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«Bilan, Expansion, Ambitions... »: Entretien avec F-X Deniele - Rainbow Six : le Tier One en ligne de mire ?

Rainbow Six : le Tier One en ligne de mire ?
«Bilan, Expansion, Ambitions... »: Entretien avec F-X Deniele
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Francois-Xavier Deniele est le directeur de la section esport chez Ubisoft. Veiller à la croissance de R6:S sur la scène des sports électroniques et mener l’expansion des tournois de la licence à travers le monde entier, c’est son rôle ! Et c’est en plein coeur du Six Invitational 2019 qu’il a accepté de nous livrer de précieuses informations sur l'avenir de la discipline.

Francois-Xavier Deniele - Rainbow Six Siege
Francois-Xavier Deniele

On entre dans la quatrième année de Rainbow Six Siege. Peux-tu établir un bilan sur votre positionnement en termes d'esport ?

On a changé beaucoup de choses l’année dernière. L’année trois était vraiment une année de changement et d’évolution du programme. On arrivait vraiment à maturité, donc on avait besoin de le faire évoluer. On a introduit le système de ligue [pour le circuit professionnel], on a introduit un Major à Paris, on a introduit des Minors. L’idée de l’année quatre, c’est vraiment de consolider tous ces layers de compétition.

Pourquoi ? Parce que je pense qu’il ne faut pas changer tous les ans, mais s’adapter en fonction de nos marchés. La flexibilité c’est vraiment ce qui est dans l’ADN de notre esport. C’est dire : « il faut être au plus proche de ce que chaque région et chaque compétition a besoin ».

C’est pour ça que durant l’année quatre, on va essayer d’avoir une expansion qui est géographique. On revient en Europe, pour une finale de Pro League, on va pour la première fois en Asie, pour une autre finale, ce qui est quand même un sacré message envoyé, et on retourne aux États-Unis pour notre Major. Ce sera une belle année pour les fans de Rainbow Six, puisqu’ils auront des événements à travers le monde entier.

Programme des événements de l'année 4 - Rainbow Six Siege
Programme des événements de l'année 4

Est-ce qu’il y a aussi une ambition en termes de poids sur la scène esportive générale ? Comme de prendre la place de certains géants, déjà bien enracinés, tels que CS ou LoL ? Est-ce que vous voulez vraiment vous positionner à ce niveau-là dans l’esport ?

Je ne dirais pas le contraire (Rires) ! Oui, bien sûr ! On veut devenir de plus en plus un acteur majeur dans l’esport. Je pense que le secteur de l’esport a encore de la place pour des acteurs.

Aujourd’hui, je considère qu’un MOBA, un League of Legends, c’est un concurrent, puisque c’est un jeu vidéo. Mais autant qu’on travaille ensemble aussi. Qu’on grandisse ensemble en tant qu’industrie de l’esport. Je pense qu’on a besoin d’être cohérents tous ensemble. On a besoin de montrer à une population plus large que les gamers - qui représentent déjà beaucoup de monde - forment une industrie sérieuse, qui est mature. Et une industrie qui va de plus en plus être présente.

Donc oui, on veut faire partie de ces grands, mais ce qui est important de garder en tête, c’est que chaque jeu a son ADN. Moi, je vois vraiment chaque jeu comme une discipline. Je pense que Rainbow a pour lui cet ADN propre, une manière de consommer un FPS qui est un peu différente des autres, et je pense qu’il faut surtout qu’on s’appuie là dessus.

Ce que fait Counter Strike c’est génial, mais c’est dans son domaine, avec son ADN. Répliquer les choses, je ne suis pas sûr que ce soit ce qu’il faille faire et je pense qu’avec Rainbow on a trouvé notre ligne directrice en esport.

Est-ce que tu peux parler un peu des plans, des choses que vous allez mettre en place pour atteindre ce fameux Tier 1 ?

Il y a plusieurs choses qui sont importantes à noter. La première, c’est l’introduction de la Chine ! Il faut se le dire : si tu veux rentrer dans le top, t’as besoin d’avoir un marché chinois important. On l’a vu avec les Dota, les LoL. Parfois, c’est même là un second souffle pour certains jeux, parce qu’il relance une scène esport avec de nouvelles équipes, une nouvelle motivation. On travaille dessus, on annoncera cela quand ce sera prêt, mais je pense que ce sera pour nous une nouvelle expansion et un nouveau moyen d’atteindre ces top tier concurrents qui sont là depuis longtemps.

L’Asie du Sud-Est est un vrai marché aussi, pour l’ensemble de l’industrie. Je pense que c’est un marché qui a pris l’esport dès le départ comme une consommation du jeu vidéo quotidienne, donc à nous de savoir nous renforcer là-bas. Et bien sûr, on va dire la Rolls-Royce de l’esport qui est la Corée du Sud : à nous d’investir dans ce marché-là, parce que c’est aussi un marché qui démontrera la maturité de notre jeu. Donc on a encore pas mal de boulot à faire.

En parlant de la Chine, comment va-t-elle être introduite dans le circuit esport ? Est-ce que cela se fera de manière locale ou sera-t-elle directement intégrée dans le circuit de Pro League ?

On est en train de bosser dessus. L’idée, c’est vraiment d’être au plus proche du marché chinois, qui est un marché très fragmenté régionalement. Le marché est très grand en terme géographique, donc on travaille avec notre partenaire, Tensent, qui est notre partenaire Ubisoft en Chine. L’idée n’est pas obligatoirement de répliquer ce que l’on fait dans les autres territoires ou de faire quelque chose de spécifique, mais de trouver le meilleur moyen de s’associer à ce territoire là.

Si je prenais un parallèle, c’est vraiment ce que l’on a fait en LATAM et au Brésil particulièrement, qui était un marché très différent dans sa manière de consommer de l’esport. Aujourd’hui, on peut voir que le championnat brésilien de Rainbow Six est notre seul championnat offline. Les équipes vivent au même endroit, parce que c’est un marché qui consomme l’esport de manière hebdomadaire, mais surtout d’une manière où ils ont envie de voir les joueurs. Ils starifient énormément leurs joueurs.

Donc à nous de bosser avec les équipes en Chine pour trouver le meilleur moyen de l’introduire. Mais bien sûr, l’associer au programme mondial c’est nécessaire à un moment, donc il y aura des choses communes, ça c’est sur.

Est-ce que vous comptez aborder le continent africain et développer l’esport là-bas ? Est-ce que c’est un objectif à l’avenir ?

Oui tout à fait ! On a des bonnes relations avec des acteurs locaux, avec qui l’on peut réfléchir à une expansion en Afrique. Je pense qu’il y a deux subregions qui sont peut-être plus prêtes. L’Afrique du Sud, de par la langue, la présence forte des jeux vidéo depuis longtemps et un marché. Et puis l’Afrique du Nord. Je pense que le Maroc - et on l’a vu par la sortie de nos opérateurs - a un vrai intérêt. Donc oui, on essaye d’y travailler de plus en plus.

Il faut ouvrir des serveurs là-bas, ça prend du temps. Avec les infrastructures, c’est long à mettre en place. Maintenant, comme je l’ai dit, chaque chose en son temps : quand on aura atteint une masse critique et une maturité dans plein de domaines, alors on pourra commencer ce travail important.

Je crois que l’Afrique, dans les années à venir, va devenir un marché important de l’esport, parce que c’est une population qui est jeune et qui est intéressée par l’esport. Donc à nous de leur donner les outils.

Ne trouves-tu pas qu’actuellement sur R6, il y a un gouffre qui s’est créé entre la perception des joueurs occasionnels et celle des professionnels quant à la façon d’aborder les bases du jeu ?

Il y a deux points dans cette question. Il y a le point de comment tu embarques le maximum de joueurs à comprendre les compétitions et à les regarder. Et après, tu as : comment tu travailles le jeu pour des populations différentes.

C’est là tout l’art d’un jeu live, d’un jeu qui marche et d’un jeu qui dure. D’un côté, tu as 200 joueurs qui jouent à un jeu qui n’est pas le même que pour les 40 millions qui jouent à un autre jeu. Mais en fait, c’est le cas pour tout jeu qui est poussé dans ses retranchements. Il faut juste que l’on garde en tête que l’un est juste une version très poussée de ce à quoi l’autre joue.

©Benjamin «ShortID» Martinet - Rainbow Six Siege
©Benjamin «ShortID» Martinet

C’est-à-dire que : nous on met des outils en place pour garder un contact avec ces deux populations. On ne peut pas les opposer. On fait des workshops avec les joueurs professionnels pour comprendre comment le jeu serait équilibré à leurs yeux, quel est l’impact de notre travail sur leurs stratégies, le balancing, la compétition. Donc on travaille avec eux. Mais on est aussi là pour les éduquer, pour leur dire qu’il y a quand même 40 millions de personnes qui jouent à un jeu, qu’ils aiment avec leurs propres règles.

On a énormément travaillé sur ces deux aspects-là. Un des aspects de l’année quatre, qui a été dévoilé par l’équipe de production et qui va dans ce sens, ce sont nos playlists.

À l’heure actuelle, avec ce qui est proposé dans le jeu, soit les gens arrivent en se disant que le côté compétitif est trop dur et par conséquent lâchent l’affaire, soit ils prennent des mauvaises habitudes et voient leur progression biaisée dès le début. Tu penses que les playlists vont apporter le changement nécessaire ?

C’est vrai, maintenant encore une fois, on est un jeu qui évolue. On est un jeu qui apprend. Il faut aussi être humbles et se dire que ça ne fait que 3 ans qu’on est là. Je dis toujours qu’un jeu comme R6, c’est comme un vélo sur lequel on va apporter des modifications, pendant qu’il roule, sans qu’il puisse s’arrêter.

Ce qui est passionnant, car ce jeu évolue avec les gens. Il faut lui laisser le temps et croire en cette équipe de production qui a vraiment la communauté dans la tête à chaque fois qu’ils prennent une décision. C’est juste que parfois, il faut tester des choses, revenir, retester des choses et je pense qu’on est en train d’arriver à une maturité sur le jeu avec ces introductions de playlists qui vont, j’espère, permettre de comprendre ce que chaque niveau de joueur à besoin.

Je pense que c’est là où on apprend tous, de tout ce que fait l’industrie, de ce que les MOBA ont énormément apporté. Ils ont eu le même problème. Dans Rainbow Six, comme le jeu évolue beaucoup et s’enrichit tous les 3 mois, c’est à nous d’être toujours très vigilants pour ne pas abandonner ceux qui arrivent. Parce que la plus grande erreur d’un jeu, c’est d’abandonner cette nouvelle génération de joueurs qui arrivent.

Et comme je le dis toujours : peut-être qu’aujourd’hui il y a un mec derrière son PC qui est le prochain Pengu et qu’il faut juste l’accompagner. Ne pas lui laisser trop de moments de doutes sur comment son jeu va évoluer et comment il doit évoluer dans son jeu.

Comment fonctionne l’implantation de vos réseaux esportifs pour Rainbow Six à travers les quatre coins du globe ?

Ubisoft a une force depuis sa création, c’est cet ancrage local. On a des filiales qui sont là depuis le début, dans une grande partie des pays et donc le pari qu’on a pris dès le départ, c’est de se dire : on va s’appuyer sur une expertise hyper forte, sur les besoins du marché, ses acteurs et ses communautés, pour lancer et introduire nos compétitions.

Quand on voit qu’on a 18 tournois nationaux de Rainbow Six en trois ans, on se dit quand même que l’on a hyper bien travaillé chez Ubisoft. Aujourd’hui, on a atteint une maturité dans le nombre de nos tournois et c’est l’un des éléments de notre stratégie pour l’année à venir : l’ouverture à des acteurs externes.

L’exemple de la Croatie avec OGA PIT. C’est un moyen d’être sur un marché que l’on ne connaît pas, ça nous permet d’accompagner un acteur qui veut devenir expert sur ce marché-là, en lui donnant accès à notre marque. C’est gagnant pour tout le monde et ça permet à des communautés locales qui ont moins souvent l’occasion d’avoir des compétitions propres au pays, d’avoir accès à une compétition pour eux.

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Christopher Lima
Luzi

Chris « LuZi » Lima - Rédacteur esportif

Co-écrit avec : Marshall Gunner

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