N°10 : Le hachoir
Boucher de père en fils, destiné à suivre par tradition, le chemin tracé par sa famille, depuis la création de l'épicerie au XIXe dont la devanture Rhum & Steak laissait présager du rôle que l'établissement pouvait jouer durant la prohibition, l'arrière-boutique cachait notamment une distillerie. La prospérité des affaires, malgré le risque que pouvait représenter ce commerce, poussait le paternel à défendre le nouveau catalyseur commercial tout en conservant ses expressions de viandeur et ses instruments de travail : « ô hache ! ».
C'était sans compter sur les ambitions du fils, son père ne savait plus où donner de la tête à son sujet (un comble pour un boucher), force est de constater que son rejeton têtu oscillait entre la poire et le fromage, charcutant les aspirations de son géniteur. Néanmoins, il s'était amouraché d'un hachoir, dont il aimait l'esthétique harmonieuse, entachée de quelques gouttes de sang qui perlaient le long du manche. Profitant de l'absence de son père pendant la salaison, il partit où il voulut, armé de son hachoir et s'engagea, l'armée vit en lui le Blutcher de ses rêves, naïf, poétique et violent.
