas configurée pour être accessible à distance à l'époque." confirme Jeffrey "Astrosyt" Latham, PR Strategist. "Nos ingénieurs ont dû trouver une toute nouvelle façon de produire le spectacle, depuis chez nous, depuis un tas d'appartements différents dans les environs de Berlin."
De même, l'équipe talentueuse en charge de la production de contenu a rivalisé de créativité et d'ingéniosité pour produire une campagne de vidéos loufoques dans des conditions exceptionnelles. Pour Monica "Smart Patrol" Dinsmore, la réussite du LEC ne saurait être entendue comme un acte isolé, déconnecté des autres ligues régionales. Au contraire, elle est le résultat d'une collaboration à plusieurs niveaux entre toutes les équipes en charge de ces différentes compétitions autour du monde.
"Il s'agit plutôt d'un "nous" collectif." explique la Head of Publishing du LEC. "Il s'agit d'aider chaque ligue à trouver le meilleur moyen d'atteindre son public, et c'est ce que nous faisons collectivement chez Riot."
Le mot d'ordre, c'était la collaboration — tout particulièrement entre les différentes organisations du LEC et les équipes de Riot.
"Nous sommes très impliqués sur d'autres titres, et nous avons une bonne vision de la façon dont les éditeurs et les organisateurs de la ligue ont géré toute la situation du COVID," commente Carlos "Ocelote" Rodríguez Santiago. "En fait, nous pensons que Riot a fait un bon travail."
"Ça montre simplement à quel point l'environnement entre les équipes peut être collaboratif quand il le faut." ajoute le CEO de Excel Esports, Kieran Holmes Darby. "Oui, on se haïra quand il faudra, mais on est aussi capables de se rassembler si la situation l'exige."
Et Darius Matuschak, Content Manager chez Schalke 04, de conclure qu'il s'agit d'un "témoignage fort que, si le monde devait s'arrêter soudainement, l'esport continuerait sans doute d'avancer."
Rien n'arrête Riot, pas même une pandémie
Malgré ces temps difficiles, le Spring Split 2020 du LEC a encore battu des records en termes de spectateurs. Durant la Semaine 3, le match opposant Fnatic à G2 Esports a, à lui seul, réuni 476 599 spectateurs simultanés…
Loin de se laisser abattre par le COVID, le LEC a poursuivi son expansion, promulguant KitKat au rang de partenaire principal, et ajoutant à ses rangs une légion de sponsors comme Logitech, Beko, Red Bull, Warner Music, ou Pringles. De même, la ligue a annoncé trois nouveaux partenariats pour assurer la diffusion du LEC en Chine (Huya.com), en Hongrie (Esport1.hu) et au Portugal (Inygon).
Mais le LEC est allé encore plus loin pour ce Summer Split. En s'inspirant du monde du sport traditionnel, la ligue a donné naissance au LEC Super Fantasy, un jeu de management de roster créé en partenariat avec LVP, l'équipe ayant donné naissance à la Superliga Orange Fantasy. Le moins qu'on puisse dire, c'est que ce nouveau jeu par navigateur connaît déjà un franc succès, puisque 13 000 personnes se sont inscrites et 10 500 rosters ont été créés — et cela en moins de dix heures.
Riot Games a dévoilé la bêta du Super Fantasy LEC 2020. Et la surprise est de taille : il vous faudra rassembler votre équipe de rêve et acquérir des points en fonction des performances de vos champions !
Pourtant, s'il nous est désormais possible de jouer en parallèle de la compétition, il faudra attendre un certain temps avant de pouvoir réinvestir le studio berlinois du LEC. Et malheureusement, Riot Games a encore les mains liées et ne peut même pas promettre une date exacte à laquelle le public sera autorisé à retourner haranguer les équipes.
"A un moment donné, nous pourrons peut-être faire revenir les joueurs en premier. Ensuite, les médias, et après l'audience.", explique Alberto Guerrero. "Mais avec les informations que nous avons des autorités, nous ne pouvons pas encore nous engager sur une date précise."
Un Summer Split atypique
Comme la fin du Spring Split, le Summer Split sera encore joué en ligne. Et la perspective de devoir jouer à distance et non sur la scène ne réjouit pas toutes les équipes. Pour Rogue, le risque de reproduire les résultats en demi-teinte du Spring Split est bien présent...
"Notre performance a pris un coup lorsque nous avons arrêté de jouer depuis notre bureau." explique la Managing Director de Rogue, Anna Baumann. "C'est quelque chose qui nous a pris par surprise, mais ce que nous avons appris de nos joueurs, c'est qu'ils sont tout simplement plus performants lorsqu'ils sont sur scène. Nous avons travaillé très dur pendant la pause pour adapter les joueurs à ce nouveau scénario, et nous sommes désormais prêts à jouer depuis chez nous aussi longtemps que ce sera nécessaire."
Pour autant, et malgré les mesures exceptionnelles prises pour assurer la continuité de la compétition, l'ambition des équipes du LEC ne s'en trouve pas amoindrie. Bien au contraire, le fait que quatre équipes, au lieu de trois, puissent désormais accéder aux Worlds est un gage certain de motivation.
Et c'est la même sauce pour Fnatic. Comme au Spring Split, les noirs et oranges s'inclinent durement 0 à 3 face aux G2 Esports. Les samouraïs glanent leur 8ème titre et deviennent au passage l'équipe la plus titrée d'Europe !
"L'annonce de l'obtention d'une nouvelle place pour le LEC a vraiment donné un nouveau souffle à toute notre équipe." explique Kieran Holmes-Darby de chez Excel. "L'idée que 40% des équipes du LEC vont se qualifier pour les Worlds donne vraiment une nouvelle motivation à nos joueurs. Et c'est l'objectif, le seul objectif."
Si certains, comme Schalke04, SK Gaming ou Vitality, ont revu leurs objectifs à la baisse et visent simplement l'accès aux Playoffs du LEC, d'autres comme Fnatic, Origen, Misfits, ou MAD Lions portent déjà leur regard vers les Worlds.
Les mots durs d'Alejandro "Jandro" Fernández-Valdés en disent long sur l'ambition de Misfits Gaming : "Avec une quatrième place aux Worlds, si on n'en prend pas une, on ne fait pas vraiment partie de la compétition."
Et si la plupart des équipes considèrent ce Summer Split d'un regard sérieux et tranchant, le patron de G2 Esports ne peut s'empêcher de succomber à la provocation qui a fait son charme et sa renommée. Car, pour les Samouraïs, l'enjeu n'est pas seulement de gagner le Split, ou de se qualifier pour les Worlds.
"On essaye de voir si on peut s'en sortir sans perdre une seule tourelle de tout le Split" fanfaronne Ocelote.
Fortes des enseignements tirés du Spring Split, et quels que soient leurs objectifs à l'aune du Summer Split, dix équipes se retrouveront sur la ligne de départ ce soir. Qui l'emportera ? Réponse d'ici quelques mois, aux portes des Worlds...
Et pour un avant-goût, rendez-vous ce soir pour la reprise du LEC!
