Depuis plusieurs mois, l’intelligence artificielle s’impose comme la nouvelle obsession d’Electronic Arts. L’éditeur derrière EA Sports FC, Battlefield ou Apex Legends aurait fait de son intégration une priorité absolue, au point de l'imposer à ses équipes. D’après une enquête de Business Insider, les dirigeants d’EA encouragent désormais leurs quelque 15 000 employés à recourir à l’IA pour tout : coder, concevoir, rédiger, ou même tenir des discussions sur les salaires et promotions. Une transformation censée propulser la productivité, mais qui, en interne, provoque surtout de l’agacement, de la lassitude et une bonne dose d’ironie.
Des employés sceptiques et inquiets
Les témoignages recueillis par Business Insider décrivent un climat tendu. Chez EA, l’outil phare de cette stratégie s’appelle ReefGPT, un chatbot interne censé assister les développeurs au quotidien. Problème : le logiciel est loin d’être fiable. Il génère régulièrement du code défectueux ou des réponses incohérentes, obligeant les employés à repasser derrière lui pour corriger ses erreurs. “On passe plus de temps à réparer ce que fait l’IA qu’à travailler nous-mêmes”, aurait résumé un salarié
Du côté des équipes artistiques, la situation n’est guère plus rassurante. On leur demande désormais d’entraîner les modèles d’IA à partir de leurs propres créations, une démarche vécue comme une menace directe pour leurs métiers. Plusieurs employés estiment ainsi que cette dépendance croissante à l’IA prépare le terrain à des licenciements futurs. Un ancien cadre de Respawn confie même que l’automatisation d’une partie de son travail, notamment l’analyse des retours de testeurs, a contribué à sa mise à pied.
Quand l’ironie devient un moyen de résistance
Face à ce virage technologique imposé d’en haut, une partie des employés préfère répondre par l’humour. Un mème qui circule en interne illustre bien l’état d’esprit général. On y voit un homme demander à trois PDG ce qu’ils veulent. “De l’IA !”, répondent-ils en chœur. “Pour faire quoi ?” “On ne sait pas !” “Et quand la voulez-vous ?” “Tout de suite !” D’après Business Insider, la publication du dessin sur Slack a déclenché une avalanche d’émojis “mort de rire”. Une manière de tourner en dérision une directive jugée déconnectée du terrain. EA, de son côté, a refusé de commenter l’article, laissant planer le doute sur la suite de sa stratégie.
Au-delà du cas EA, cette affaire met en lumière une tension croissante dans le jeu vidéo : comment concilier l’efficacité promise par l’IA et la créativité humaine ? Car si l’outil peut accélérer les processus, il ne remplacera jamais la sensibilité, l’intuition et la passion des équipes. Et pour l’instant, du côté de chez EA, ces qualités semblent passer au second plan.






