Un peu d'histoire
En 2013, un membre du studio Creative Assembly, père de la célèbre saga historique Total War, décide de sortir des sentiers battus, et commence à travailler sur un total war unique en son genre. Un total war relativement facile d'accès, pour ceux qui veulent connaître le frisson des batailles de la série, mais qui n'ont pas assez de temps libre pour investir des dizaines d'heures dans une campagne.
Offrir du fun facilement c'est bien, mais il faut quand même fournir au joueur une impression de progression, sans quoi celui-ci se lassera trop vite. Est donc ajouté un système de progression d'unités, où celles-ci gagnent niveaux et équipement au fur et à mesure des batailles, cet ajout pousse à limiter le nombre d'unités que chaque joueur possède à 3, car personnaliser et équiper entièrement 20 unités en même temps deviendrait rapidement pénible.
Enfin, si chaque joueur ne contrôle que 3 unités, alors il faut de grandes équipes, sous peine de ne pas avoir de glorieuses batailles, mais de simples escarmouches, le studio se dirige alors vers des parties en 10 contre 10.
Le projet commence à prendre forme, et l'équipe se dirige vers le free to play, pour un jeu massivement multijoueur ne proposant que des batailles, le choix semble judicieux. Cependant Creative Assembly ne s'y connaît pas vraiment en F2P, et rencontre de nombreux obstacles, tant en matière d'ergonomie du jeu que de stabilité des serveurs.
Une alliance naît alors avec un autre studio, qui lui a fait du Free to play son pain quotidien : les créateurs du célèbre World of Tanks : WarGaming.
Après de nombreuses transformations opérées par les nouveaux venus, Total War Arena est enfin entré en béta fermée et nous avons finalement pu toucher au jeu, on vous dit tout.
Sur le champ de bataille
Arrivé sur l'écran du jeu, on me demande de sélectionner trois unités qui seront ma force de combat, et un commandant pour leur attribuer compétences et bonus. Mon choix se porte sur une unité d'archers grecs que je prends en trois exemplaires, et sur un commandant grec lui aussi pourvu d'un arc. C'est la prudence qui parle ici, plus la distance entre moi et mes adversaires sera grande, plus j'aurai de temps pour comprendre ce qu'il se passe.
Arrivé en lobby, je constate que les dix joueurs de mon équipe ont tous également choisis de jouer trois fois la même unité. Mais le système de matchmaking a fait un travail décent et la quantité de lanciers, cavaliers et archers est équilibrée.
La partie commence, et je suis sur le point d'expérimenter ce qui est probablement la plus grande force de Total War Arena. Le joueur qui est apparu le plus près de moi se nomme "The Belgian", il contrôle trois unités de cavalerie (chaque unité est composée de plusieurs hommes), et il a eu l'excellente idée d'en envoyer une loin derrière les lignes ennemies en solitaire. Très vite sa vingtaine de cavaliers est encerclée par plusieurs joueurs adverses, qui flairent la chair fraîche. Refusant de rejoindre le groupe principal pour le laisser à son sort, j'avance mes archers et dissuade un groupe de soldat ennemis de lui couper la retraite par un déluge de flèches bien senti. Ses hommes sont tirés d'affaire mais nous sommes maintenant tous deux trop avancés. Et c'est moi qui manque finalement d'être rattrapé dans ma retraite par des épéistes ennemis en pleine charge. Charge qui, alors qu'elle était sur le point de me rattraper, n'est arrêtée que par une charge fulgurante des cavaliers de "The Belgian" qui est revenu pour moi. Je n'ai plus jamais revu The Belgian, mais en dix minutes de jeu, il est devenu mon frère d'arme.
Arena brille vraiment dans la façon qu'il a de permettre à des joueurs de former des manœuvres, actions, et autre sauvetages héroïques ensemble, alors que l'unique moyen de communication dont on dispose est un crayon permettant de dessiner sur la carte. La mécanique fonctionne étonnamment bien, et je peux également citer cette bataille lors de laquelle plusieurs de mes alliés se trouvaient coincés au pied d'une colline, incapable de la gravir sous peine de recevoir la furie des flèches adverses. Je jouais à ce moment là une unité de lanciers pourvue d'une capacité à mettre leurs boucliers au dessus de leur tête. Un simple mouvement de mes troupes en avant, une flèche dessinée sur la carte, et mes alliés ont compris le message, j'ai gravis cette colline en "tankant" les tirs pour mes alliés, qui ont ensuite terminé le travail, la colline (et la gloire) fut nôtre.
Un jeu clair, fluide et rapide
Le travail qui a été fait sur l'ergonomie se ressent immédiatement, surtout aux yeux de celui qui a déjà passé de nombreuses heures sur les anciens total war. Un coup d’œil aux alentours nous apprend immédiatement qui est proche ou loin, de quel type d'unité il s'agit, si l'on est en danger ou non.
La vitesse des unités a également pris un sacré boost, habitué à la générale lenteur des formation de total war, il m'est arrivé plusieurs fois de survoler la carte à la recherche d'ennemis, pour finalement ramener ma caméra sur des troupes ... qui n'étaient plus là, car elles avaient déjà sprinté plus loin. Outre l'augmentation de la vitesse générale de course, la principale raison pour cette vitesse est la suppression pure et simple de le marche, maintenant tout le monde court, et tout le temps, un changement qui colle parfaitement à l'aspect "arcade" de ce nouveau Total War, sur lequel nous reviendrons au paragraphe suivant.
Finalement, tout est rapide dans ce nouveau Total War, pas juste la prise d'information et le déplacement. Les combats peuvent être finis très vite lorsqu'ils sont bien pris, les points de vision dispersés sur la carte se capturent instantanément, et même la base de chaque équipe qui donne la victoire à celui qui le capture, peut tomber bien vite.
Il faudra être réactif pour s'en sortir sur le champs de bataille, le joueur qui s'est avancés quelques mètres trop loin et qui n'a pas vu les archers ennemis risque de comprendre rapidement que la mort vient du ciel. De même, le joueur de lanciers qui échoue à intercepter une charge de cavalerie provoquera la fin de la partie pour les joueurs d'archers qu'il devait protéger.
Plus que jamais dans la série, le commandant qui s'endort en pleine action risque de voir ses lauriers lui filer sous le nez.
Le plus arcade des total war
Les passionnés d'histoire qui suivent la série total war pour ses qualités de restitution historique, doivent être prévenus, à chaque fois qu'Arena a du faire un choix entre réalisme et confort du joueur, ou entre réalisme et fun, c'est le second qui a été privilégié.
Des unités qui courent pendant 15 minutes sans se fatiguer, des archers qui n'ont pas de limite de flèches, des compétences qui doublent la vitesse d'une cavalerie déjà lancée au galop, ou qui génèrent de véritables pluies ininterrompues de projectiles, la reconstitution n'est pas 100% fidèle. Tout ça sans compter que chaque bataille ressemble à une alliance improbable entre romains, grecs et barbares de différentes époques, affrontant un autre groupe au moins tout aussi improbable.
Une unité en particulier incarne cet état d'esprit : le légat : une unité de cavalerie romaine de niveau 10 (le plus élevé) composée de ... 20 légats, galopant à travers le combat, tous drapés de leurs capes violettes indiquant leur pouvoir et statut politique. L'équivalent moderne serait d'avoir 20 généraux, chacun dans sa jeep personnelle, traversant un champs de bataille moderne en formation serrée pour rouler sur l'ennemi. Rien de très réaliste donc, mais voilà : lorsque vous avez farmé durant des heures pour atteindre le niveau 10, vous voulez que votre unité en jette, vous ne voulez pas un seul légat entouré par de ternes gardes du corps, vous voulez toute une unité portant des capes violettes pour que les noobs qui se battent contre vous tremblent en vous voyant arriver. Et du coup, si Arena a bel et bien sacrifié le réalisme ce n'est pas pour rien, c'est pour ce sentiment de satisfaction qui attend le joueur atteignant le haut niveau.
Même raisonnement pour la rapidité des unités ou leur compétences, elles servent toutes un intérêt supérieur de gameplay, l'histoire est souvent sacrifiée, mais elle ne l'est jamais inutilement.
Une progression omniprésente
Au fur et à mesure que vous combattez, vos commandants, gagnent des niveaux, ce qui vous donne accès à des unités de plus haut niveau également. Ces mêmes unités sont personnalisables et surtout améliorables au cour du temps : il est très satisfaisant d'acheter une nouvelle armure ou un meilleur bouclier pour une unité qui nous ont accompagné durant plusieurs heures de jeu. Entre les petites améliorations que sont l'achat d'équipement, et les grands pas que sont les montées de niveau, le sentiment de progression est omniprésent. Un élément bienvenu et essentiel pour garder les joueurs sur le long terme.
L'autre élément de progression, ce sera probablement la capacité d'un joueur à savoir jouer de nombreuses combinaisons différentes. Et des combinaisons il va y en avoir, avec 12 types d'unité différents et trois unités par partie, il y a là la place pour beaucoup de diversité.
On émet cependant quelques réserves sur ce point, en effet pour l'instant, nous n'avons croisé presque aucun joueur qui choisissait d'utiliser différentes unités, et vu la rapidité du gameplay, c'est un choix qui se comprend. Difficile de gérer en même temps une unité de cavaliers se promenant derrière les lignes ennemies et une unité d'archers au milieu de la carte. Et la rapidité des cavaliers empêche de les faire suivre par des lanciers qui devraient les protéger. Peut être la véritable courbe de progression se trouve-t-elle dans la spécialisation, la maîtrise d'un seul type d'unité, et la coordination avec les autres joueurs.
Le modèle économique
Un petit mot concernant les pièces sonnantes et trébuchantes pour conclure cet article. Le jeu est gratuit pour tous dès sa sortie, et la quasi-intégralité du contenu : unités, améliorations et bonus, est achetable avec la monnaie du jeu, qui s'obtient en combattant.
Arrive ensuite le compte "Premium" achetable avec de la monnaie véritable, qui accélère le gain d'expérience. Pas d'alarme particulière sur ce point puisqu'on nous a affirmé que les joueurs non-premium bénéficiaient de la progression normale, telle qu'elle étaient voulu par l'équipe dès le début, leur progression ne sera donc pas excessivement longue, et ils ne seront pas forcés de se tourner vers le premium.
Ce qui a davantage attiré notre attention, ce sont les "unités premium" elles ne sont pas bien nombreuses dans le jeu à l'heure actuelle, mais elles ne sont déblocable que contre de l'argent réel. Elles ne devraient pas déséquilibrer le jeu puisque selon les développeurs elles ne sont pas particulièrement fortes voire même "un peu plus faibles que les autres unités de leur niveau". Leur principal intérêt est qu'elles remplissent des catégories manquantes au sein de leur faction. Par exemple, les barbares n'ont pas de lanciers à pied, sauf une seule unité, qui est premium. Pour celui qui veut jouer des lanciers à pieds sans payer, il suffit de choisir une autre faction, les grecs par exemple comptent de nombreux lanciers dans leurs rangs, mais ça signifie qu'il faudra monter le niveau d'un commandant grec. Encore une fois le premium représente surtout un gain de temps.
Ainsi si les unités premium ne domineront certainement pas le champs de bataille, nous ne pouvons malheureusement pas dire à un joueur non-premium qu'il aura accès à l'intégralité du jeu.
Des ajouts constants
Il y a quelques jours l'équipe nous donnait de nouveau rendez-vous à Paris pour annoncer la sortie d'une quatrième faction : Carthage.
L'arrivée de Carthage, ce n'est pas seulement Hannibal et ses éléphants, ce sont des dizaines de nouvelles unités, autant de nouveaux styles de jeu que de nouveaux commandants (ils sont deux pour l'instant) et surtout, un très bon signal.
Un bon signal parce qu'un ajout de cette taille sur un jeu qui était déjà attendu pour ses trois premières factions montre une confiance certaine dans le projet de la part de CA et Wargaming.
Au final, voilà un total war vraiment unique en son genre : free to play, massivement multijoueur, offrant de l'action rapide, exigeante et immédiate, tout en vous demandant de devenir peu à peu meilleur à la fois en décisions et en mécanique de combat, on serait presque tenté de parler de Total War dans sa version MOBA. En tout cas le titre est une bonne surprise et on vous conseille fortement de vous y essayer dès la prochaine occasion.
