Cela fait déjà 5 ans que Doom Eternal est sorti, le moment est venu pour un nouveau chapitre et une nouvelle approche des combats un peu plus médiévale pour la licence. Doom a toujours été sombre et sanglant et aucune période n'est plus facilement associée aux démons que le moyen-age, mais comme nous allons le voir, Doom The Dark Ages peine à nous convaincre.
- Genre : Fast FPS
- Date de sortie : 15 mai 2025
- Plateformes : PC, PS5, Xbox Series
- Développeur : id Software
- Éditeur : Bethesda
- Prix : 79,99 € pour la version de base, 109,99 € pour la version premium. Aussi disponible sur le Gamepass à la sortie.
- Testé sur : PC
Doomed Past
Doom The Dark Ages est un préquel à Doom (2016), avant que le Slayer ne soit scellé sur Mars. On y découvre son lointain passé, en tant qu'esclave des Maykr lors de leur conflit avec les enfers. Les graphismes sont soignés, mais visuellement, la représentation de cette époque est contrastée. D'un côté, l'armure de notre protagoniste dispose effectivement d'un aspect plus brutal et primitif, avec ses pointes, sa cape en peau loup et son bouclier. Mais de l'autre, les aliens tout droit sortis d'une œuvre de science-fiction que sont les Maykr, et les Sentinelles humaines bardées d'armes à plasma et de technologies anti-grav viennent immédiatement casser l'ambiance. C'est un peu comme se retrouver avec les Tau dans Warhammer 40,000. C'est la première déception d'une longue liste, dans un jeu en demi-teintes.
De la même manière, l'histoire n'a pas vraiment l'air de savoir sur quel pied danser. On dirait que le scénariste n'a visiblement pas osé nous laisser découvrir les événements uniquement du point de vue du Slayer, alors les cutscenes et les dialogues sont à la fois trop pauvres et trop décousus pour être satisfaisants. Même ces rares dialogues sont souvent maladroits. De plus, il est difficile de s'attacher aux personnages ou au scénario, quand cela se limite à être téléporté d'une bataille à l'autre durant chaque mission pour y tuer des démons jusqu'à atteindre le dernier boss. Heureusement, il y a tout de même des sections plus réussies, avec une mise en scène digne de ce nom (quand personne ne parle).
S.H.I.E.L.D.
Au niveau du gameplay, Doom The Dark Ages fait évoluer la recette d'Eternal à plusieurs niveaux, avec un retour partiel aux sources. L'introduction du bouclier est incontestablement le plus gros changement, puisqu'il a des répercussions sur tout le reste ou presque. Comme tout bouclier digne de ce nom, il peut bloquer la majorité des attaques du jeu, même s'il y a une limite à ne pas dépasser avant d'attendre quelques secondes pour le recharger. Il peut aussi parer les attaques et renvoyer les projectiles adverses affichés en vert à l'écran pour plus de lisibilité, en bloquant au dernier moment. Mais ce n'est pas Clair Obscur Expedition 2033, le timing est extrêmement permissif, du moins en mode Normal. Les modes de difficulté supérieurs réduisent la fenêtre de parade pour les joueurs à la recherche d'un gameplay plus exigeant.
Ces parades remplacent en grande partie le système d'armes et d'actions auxquels les démons étaient vulnérables dans Doom Eternal, puisque cela permet de les exécuter ensuite ou de détruire l'armure les protégeant de vos attaques. Par la suite, les parades au bouclier vous permettront même de recharger vos attaques dévastatrices en mêlée et une trop grande partie du gameplay va tourner autour de cette combinaison surpuissante. Avec les bonnes améliorations, elle va même produire un véritable feu d'artifice de munitions, d'armure et de packs de soins chaque fois que vous frappez le boss.
Les capacités du bouclier ne s'arrêtent pas là. Une fois doté de sa tronçonneuse circulaire, il peut être projeté comme le ferait Captain America. Il va alors moissonner les rangs de la piétaille adverse en rebondissant dans tous les sens. C'est bien plus efficacement que n'importe quelle autre arme. Sous cette forme, il peut aussi déclencher l'explosion de l'armure des ennemis et même activer les nombreux mécanismes utilisés par les énigmes. Comme si ce n'était pas suffisant, s'il est projeté sur un ennemi élite dépourvu d'armure, le bouclier va l'étourdir durant de longues secondes, ce qui vous donnera tout le temps de l'attaquer.
La seule contrepartie est qu'il faut rappeler votre bouclier pour bloquer. Cela ne s'arrête pas là, le bouclier peut être utilisé pour charger l'ennemi à distance, voire en l'air, à une vitesse supersonique pour infliger d'immenses dégâts de zone. Il est probablement possible de terminer Doom The Dark Ages en utilisant uniquement le bouclier et des attaques en mêlée, tant le reste de l'arsenal semble anecdotique en comparaison. Une fois encore, on a presque l'impression de jouer à un jeu Marvel sur une version brutale de Captain America plutôt qu'à Doom.
Le reste de l'arsenal du Doom Slayer est divisé en deux catégories, avec les armes à feu d'un côté et les armes de mêlée de l'autre. On retrouve des grands classiques comme le super shotgun et des variantes médiévales des archétypes auxquels on s'est habitués : lance pieux à répétition, BFC, projeteur de boulets métalliques, et une mitrailleuse se servant d'un crâne broyé sous vos yeux en tant que projectile entre autres choses. OIl existe encore quelques combinaisons spéciales à la Doom Eternal, comme la surcharge des boucliers avec les armes à plasma, mais ça aussi, le bouclier le fait mieux. Notre choix d'arme portait davantage sur la validation des défis de la carte du moment, plutôt sur un besoin réel d'adapter notre approche des combats.
De leur côté, les 3 armes de mêlée disposent d'un système de charges avec un temps de recharge. Elles remplacent en partie la tronçonneuse des précédents opus. Vos poings sont des armes de destruction massive et ils ont l'avantage de pouvoir enchaîner les attaques, alors que le Fléau d'armes se concentre davantage sur l'émission de ressources bonus par exemple. L'usage de la dernière arme de mêlée est très limité, mais elle permet carrément de tuer les Cyberdémons en quelques instants en utilisant bien les parades.
Doom The Dark Ages ne perd pas en intensité par rapport à Doom Eternal, puisqu'il faut enchaîner les parades, les charges, les coups en mêlée et autres aussi vite que possible. La mobilité est bien moins importante en-dehors de la charge. Vous n'êtes plus enfermés dans une petite arène pleine de démons, ils sont enfermés avec vous. Une véritable horde d'adversaires peut être éliminée en un temps record en jouant bien. Cette nouvelle recette a son charme au départ, mais elle devient trop simple et monotone par la suite. On finit par régler tous les combats et par tuer tous les boss de la même manière pour finir, même quand le jeu se transforme en véritable bullet hell, avec des projectiles dans tous les sens. Il est toutefois plaisant de se sentir aussi puissant, au point d'écraser un groupe de démons simplement en tombant.
Nous sommes conscients que c'est un sacrifice nécessaire pour améliorer la visibilité de l'action, mais les projectiles, les coups et les objets à escalader sont affichés en vert fluo. Cela qui dégrade d'autant plus la direction artistique déjà chancelante du titre. Mentionnons que la couleur de tous ces éléments, que cela soit les différents types d'attaques ennemis et le butin, peut être modifiée au cas par cas dans les options pour ceux que cela dérange vraiment. C'est une bonne chose, mais il vous faudra expérimenter pour que cela ne nuise pas à la clarté des combats.
Au niveau du bestiaire, il s'avère raisonnablement varié, mais sans nous avoir impressionné pour autant. On retrouve un mélange de têtes connues, de nouveaux venus et d'hybrides bardés d'armures cybermédiévales (?). Dans ce dernier cas, comme mentionné plus haut, il vous faudra les faire surchauffer avec vos attaques, avant de les faire exploser d'un bon coup de bouclier. Les boss sont souvent couverts d'armures à éplucher au bouclier tronçonneuse avant de pouvoir savourer leur cœur et profiter d'un bonus permanent de statistiques. Le prédécesseur de l'infâme Maraudeur d'Eternal est aussi présent, mais comme le reste, il est vite transformé en une victime de plus par votre bouclier.
Open worm
Doom The Dark Ages vous demandera de traverser différents environnements aux décors variés, généralement très réussis, mais dont la structure évolue. On ne se retrouve pas toujours confiné aux corridors linéaires d'une base à présent. Un certain nombre de missions se déroule sur des champs de bataille relativement ouverts. Les objectifs sont disséminés un peu partout et vous êtes libres de les réaliser dans l'ordre qui vous chante. Avec les objectifs secondaires, les énigmes et les secrets à découvrir, cela offre un petit aperçu de ce que pourrait donner un jeu Doom de type Open World.
C'est assez agréable à explorer avant de se rendre compte que les développeurs ont pris la mauvaise habitude de placer les clés d'accès au fin fond de chaque mission, surtout dans celles linéaires. Cela force à chaque fois les joueurs consciencieux à refaire le tour des zones vides et dénuées d'intérêt pour ouvrir les dernières portes et accéder à leur trésor. En termes de level design, c'est loin d'être idéal. La majorité des autres secrets sont encore mieux indiqués qu'une sortie d'autoroute.
Ces secrets comprennent les incontournables collectibles, mais aussi différentes ressources utilisées pour améliorer l'armement, les armes de mêlée et bien entendu, le bouclier. Cela comprend des modes de tir alternatif, des dégâts bonus et même la possibilité de faire apparaître une tourelle meurtrière qui s'occupera du reste, chaque fois que vous parez un projectile. Quand on vous dit que le bouclier est juste OP, ce n'est pas une exagération.
L'introduction de quelques variations dans les combats, avec des capitaines invincibles à affaiblir, est aussi bienvenue. L'autre bonne nouvelle que les niveaux sont aussi littéralement plus terre à terre. Il n'y a que peu d'acrobaties aériennes au programme cette fois. Il vous suffira d'utiliser l'incontournable bouclier pour charger à travers des obstacles, pousser des caisses et activer des mécanismes. Si on y ajoute les trainées d'objets dorés à ramasser sur le chemin, on pourrait aussi avoir l'impression de jouer à Sonic par moment. Au moins, les décors sont généralement très réussis et assez jolis, du moins, tant que vous êtes à pied.
The Dark Ages of Camelote
La forteresse du Slayer dans Doom Eternal contenait un énigmatique mécha géant, dont il n'était jamais fait usage, à la plus grande déception des joueurs. The Dark Ages y remédie durant plusieurs segments du jeu. On monte à bord, pour un combat plus proche de ceux de Pacific Rim que de Gundam, pour affronter les titans démoniaques. Cela a l'air très cool au premier abord, mais comme souvent dans ce jeu, l'exécution laisse à désirer. Des décors spéciaux ont été préparés pour l'occasion, mais ils ne sont pas assez détaillés pour sembler réels, surtout lors de leur inévitable destruction.
Cela donne l'impression d'être l'acteur en costume de Mégazord au milieu d'une maquette de Tokyo lors du tournage d'un épisode des Power Rangers. Le gameplay est aussi extrêmement basique, ce qui n'améliore rien. Le mécha est lent et la boucle de gameplay se limite à donner des coups de poing, à esquiver les attaques adverses puis à activer l'exécution. Avec seulement 3 types d'ennemis et 4 attaques, on a vite fait le tour. Une arme à distance est mise à disposition pour certains segments, mais on retrouve la même formule : on esquive ce qui surcharge l'arme pour d'obscures raisons et on tue les méchants.
D'autres missions sont réalisées à dos de dragon et c'est encore pire. La bête ne dispose que d'une seule arme, dont la puissance rivalise celle d'un vieux pistolet à eau. Tous les combats impliquent de verrouiller statiquement la cible et d'esquiver une fois de plus des projectiles verts, ce qui surchargera l'arme et vous permettra de percer leur blindage. En pratique, c'est un peu le même principe qu'avec le bouclier. C'est dommage, puisque visuellement le vol à dos de dragon est réussi. Comme la différence d'échelle n'est pas aussi importante, les décors d'origine du niveau sont préservés, on a aussi droit à quelques scènes impressionnantes. Le fait d'être déposé par le dragon dans des mini-niveaux à nettoyer de leurs démons avant d'atterrir sur son dos pour repartir à l'aventure est certainement un des aspects les plus satisfaisants.
Contenu et durée de vie
Contrairement à ses niveaux, la structure de The Dark Ages est beaucoup plus simple que celle d'Eternal, il n'y a pas de modes de jeu alternatifs, ni de base d'opération à débloquer après avoir terminé la campagne. Cela se limite à la possibilité de rejouer chacune des 22 missions du jeu pour récolter les objets et accomplir les défis à côté desquels vous êtes passés. Dans un mode de difficulté adapté à votre niveau, comptez entre 10 et 20 heures au maximum pour terminer l'histoire, en fonction du temps passé à dénicher tous les secrets.
Les joueurs plus talentueux et motivés peuvent aussi se frotter aux difficultés extrêmes qui vont jusqu'à émuler le fameux "Mein Leben !" de Wolfenstein, avec une campagne prenant immédiatement fin à la moindre mort et des parades plus difficiles à exécuter. Les joueurs assoiffés de contenu peuvent s'attendre à des DLC ou à une suite, puisque le jeu ne s'avère pas aussi conclusif que ce à quoi on pouvait s'attendre. Soulignons au passage que l'addition est salée pour ceux qui souhaitent y jouer en-dehors du Gamepass, avec un prix de base fixé à 80 euros sur toutes les plateformes.
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