Annoncé par un simple teaser lors de l'E3 2017 avec Bandai Namco aux commandes, Metroid Prime 4 a subi de multiples reports, avant de retomber dans les mains de Retro Studios, la structure à l'origine de la toute première trilogie Prime. Plus de 8 ans après son annonce, nous voici enfin face à l'aboutissement de ce projet très attendu. L'attente en valait-elle la peine ? Réponse dans ce test.
- Genre : Metroidvania
- Date de sortie : 04/012/2025
- Plateformes : Nintendo Switch 1 et 2
- Développeur : Retro Studios
- Éditeur : Nintendo
- Prix : 59,99€ (Switch 1), 69,99€ (Switch 2)
- Testé sur : Nintendo Switch 2
Du Halo dans ton Metroid
Alors qu'une bataille éclate entre la Fédération Galactique et des forces armées, Samus est appelée en renfort pour permettre le convoi d'un mystérieux artéfact. mais après un combat titanesque dans l'une des bases militaires de la planète, le terrifiant Sylux débarque pour mettre tout le monde d'accord et disperser le champ de bataille en un rien de temps. Aspirée à l'intérieur de l'artéfact, la chasseuse de primes la plus célèbre de la galaxie se voit téléportée sur la planète Viewros, un astre jadis occupé par une civilisation à la technologie avancée et dont Samus va servir de boite noire. Au cours de son aventure, Aran va également croiser la route de plusieurs membres de la Fédération Galactique qui se sont, eux aussi, échoués sur Viewros. Et ce sont de ces personnes que viennent les premiers problèmes de Metroid Prime 4, qui tente maladroitement d'être ce qu'il n'a jamais été : un jeu à haute teneur narrative, avec des enjeux sérieux, portés par des archétypes sur pattes. Retro aimerait que l'on s'attache au sort de la Fédération et des forces armées en présence, mais ça ne marche jamais et c'en est même agaçant : l'impression d'être face à un mauvais épisode de la série Halo nous a traversé l'esprit à plusieurs reprises.
D'autant que l'histoire ne mène nulle part et que la présence de ce casting de soldats donne lieu à des incohérences assez folles que nous éviterons bien sûr d'évoquer ici pour ne spoiler personne. Si pour vous, Metroid c'est Samus et seulement Samus, isolée sur une planète inhospitalière, cherchant à percer les mystères de cette dernière, désolé de vous l'apprendre, mais ce n'est pas du tout ce que MP4 propose. On est davantage sur un jeu qui fait appel aux accents militaires et guerriers de la licence, ce qui ne lui a absolument jamais réussi, et c'est une nouvelle fois le cas ici. Enfin, oui, il y a du backseat de la part des PNJ et, oui, c'est relativement irritant sur le moyen-terme. Un reproche à tempérer tout de même, puisqu'avec un hub ouvert comme le désert, il est parfois bienvenue d'avoir quelqu'un qui nous prévienne que l'on a oublié quelque chose dans la zone précédente.
Dans le désert, depuis trop longtemps
Pour rappel, le premier épisode de la série Prime constituait un petit tour de force lors de sa sortie sur GameCube : Retro parvenait alors à transposer la formule si particulière des metroidvania, avec les exigences que cela charrie en termes de level design, dans un environnement tout en 3D. Un filon qu'ils exploiteront avec succès sur 3 épisodes avant d'arriver sur ce Beyond, donc, qui tente de pousser les choses un peu plus loin. Ne faisons pas durer le suspens plus longtemps, la fameuse moto qui a fait polémique dans les derniers trailers, est finalement l'élément de gameplay le plus réussi et original de cet épisode. Grâce à elle, Samus peut explorer le Désert de Viewros avec une grande souplesse : le véhicule se manie avec aisance et il est même plaisant d'en prendre le guidon.
Le problème vient plutôt du "pour quoi faire" : finito la carte unique où tous les secteurs sont rassemblés en un seul et même tout cohérent, on est désormais sur 5 régions distinctes liées par un désert gigantesque. On va pas se mentir, ça en fiche un gros coup au plaisir de l'exploration, d'autant que certaines de ces régions sont vraiment sans intérêt en termes de level design et d'exploration. Le désert a bien quelques instances dédiées, mais elles se terminent toutes en 5 minutes chrono et elles sont vraiment trop peu nombreuses pour être notables. Heureusement pour lui, MP4 a tout de même quelques fulgurances, avec des secteurs très bien construits et des énigmes soignées qui vous demanderont de vous creuser un tantinet le cerveau.
Malgré tout, on est sur un titre qui met beaucoup trop en avant ses combats pour un jeu du genre, d'autant que ces derniers n'ont pas forcément bien vieillis : le lock + visée libre faisaient leur petit effet à l'époque, mais de nos jours, c'est sympa sans plus. Le jeu aurait pu se rattraper sur les pouvoirs psychiques et leur utilisation, mais à l'exception du tout premier qui est une charge à guider soi-même en figeant le temps, eh bien il n'y a pas grand chose de neuf à se mettre sous la dent. On retrouve la panoplie d'outils habituels de Samus et si ce n'est pas un défaut dans l'absolu, on aurait apprécié davantage de prises de risques de ce côté là. MP4 se rattrape un tant soit peu sur certains de ses combats de boss, épiques, mais le sentiment qui prédomine tout au long de l'aventure est celui d'un potentiel énorme qui n'arrive jamais vraiment à se concrétiser.
Samus a son prime
Testé exclusivement sur Nintendo Switch 2, Metroid Prime 4 fait office de démo technique pour la dernière console du constructeur, malgré son statut de jeu cross-gen. Cela ne veut pas dire que tout est parfait : certaines textures bien baveuses et les impacts de tir sont là pour nous rappeler sur quel type de machine nous somme, mais pour le reste, c'est du caviar. Sur le plan artistique, chaque secteur de Viewros semble avoir bénéficié d'un soin tout particulier, avec de gros efforts sur l'éclairage et les effets atmosphériques. En dehors du désert, on reste dans des endroits relativement confinés, ce qui aide évidemment à afficher des décors "propres" dans une fluidité sans accrocs.
On est donc sur du 4K60fps pour le mode qualité, l'option que l'on vous recommande, pour du 1080p120fps pour le mode performance. Il s'agit mine de rien d'une petite prouesse et ça fait sincèrement plaisir de voir ce genre de résultat sur un jeu qui n'exploite pas pleinement les capacités de la Switch 2 : la console de Nintendo en a dans le bide, c'est une certitude. Le tout est porté par une direction artistique qui souffle le chaud et le froid, avec quelques zones franchement très réussies et d'autres beaucoup moins inspirées. Un constat qui s'applique également au bestiaire, qui manque globalement de variété pour convaincre pleinement.










