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Rainbow Six : Entretien avec Risze de LeStream Esport

Rainbow Six : Entretien avec Risze de LeStream Esport
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État des lieux, avec le plus français des joueurs belges, de l'unique structure tricolore évoluant en Pro League saison IX.

Rainbow Six : Entretien avec Risze de LeStream Esport

LeStream Esport est actuellement second de la Pro League et nourrit des ambitions fortes sur la scène de Rainbow Six.

Construit sur les cendres phénixéennes de Millenium, le roster de la dernière structure française présente dans le Championnat Européen devra poursuivre son évolution pour se hisser aux Finales de Milan en mai prochain.

Entretien en profondeur avec Valentin Liradelfo, aka Risze (au centre ci-dessus).

Débutons par le passé pour comprendre sur quoi repose aujourd’hui LeStream Esport. À savoir : la fin du cycle de Millenium. Qu’est-ce qui a créé la scission du groupe à cette époque ?

Cela faisait un moment qu'on rencontrait des problèmes récurrents, qui impactaient grandement les performances et notre capacité à évoluer en équipe. Après en avoir discuté et après avoir relevé souvent les mêmes points, Aceez, Hicks, Crapelle et moi en avons déduit une incompatibilité entre Liven, Renshi et le jeu que l'équipe voulait proposer sous le lead de Hicks.

Qu’est-ce qui a été reproché à Liven et Renshiro ?

Étant donné que Liven avait émis le souhait d’arrêter d’être lead in game, pour se concentrer un peu plus sur son jeu, on n’avait pas vraiment d’autres possibilités... Aceez, Renshiro et moi sommes incapables de lead. Enfin, ce n’est pas que je ne suis pas capable, mais je ne serai pas capable de faire ça aussi bien que Hicks. Et je trouve que quelqu’un qui lead aussi bien que lui, ce serait un gâchis de ne pas le mettre en lead.

De façon générale, ce qui a péché - et ce pendant longtemps, même si l’on a essayé d’en parler, de trouver des solutions - ce sont clairement les visions des choses. Pour Liven, ce qu’on lui demandait c’était de s’insérer dans une vision de jeu qui n’était pas la sienne. [Une assimilation] avec laquelle il n’était pas confortable et qui sur le long terme ne marcherait jamais.

Pour ce qui est de Renshiro, c’est aussi compliqué. En fait, à partir du moment où l’on est parti en escouade anglophone, la communication qui était l’un de ses principaux axes de progression est devenue encore plus problématique. C’est-à-dire qu’avant, Renshi ne parlait pas énormément. Même s’il faisait beaucoup d’efforts à ce niveau-là, à parler de plus en plus en français, en anglais il était parfois un peu perdu et on l’entendait beaucoup moins. Donc ça n’apportait aucune valeur à la communication.

Il y a aussi le fait que Renshi c’est quelqu’un qui a besoin d’être micromanagé. Je pense que même s’il est très bon dans la confiance des calls que tu vas lui donner et qu’il va suivre, bah il y a des fois où il ne va pas forcément prendre d’initiatives.

Et en réalité, ça, c’est quelque chose dont nous avions besoin. De quelqu’un qui est à l’avant, qui peut prendre des initiatives, qui peut les communiquer et qui n’a pas besoin d’être « micromanagé ». Donc ça, ce sont vraiment les raisons pour lesquelles on a décidé de faire le changement.

Rainbow Six Siege

N’était-il pas possible d’accorder plus de temps à cette équipe qui avait tout de même réalisé de beaux parcours, que ce soit en Pro League, en Dreamhack, au Major de Paris ou encore sur la scène française ?

OK, on a fait des bons résultats avec cette line-up. J’en suis très fier. J’ai été très heureux. Je ne dénigrerais jamais le travail qu’on a fait avant. C’est juste que quand tu regardes les résultats, sur le long terme, ils sont allés de plus en plus vers le bas. On était tout simplement plus dans la « Honeymoon ». Quand cinq personnes se rassemblent pour faire une équipe et que tout va très bien au début, parce que tout le monde a la hype, tout le monde est chaud.

Certains ont tout de même le sentiment que vous n’avez peut-être pas laissé assez de temps au roster pour évoluer...

Il y a toujours un potentiel d’évolution. Je ne doute pas que Liven et Renshi veulent travailler sur eux-mêmes et évoluer. Par exemple, je pense sincèrement que Liven essayait d’atteindre ce qu’on lui demandait. Mais à côté de ça, il y a un moment où il était devenu impossible de lui en parler, parce que c’était trop. Et je comprends qu’il y a un moment, où quand on insiste sur ta façon de jouer et ton évolution, que tu fais déjà ton possible et qu’on t’en demande encore plus, tu le ressens et tu deviens imperméable à la critique.

Il y a des gens qui ne seront pas d’accord avec moi. Peut-être même que Liven et Renshi ne seront pas d’accord avec moi, quand je dis que l’on a sous-performé. Mais pour moi, passer d’un Top deux Européen à un Top quatre, c’est sous-performer. Et pour une équipe en général, si un jour tu veux devenir le Top un Européen, voire monde, il faut te donner les moyens. Il faut travailler sur les problèmes dont on parle depuis x temps. Et si ça n’avance pas, bah il y a un moment où - en fait, tu te retrouves acculé, dos au mur - tu dois prendre ce genre de décision désagréable.

J’imagine que prendre cette décision a été lourde de conséquences sur un plan affectif ?

Je pense que personne n’aime kicker des gens. Personne n’aime ça, littéralement. Je déteste encore le fait qu’on l’ait fait, mais il y a un moment où quand tu joues en compétition, il y a des attentes à avoir. Et si elles ne sont pas atteintes, ou du moins satisfaisantes, pour l’ensemble de l’équipe, alors il y a des décisions qui se prennent. Parce que c’est soit ça, soit tu continues à sous-performer...

Moi on m’a toujours dit, à raison d’ailleurs, que ce soit ma période Call of Duty ou mes débuts sur Rainbow Six - quand je jouais chez Nitrado, justement avec Liven, xAeee, tout ça - on m’a toujours dit : « si tu veux progresser, il faut arrêter de jouer avec tes potes ». Et à l’époque, j’avais refusé Yunktis en saison II, parce que je voulais justement jouer avec mes potes, avec un projet d’équipe qui me correspondait bien. Et au final, j’ai peut-être raté, je dis bien peut-être parce que je ne sais pas comment cela se serait passé si j’avais été là à la place de Jogg évidemment, mais j’ai peut-être raté une chance d’être champion de Pro League à ce moment-là.

Aujourd’hui, j’ai beaucoup d’amis dans ce milieu, mais ce qui compte c’est la compétition. On a tous envie d’être au top. Mais il y a parfois des personnalités ou des styles de jeux, qui ne sont pas compatibles les uns avec les autres, qui font que parfois tu dois prendre ce genre de décision difficile et aller de l’avant. C’est ce qu’on a fait.

Millenium / ©DreamHack - Rainbow Six Siege
Millenium / ©DreamHack

J’aimerais revenir sur des termes que tu as évoqués et qui semblent très intéressants : la vision de Hicks. Qu’est-ce que la vision de Hicks ?

Comment le jeu se joue d’après Hicks ? Il faut bien comprendre que sa vision est relativement semblable à d’autres visions sur certains aspects. Et puis il va y avoir son jugement personnel et l’optimisation. Selon moi et c’est vraiment mon avis, je pense sincèrement que la vision de Hicks est ce qui se rapproche le plus - de tous les Leads que j’ai eus à travers mes anciennes équipes - de comment le jeu se joue en réalité.

Il y a autant de différences d’une vision à l’autre ?

Pour comparer deux visions de jeu et deux façons de lead : avec Liven, par exemple, c’était beaucoup plus freestyle, beaucoup plus libre. Ce qui permettait plus d’actions individuelles et moins de barrières, de façon générale. Ça peut être bien dans un sens. Ça peut être très mauvais dans l’autre. Là où Hicks, lui, a un lead qui est plus carré, plus protocolaire. Il aime bien avoir un jeu un peu plus safe.

Tu as parlé de : « comment le jeu se joue en réalité. » Quelle est cette réalité ? Est-elle finalement semblable à celle des G2 Esports qui représentent actuellement la meilleure équipe du monde sur Rainbow Six depuis de nombreuses saisons ?

Concrètement, je pense que tout le monde a envie de se rapprocher de G2. Tout le monde a envie de se rapprocher de l’équipe qui gagne le plus. Maintenant, il ne faut pas tomber dans le piège de vouloir trop faire comme eux. Parce que... c’est quoi le style de jeu de G2 ? Il n’y en a pas en fait. Parce que s’il y a bien une équipe qui a toujours changé de style et qui a toujours su appuyer sur ce qui était fort, à part Lion, c’est G2.

En fait, je serais incapable de te dire comment joue G2. C’est compliqué, car tant que tu n’es pas en interne pour savoir comment ça fonctionne, les décisions que prend un Fabian ou un Pengu, la seule chose que tu peux voir, ce sont des gars qui roulent sur les autres. C’est compliqué. On pense qu’ils jouent simplement au jeu comme il doit être joué dans les bases et qu’après ils appuient sur des points forts. Comme certaines poses, certains opérateurs, certaines défenses, des exec’ lentes, des deux-temps… Ils ont un panel d’exécutions énorme.

Donc G2 reste une source d’inspiration et d’exemplarité, mais pas au point de calquer votre façon de faire dessus...

On prend parfois, comme tout le monde, exemple sur eux, sur certains aspects, mais on ne veut pas forcément jouer comme eux.

Même au niveau de la proposition de jeu et des shorts calls (donner des ordres rapides à l’intérieure d’un plan de jeu) qu’est capable de faire chacun de leurs joueurs ? Vous entourer d’Alphama et Uuno, deux in game leaders dans leurs anciennes équipes, semble clairement converger dans ce sens…

Non, c’est particulier à mettre en place. On n’a pas vocation à donner le lead à n’importe qui dès qu’il y a une information. Nous, on fonctionne un peu différemment par rapport à ça et je pense que chaque équipe doit - avec les profils, les caractères et autres - trouver une zone de confort. En l’occurrence chez nous ça ne fonctionne pas comme ça.

Je sais bien que chez G2, de temps en temps, il y en a un qui prend le lead comme ça pendant un round parce qu’il a vu un truc et il dit : OK, on devrait faire ça. Et il n’y a pas de validation ou autre, les gens font confiance.

Là où nous, on est plus sur un délire de donner des infos - les infos importantes parce qu’on a des strats basiques de ce qu’on veut faire - et puis une fois qu’on récupéré toutes les petites infos, c’est Hicks qui fait le call final. Et parfois, Uuno fait de la redirection, des shorts calls. Mais ce n’est pas ce qui va foncièrement changer tes performances. Si t’es dans une bonne zone de confort, tant que les gens te font confiance il n’y a aucun souci. Chaque équipe fonctionne sous sa propre bannière.

Hicks / ©LeStream Esport - Rainbow Six Siege
Hicks / ©LeStream Esport

Vous avez choisi de recruter Uuno et de pousser un peu plus l’internationalisation de l’équipe. Pourquoi lui précisément ?

Quand on a fait le changement, on s’est posé la question de ce dont on avait besoin. La réponse était simple : on avait besoin de profils qui interagissent et qui pouvaient apporter, proposer du jeu. C’est quelque chose qui manquait cruellement chez Millenium.

Le choix pour l’open frag s’est complètement porté sur Uuno. Très facilement, parce qu’Uuno reste l’un des meilleurs fraggers d’Europe. Et à côté de ça, c’est un ancien game leader. Donc c’est un gars qui a l’habitude de faire de l’entry frag tout en leadant. C’est insane !

C’est vrai que c’est un gros point fort...

Il y a très peu de gens qui peuvent faire ça, c’est incroyable. On l’a mis dans une position d’entry avec un complément de short caller. C’est-à-dire qu’il ne va pas lead, mais il sera à l’avant pour proposer du jeu. Et ça, en fait, c’est quelque chose qui permet à une attaque de ne pas être bloquée pendant peut-être 30 ou 45 secondes sur un défenseur qui peut être facilement nade (recevoir une grenade), un mur qui peut facilement être ouvert, et cetera.

Il n’y a pas un risque d’interférences entre la vision d’Uuno et celle de Hicks pour le coup ?

Hicks comprend très bien ce qu’Uuno veut faire et Uuno, de plus en plus, comprend comment Hicks voudrait que l’on joue. Je pense que ça va extrêmement bien à Uuno parce qu’on le met dans des conditions favorables et je pense qu’il retrouve une confiance en ses coéquipiers qu’il avait peut-être perdue. D’une manière générale, il y a une relation de confiance qui se fait avec le temps, parce que les deux se comprennent et se complètent.

Et en ce qui concerne Alphama ? Là aussi, vous avez pris un virage assez surprenant en recrutant l’un des plus jeunes joueurs de la scène française...

Pour ce qui est d’Alphama, on avait besoin d’un support capable de flank holder (garder le back). Même si là on l’essaye sur un autre rôle, donc pendant les prochains matchs vous allez le voir en support hard breacher et Hicks en flank holder. C’est l’un des changements qu’on a fait après le Six et ça marche plutôt bien en ce moment.

Alphama / ©DreamHack - Rainbow Six Siege
Alphama / ©DreamHack

Qu’apporte-t-il concrètement ?

Pour moi, Uuno remplace Renshi et Alphama remplace Liven. Il fallait apporter cette touche support que Liven avait du mal à avoir, peut-être parce que ce n’était pas un rôle qui lui correspondait. Dans le fond, je suis sur et certain que ce n’était pas ce qu’il voulait. Je pense que Liven a toujours voulu être en flex ou en entry frag.

Aussi, avoir quelqu’un comme Alphama, qui est jeune et qui est complètement capable d’apprendre, qui n’a pas une vision déjà toute faite du jeu, c’est extrêmement important et extrêmement bénéfique.

Tout le monde doit savoir dans quelle direction il va. Et en l’occurrence, Alphama, qui était ancien in game leader, avec cette capacité de support et cette ouverture d’esprit, parce que jeune, parce qu’arrivant dans une équipe professionnelle, c’était tout bénef pour nous. En plus de ça, le garçon est bon, c’était assez simple de faire un choix.

N’y avait-il pas un risque de voir l’évolution d’Aceez freinée avec tous ces changements ?

Aceez a toujours été un god. C’est un jeune joueur qui a encore des élans de moves individuels, mais ce qui est bien avec Aceez, c’est que quand tu vas lui faire un reproche, il va l’accepter. C’est vraiment quelqu’un que j’aime beaucoup, même hors du jeu.

En ce moment il vit une période difficile et je ne vais pas rentrer dans les détails, car c’est privé, mais c’est un peu chiant pour lui de gérer ça. Il reste malgré tout extrêmement fort in game et il arrive toujours à avoir cette capacité à se remettre en question, à progresser. Je suis sûr que quand cette période sera passée, ce sera encore mieux. Car à la base c’est toujours quelqu’un qui rigole, qui fait des blagues. C’est un bon vivant. Parfois un gamin, mais t’as besoin de ce genre de coéquipier pour mettre un peu d’ambiance (rires).

Et toi, quel est ton ressenti d’homme et de joueur par rapport à ton parcours depuis ton arrivée chez Millenium, jusqu’à maintenant chez LeStream Esport ?

Quand je suis arrivé chez Millenium, j’étais extrêmement reconnaissant. Je le suis toujours d’ailleurs, par rapport à ce second souffle qu’on m’a accordé. Mon ressenti c’est vraiment d’avoir commencé à progresser depuis que j’ai commencé à jouer avec Hicks. Et je pense que je progresse encore plus depuis qu’il est in game leader.

Hicks t’avais d’ailleurs placé sur un rôle de support, fût un temps. Toi qui d’ordinaire est plutôt flex. Que penses-tu de cette position dans une escouade ?

Sur ce jeu, j’ai presque tout joué en compétition. C’est mon kiff, j’aimerais bien être le plus complet possible. [Depuis l’époque Vitality] j’ai un peu tout fait. Ça m’a donné des bagages pour l’avenir et je suis très content d’avoir commencé par le rôle de support. Quand t’es derrière et que tu vois les autres évoluer… C’est certains que tu ne vas pas tout savoir sur tout, tu ne vas pas tout savoir sur le rôle de l’entry ou celui de flex - mais tu vas en voir plus.

Aceez / ©LeStream Esport - Rainbow Six Siege
Aceez / ©LeStream Esport

Ça parait bateau, mais l’entry va push et ne pas voir derrière lui. Faire de l’entry, quand t’es bon, c’est facile. Tout le monde peut faire de l’entry. Hicks peut faire de l’entry, je peux faire de l’entry, Alphama peut faire de l’entry. La différence qu’il va y avoir, c’est le taux de réussite dans les duels. Ça ne veut pas dire que tu le fais mal, c’est juste que tu le fais moins bien que les autres.

Par contre, le support ou le flex, il y a une façon de le faire et tout le monde ne peut pas le faire. Commencer par le rôle de support c’est peut-être un peu chiant, mais c’est clairement le rôle le plus formateur au jeu. C’est en tout cas quelque chose qui m’a aidé à beaucoup poser mon jeu et à comprendre le travail des gens qui sont derrière pour appuyer ceux qui sont devant.

Votre prestation au Six Invitational en février a été quelque peu décevante par rapport à ce que l’on attendait de vous. Quels éléments avez-vous pointés du doigt lors du debrief ?

Le debrief est simple : on a juste très mal joué. De façon générale, à la fin des deux games, moi je me suis demandé qu’est ce que j’ai foutu...

Peut-être une mauvaise gestion de la pression ?

Non, la pression on ne l’avait pas. Tous les joueurs de l’équipe sont expérimentés des gros événements et Alphama a très bien géré sa pression. J’ai fait un gros travail là-dessus là bas, qui lui a fait du bien.

Cela dit, je pense qu’on a juste très mal joué ensemble, on n’a pas joué notre jeu, on n’a pas développé ce qu’on a l’habitude de montrer : un jeu agressif, un jeu qui donne l’impression qu’on part un peu dans tous les sens alors qu’en fait tout est prévu. Ça, on n’a pas pu le reproduire au Six. La raison profonde je n’en sais rien, ce que je peux te dire c’est qu’on était tous dégouté de nos performances individuelles et de ce qu’on a apporté en équipe. Ce n’était clairement pas assez.

Le debrief s’est fait assez rapidement. « Bon, on a choke l’événement, on va se concentrer sur la deuxième partie de Pro League. Maintenant, on oublie le Six et let’s go, on va de l’avant. » Et c’est ce qu’on fait depuis qu’on est rentré. En prac' pour le moment ça annonce du bon, et on a hâte que la Pro League reprenne pour montrer qu’on est toujours là.

Justement, vous êtes actuellement second du Championnat Européen. Avec un potentiel retour de G2, une Team Empire qui semble intouchable et tous vos poursuivants, comment entrevois-tu la fin de cette neuvième édition de Pro League ?

J’avais déjà dit avant le Six que G2 allait revenir en force. C’est quelque chose qui était assez facile à entrevoir, ce se sont quand même des joueurs expérimentés. Le fait qu’ils aient un peu sous-performé sur une demi-saison, ça parait fou pour beaucoup de gens alors qu’en réalité : ils sont humains, ils peuvent perdre aussi. Je pense donc sincèrement qu’il y aura un retour en force de G2. À côté de ça, il va également y avoir un retour en force de certaines équipes comme Secret et éventuellement Mousesports.

Je pense qu’on va avoir du mal à rattraper Empire et qu’on va devoir se battre pour notre deuxième place. On va devoir se battre contre des équipes qui sont très fortes et qui vont faire un retour en force. Parce que même si - par exemple - les Secret, à l’heure actuelle, sont derniers, je pense vraiment que ça va être un gros morceau. Il n’y a pas d’équipes faibles actuellement en Pro League. Toutes les équipes ici sont capables de battre G2.

Deux équipes françaises reléguées de Pro League la saison dernière ; plus aucune escouade entièrement française pour la saison actuelle, une première en 9 saisons ; aucuns Français présents en phase finale du Six Invitational… Quel est le problème aujourd’hui avec la France au plus haut niveau ?

Je ne veux pas commencer à parler au nom d’autres personnes que moi… Mais je pense très sincèrement - et je ne suis pas le seul - que le problème de la scène française à l’heure actuelle, que ce soit sur Siege ou tout autre jeu, c’est la mentalité.

Le pire ennemi des équipes françaises ce sont elles-mêmes. Il suffit juste de voir les matchs entre français, en LAN française. Oui, les équipes se connaissent mieux, mais il y a une rivalité, un esprit, un ego qui entre en jeu, qui est absolument phénoménal. Et ça, je ne m’en rendais peut-être pas compte avant. On s’apprécie tous, mais il y a clairement trop d’ego dans la mentalité française, et ces défauts-là ils vont rentrer dans des aspects qui t’empêchent de progresser et de gagner.

©LeStream Esport - Rainbow Six Siege
©LeStream Esport

Peut-elle tout de même évoluer et redevenir une nation forte ?

Ce que je pense de la scène française, à l’heure actuelle, c’est qu’elle n’évoluera pas tant que les gens n’arrêteront pas de se prendre pour les meilleures, tout le temps. Sans l’être. C’est bien d’arriver sur le serveur avec une mentalité de gagnant, de te dire : « je suis le meilleur joueur de ce lobby, je vais remplir mon rôle à la perfection ». Mais ce n’est pas bien de penser : « de toute façon, je n’ai rien à apprendre ici, je vais juste leur montrer ce que je sais faire et après j’irais sur APEX ». Tu vois ce que je veux dire ?

Selon moi, l’esport en général, c’est un milieu où il est extrêmement difficile de survivre, car c’est un milieu ou t’es en perpétuelle remise en question. C’est extrêmement compliqué de faire ce qu’on fait, parce que clairement, tous les jours, pendant quatre heures par soir, tu vas être soumis à tout un tas de facteurs : à chaque erreur que tu vas faire, on va te la pointer du doigt, te dire qu’il faut que tu fasses gaffe à ça, et toi, tu dois être assez fort pour qu’à chaque erreur faite, tu dises : « OK, j’ai merdé ».

Est-ce que dans la vie de tous les jours, toi, quand tu dois ravaler un peu ta fierté et dire « j’ai merdé », ça ne te fait pas un peu mal au cul quand même ?

Si bien sûr, comme tout le monde...

Voilà, pour tout le monde. Il n’y a pas une seule personne qui peut faire ça de façon totalement anodine. Le milieu esportif est extrêmement exigeant. Et il exige de chaque personne une remise en question perpétuelle. La mentalité française a vraiment du mal à vivre ça.

En fait, ce qui se passe généralement dans les équipes françaises : tu as un leader, je ne parle pas forcément du leader in game, mais de façon générale il y a souvent un leader avec du caractère qui va un peu imposer sa vision aux gens.

Soit les gens vont être d’accord, parce qu’ils ont des plus faibles caractères que le leader, ou tout simplement ce sont des gens qui acceptent le fait que. Ou alors, il va y avoir plusieurs caractères qui vont un peu s’imposer et ça ne va jamais vraiment avancer. Parce que l’un voudrait avoir raison sur l’autre et ça n’avance pas. Parce qu’à mon sens il n’y a pas cette capacité à mettre un peu l’ego de côté, à écouter un peu l’autre, avec la possibilité d’apprendre quelque chose. C’est très compliqué.

Pour toi, c’est typiquement français ?

On va dire que c’est parce que je suis Belge et que j’ai le seum d’avoir perdu la coupe du monde, alors que tout le monde le sait, moi et le foot (rires)… Je dis juste que ça fait onze ans que je fais de l’esport, à un niveau pro seulement sur Siege, à un niveau semi-pro sur Call of Duty, et j’ai fait énormément d’équipes.

Il y a des talents en France, il y a énormément de bons joueurs. Il y a des gens qui peuvent être les futurs champions du monde, je n’ai aucun doute là-dessus. La scène française est énorme et elle est extrêmement compétitive. Mais ce dont je suis convaincu - et ça n’engage que moi - c’est qu’il y a ce problème de mentalité récurrent dans les équipes françaises.

Un dernier mot pour clôturer cet entretien ?

Merci à toi pour l’interview et aux fans qui nous soutiennent. Ça fait extrêmement plaisir de les avoir à nos côtés, même dans les pires moments. Dans la défaite, ça fait du bien. Heureusement qu’ils sont là, car ça nous permet de faire ce qui est dur. On sous-estime grandement cette difficulté mentale à évoluer dans ce milieu très difficile et, vraiment, s’il n’y avait pas le soutien des gens proches ou moins proches, ce serait vraiment difficile de continuer. Ne changez pas, vous êtes au top !

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