L'image de Nintendo est souvent associée à la magie, à l'innovation et à des franchises cultes qui ont bercé des générations de joueurs. Pourtant, derrière les univers colorés de Mario et le succès mondial des consoles Nintendo Switch, se cache une réalité professionnelle bien plus sombre. Récemment, un ancien développeur indépendant ayant collaboré avec Nintendo a levé le voile sur l'atmosphère pesante qui règne au sein de l'entreprise japonaise. Ce témoignage met en avant la pression et des attentes exigeantes auxquelles doivent faire face les professionnels qui ne sont pas considérés comme des pionniers de l'industrie et qui sont obligés d'en faire plus pour montrer leur valeur ou cocher les cases demandées par les plus grands éditeurs.
Nintendo, une exigence démesurée pour faire partie de l'élite ?
Koichi Miura, qui a travaillé sur Zelda Tears of the Kingdom avec Nintendo, a décrit sur X son expérience comme un "enfer". Un mot très fort de sens qui traduit la difficulté demandée pour atteindre le niveau de qualité exigé par les équipes japonaises. Il insiste sur un point précis, si on n'est pas perçu comme un véritable "génie", capable d'apporter quelque chose de révolutionnaire, l'exécution des tâches devient vraiment compliquée et dure à encaisser. L'entreprise fonctionne avec des standards d'excellence qui marginalisent rapidement ceux qui ne parviennent pas à se hisser à la hauteur des créateurs les plus reconnus. D'après Koichi Miura, l'environnement dans lequel il a évolué est particulièrement compétitif.
Pour cet ancien collaborateur de Nintendo, les projets demandaient un tel niveau d'engagement que même le simple fait de maintenir une productivité acceptable était devenu quelque chose d'épuisant. Le point crucial d'après son témoignage est que si vous êtes pas très talentueux alors vous n'aurez que très peu de reconnaissance. Dans un studio où la barre est placée si haut, seul le talent exceptionnel est vraiment valorisé.
Une démarche pour faire bouger les lignes dans le jeu video
Au-delà de l'ambiance de travail, Koichi Miura a abordé une question souvent taboue au Japon, celle de la rémunération. Il a courageusement révélé son propre salaire perçu pendant sa collaboration en free-lance avec Nintendo. Cette démarche de sa part n'est pas anodine, car il souhaite que cette transparence serve de référence pour tous les autres travailleurs indépendants qui se lance ou actuellement présents dans l'industrie du jeu vidéo. En partageant publiquement ses revenus, il espère inciter ses pairs à revaloriser leur travail sur des valeurs plus justes, surtout lorsqu'ils collaborent avec des sociétés aussi grandes et reconnues que Nintendo.
Il nuance néanmoins ses propos sur son expérience en précisant que cette expérience, bien que très difficile, lui a permis de voir ce qu'il lui fallait réellement pour concrétiser ses objectifs à l'avenir. Sa démarche est avant tout de prévenir et de sensibiliser, il l'explique bien en disant : "Je ne la recommanderais pas à la légère. C'était un paradis pour les génies et les surhommes, mais pour une personne ordinaire comme moi, c'était l'enfer". Il en est sorti plus fort, avec plus de confiance et une envie encore plus forte pour poursuivre son rêve, mais sur des projets qui lui ressembleront plus.
En définitif, le témoignage de cet ancien collaborateur de Nintendo dépeint un portrait peu connu du grand public d'un des gros éditeurs de l'industrie. Si l'entreprise japonaise reste une référence de la création dans le monde du jeu vidéo, son environnement s'avère extrêmement élitiste et exigeant, ne laissant de place qu'aux individus perçus comme des génies. Cette quête d'excellence, malheureusement, possède un coût humain, celui des inégalités et d'une exploitation potentielle. Parallèlement à ça, la volonté de Koichi Miura était de démocratiser l'information salariale et d'en faire un pas important vers plus d'équité pour les travailleurs indépendants qui peuvent se sentir perdus en leur permettant de mieux négocier la valeur de leur travail ou de leurs expériences.







