
Editeur : Square-Enix
Développeur : Square-Enix
Plateformes : 3DS
Date de sortie : 20 juillet 2012
Le monde des songes ouvre à nouveau ses portes aux rêveurs sur la console portable de Nintendo. Qui aurait cru que la série emprunterait un tel chemin, faisant de l’infidélité à la petite PlayStation 2. Alors que tous les fans crient au retour du royaume magique sur le monolithe noir, du côté de chez Square-Soft, on ne l’entend pas de la même oreille. Si bien que les derniers opus se sont matérialisés à la fois sur DS, PSP et finalement sur 3DS, car il faut le reconnaitre, un KH en 3D, ça ne se refuse pas ! Ce Dream Drop Distance verra le retour de Sora et Rikku dans une trame scénaristique qui restera inchangée, tant mieux diront certains, encore perdus dans les sentiers sinueux de la rationalité. Bien que l’histoire ait été expliquée à plusieurs reprises, les joueurs pourront rester perdus au milieu des chimères envahissantes et séductrices. Et souvent la beauté et la profondeur du titre fera oublier notre incompréhension face à certains phénomènes meta-physique qui nous échappent. On éprouve parfois le même sentiment que lorsque l’on est en face d’un David Lynch ; mais le rêve n’est-il pas dépourvu, au final, de toute cohérence ?
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Face à un ennemi commun : Xehanort, Rikku et Sora s’embarquent dans la même aventure avec une mission en tête : tenter de percer les mystères de la Keyblade, une épée unique qui permet de franchir les portails. Les deux héros traversent alors la frontière des Royaumes Endormis pour affronter les créatures qui tentent de renverser l’équilibre du monde : les avale-rêves. Tout commence dans la Ville de Traverse, sorte de point de transition, où les deux protagonistes entament leur épopée séparément. Par une série d’évènements, on en vient à comprendre qu’il existe une frontière entre deux réalités qui plonge chacun des deux garçons dans un monde parallèle qui reste étroitement lié avec l’autre. On saisit vite qu’une histoire unique sera proposée.
En revanche, là où le bât blesse, c’est que la petite sortie sera identique pour les deux héros. Comprenez qu’il faudra refaire le même monde à plusieurs reprises pour obtenir une histoire annexe et ainsi, faire avancer le jeu. Si vous n’êtes pas familier avec le sentiment de « déjà vu », vous risquez d’être vite lassé, les autres aimeront peut-être ce procédé qui vise à découvrir les autres visages de chacun des mondes. Un timer vous accompagnera dans votre périple bercé par l’utopie, en plein combat ou en pleine découverte des lieux vous pourrez être immédiatement transporté vers l’autre réalité pour contrôler un autre personnage. Cette phase de transition interviendra lorsque le temps du chronomètre sera écoulé, vous retrouverez plus tard votre héros à l’endroit où vous l’avez laissé.
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On restera surpris par cette initiative de Square-Enix, une méthode parfois stressante qui ne vous laissera jamais vous reposer sur vos lauriers. Si l’on s’habituera à cet échange systématique entre les deux garçons, il restera souvent une certaine frustration quant au rythme oppressant qu’il nous est imposé. Une sorte de réaction en chaîne à la Sliders, que l’on ne pourra maîtriser, ne vous étonnez pas de vous faire emporter par cet effet transitionnel en plein combat contre un boss. À votre retour, il faudra malheureusement reprendre du début, si vous étiez en combat, et apprendre à être patient. Dans cette phase de transition, il sera néanmoins possible de s’offrir quelques bonus exceptionnels grâce à des larmes que vous aurez récolté auparavant. Un bonus de temps, une augmentation des dégâts physiques et magiques, des rabais sur les magasins de Mog, un petit lot de consolation histoire de mieux reprendre votre mission là où vous l’avez laissé.
Une fois la petite visite de la Ville de Traverse achevée, il faudra s’armer de sa Keyblade et se lancer dans le bain en empruntant votre premier portail. Le monde est matérialisé en une carte où différents univers sont présentés, chacun d’entre-eux propose de vivre une aventure aux côtés de personnages de Disney. De fait, vous vous retrouvez complètement plongé dans la magie de chaque dessin-animé en découvrant une histoire unique qui reste totalement fidèle à celle provenant des long-métrages. Dans la Ville des Cloches par exemple, on devra secourir Esmeralda que Frollo tente de pourchasser. Le monde de Tron quant à lui, vous invitera à aider les Flynn qui se battent contre Clu. Chaque monde, aussi instable soit-il, abritera des paradoxes et des Avale-Rêves participeront à la fête, ce qui vous obligera à les combattre.
Les mécaniques de gameplay restent quant à elles inchangées, on retrouvera la dynamique des anciens opus et le maniement sur la 3DS restera intuitif. Une fenêtre de raccourcis sera visible sur le coin gauche en bas de l’écran, une fonctionnalité permettant d’incanter des sorts avec facilité en pressant les touches de la console. Un coup spécial en mêlé ou des attaques magiques pourront être déclenchées à tout instant, une option de ciblage permet d’accrocher une ennemi en pressant simultanément les touches L et R. À cela s’ajoute un ciblage automatique pour ne pas envoyer dans coups dans le vent. Bien entendu, de nouvelles attaques vous perfectionneront, chacune aura un effet spécifique et sera plus ou moins efficace sur les ennemis. Une fenêtre de raccourcis pourra être modifiée pour que vos attaques favorites restent à portée de clic. Une option d’inspection est aussi présente et qui s’avèrera très utile pour dénicher les trésors.
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Mais la grosse nouveauté résidera dans l’élevage de petits esprits que l’on constituera grâce à des éléments trouvés dans des coffres ou bien récupérés lors de l’anéantissement des adversaires. Ces petites bêtes espiègles vous aideront dans votre tâche et possèderont des arbres de compétence uniques qui boosteront vos capacités. Le côté RPG sera omniprésent, les deux héros évolueront en même temps que les esprits placés dans le groupe. Sora et Rikku pourront disposer de deux alliés mais également d’un troisième, présent uniquement pour la forme. Chaque monstre tué rapportera de l’expérience, une fois un palier franchi, Sora, Rikku ainsi que les esprits monteront en niveau. Les héros verront leurs aptitudes augmentées, il n’est cependant pas possible de placer nous-même les points engrangés dans un arbre de compétence, seuls les esprits auront cette chance. Ceux-ci, d’ailleurs, réclameront votre attention, il ne faudra pas les négliger si l’on veut qu’ils révèlent toute l’étendue de leur talent.
Dans le menu, donc, on pourra venir les pouponner à la manière d’un Nintendogs, en caressant la surface tactile, ce qui aura l’art de les rendre plus joyeux. Un procédé qui sera long et parfois ennuyeux, on se surprendra souvent à laisser son doigt immobile sur la surface de l’écran jusqu’à ce que le petit monstre soit boosté à son paroxysme. N’oublions pas que ces alliés pourront rentrer en fusion avec le héros, sorte d’état d’apothéose qui fera entrer le personnage dans une furie. Chaque esprit proposera une capacité différente, à vous de partir à la chasse afin de découvrir tout l’éventail de techniques qui s’offriront à vous ! De nouvelles recettes récupérées chez l’ami Mog ou découvertes dans des coffres disséminés dans les différents mondes permettront d’acquérir de nouveaux esprits. Comme dans tout Kingdom Hearts, on devra fouiller tous les recoins des niveaux à la recherche du coffre ninja, qui tentera de se fondre dans la masse. De quoi aller chercher le sésame du 100% à la fin du niveau, un procédé qui doublera la durée de vie du titre et favorisera amplement le regame.
La réalisation de Dream Drop Distance reste sans faille, les graphismes somptueux montrent à quel point les équipes n’ont pas perdu leur talent. Les personnages de Disney sont, comme à leur habitude, parfaitement représentés et les niveaux rendent hommage aux films d’animations du studio. La magie opère, les sens s’éveillent, et la 3D apporte cette profondeur au gameplay, une petite touche très appréciable et qui se déguste à sa juste valeur. Les musiques harmonieuses nous bercent tout au long de l’aventure, et le trio Shimomura, Sekito, Ishimoto fonctionne à merveille.
On reconnaîtra la patte de Yoko Shimomura, la femme qui avait déjà officié sur les précédents opus. On ne peut rester insensible à toute cette symphonie qui nous fait vibrer, une sorte de retour à l’enfance qui nous invite à revisiter les classiques de Disney, un sentiment à l’image des madeleines de Proust, aussi allégorique soit-il, et qui apporte réconfort et bienfaisance. L’histoire, qui reste difficile à saisir, surtout pour les nouveaux venus, sera narrée sous forme de flashback ou accessible via des journaux dans l’inventaire. Une belle manière de ne pas laisser s’égarer les néophytes, fraichement arrivés pour s’imprégner de l’atmosphère. Les habitués seront peut-être rebutés par le manque d’innovations et auront cette impression de vide.
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Un autre élément pourrait ternir le tableau, la caméra qui s’avèrera difficile à contrôler à l’aide des boutons L et R. Il est souvent ardu de maîtriser un combat et d’avoir un point de vue correct sur l’action. Le fait de devoir cibler un monstre en particulier vous empêche d’apprécier l’environnement, il arrive souvent qu’un adversaire, hors champs, vient à vous attaquer. Contre un boss, c’est la même rengaine, on se fait souvent surprendre par des attaques dans le dos, car on aura mis trop de temps à tourner la caméra dans le bon sens. On abusera alors de la touche de roulade afin d’anticiper les coups, et on se déplacera tel un ninja assoiffé de vengeance.
La durée de vie, dans sa globalité reste tout à fait correcte, on regretta cependant le manque d’univers. Il est vrai que lorsque l’on a gouté à l’ambiance exaltante de Tron, on n’a pas envie que les choses se terminent. Il faudra une vingtaine voire une trentaine d’heures pour achever le jeu sans trop se presser, puis le recommencer pour récupérer tous les objets que l’on a laissé derrière nous. Le compteur pourra être très facilement augmenté, les joueurs pourront expérimenter d’autres esprits en accumulant de nouvelles ressources.
Dream Drop Distance est un délicieux bonbon qui se savoure avec satisfaction et qui nous emporte dans un monde toujours aussi passionnant, malheureusement, le plaisir n'est que de courte durée et ce gout exquis reste sur le fond de la langue. Trop court, voilà ce qui vient entacher l'expérience de cet épisode sorti sur la 3DS, car si le gameplay récurrent du jeu pourrait en lasser plus d'un, on se laisse cependant transporter par la magie qui nous enivre. Ce Kingdom Hearts 3D reste un très bon jeu qui saura combler la soif intarissable des rêveurs venus à nouveau s'immerger dans un environnement nouveau. Néanmoins, on pourra rester sur notre faim et le manque de contenu nous laissera avec un certain sentiment d'insatisfaction que l'on tentera d'enterrer en se plongeant à nouveau dans le jeu afin de dénicher tous les trésors.












