Éditeur : Sony
Développeur : Guerilla Games
Date de sortie : 23 février 2011
Genre : FPS
Plateforme de test : PlayStation 3
Existe sur : Exclusivité PS3
Move et 3D stéréoscopiques disponibles
Lorsque l’on évoque le nom de « Killzone », il en ressort deux idées principales, tout d’abord on pense à une exclusivité PlayStation 3, puis on pense à un jeu aux graphismes béton. Alors, on en vient à se demander comment cette suite peut apporter son lot de nouveauté et garder tout l’esprit émanant de ses aînés et surtout on veut savoir si les erreurs commises par le passé ont été corrigées. Le jeu revient donc avec une armada de technologies et propose de goûter aux possibilités offertes par le Playstation Move, le tout mitonné à la sauce 3D stéréoscopique. Est-ce que cette nouvelle recette de Helghasts grillés sur coulis de tomates est savoureuse ?
Killzone 3 est la suite directe de Killzone 2, et c’est sur la planète Helghan que nous nous retrouvons, meurtrie par une guerre opposant les forces de l’ISA (Alliance Stratégique Interplanétaire) aux Helghasts. Le leader Scolar Visari est mort et certains troubles alimentent sa succession, en effet, Jorhan Stahl et Orlock ont des visions différentes et leurs avis convergent difficilement laissant planer le doute sur la stabilité politique entre Helghasts. Malheureusement pour les forces de l’ISA, leur présence n’est pas vue d’un bon œil et c’est par des Helghasts que Sev, Rico et Narville se font accueillir histoire de changer la donne. Un accueil très chaleureux dans une ville détruite où de petites incursions prennent place. Les petites habitudes reprennent et les combats repartent de plus belle, on se planque derrière les éléments du décor et on dégomme les Helghasts en prenant le soin de repérer les lumières rouges émanant de leurs yeux. La maniabilité ainsi que la précision sont un chouiya améliorées et on ressent toute la lourdeur de notre personnage sous sa combinaison, ce qui au début peut parfois poser problème, mais on s’y accoutume à sa juste valeur, au final il en ressort l’impression d’être une grosse masse ambulante, ce qui fait bien ressortir le compromis puissance/lenteur.
Ce premier contact avec Helghan laisse bouche bée, les graphismes sont tout simplement somptueux et l’ambiance post-apocalyptique est parfaitement retranscrite. Les couleurs prédominantes sont ternes, mélangeant cet aspect « chrome » et « sépia » avec merveille, les drapeaux flottent dans l’air malgré les bombardements incessants et le ciel arbore encore les stigmates d’attaques nucléaires dévastatrices. On sentirait presque l’air irrespirable et pollué de la capitale et paradoxalement, en compagnie de ces graphismes radieux, on se sent bien et on apprécie les améliorations accordées au moteur du jeu. Une très bonne entame dirions-nous, on prend rapidement nos marques en se planquant derrière les gravats et on pointe le bout de notre nez à chaque fois que l’ennemi stoppe le tir, car on se fait rapidement démonter si on n’est pas assez prudent. C’est aussi ça la force de Killzone, aux premiers abords, on crise assez rapidement lorsque les Helghasts ne cessent de nous tuer, mais on en prend l’habitude et on avance très lentement de peur de se faire surprendre. Commence alors une psychose rébarbative où la peur de l’ennemi plane continuellement vous poussant à prendre vos précautions à tout moment contre l’oppresseur qui ne vous fera pas de cadeau.
Car oui, les Helghasts sont très habiles, mais également très malins, l’intelligence artificielle de Killzone 2 débarque à nouveau dans cette mouture et les Helghasts ne se contenteront pas de vous tirer dessus, mais se cacheront judicieusement et sortiront de leurs cachettes uniquement pour vous cribler de balles. Il arrive souvent qu’ils changent de position, et parfois, lorsqu’on recharge son arme à l’abri et que l’on ressort pour tirer, les Helghasts ne sont plus au même endroit et on se fait surprendre de nouveau ajoutant encore un petit côté surprise. Vous avancez donc avec vos camarades, loin d’être passifs et pour l’occasion, ne font pas tache, c’est là aussi un bon point dans l’IA du jeu, ils se battent et prennent des initiatives comme venir finir les ennemis au corps à corps. Lorsque vous mourrez, et que vous avez un partenaire proche de vous, il peut venir vous réanimer afin que vous puissiez reprendre rapidement le combat, mais lorsqu’il est trop éloigné, il préférera bien entendu vous laisser mourir dans d’atroces souffrances. Pour éviter cela, les éléments du décor peuvent être utilisés pour se planquer, mais au fur et à mesure, votre planque sera compromise et les Helghasts belliqueux vous délogeront assez rapidement et il arrive souvent qu’une petite grenade bien placée ne vienne vous piquer les fesses.
Pour ce qui est des armes, la mitraillette traditionnelle sera souvent utilisée de par son efficacité et sa précision. Mais les développeurs ont fait en sorte de nous pousser à utiliser les autres armes en intégrant des ennemis qui vous tirent dessus à une très longue distance où l’usage du sniper est bien entendu recommandé. Les mitrailleuses lourdes, sont, quant à elles, utiles lorsque vous avez une masse d’ennemis proches et perd rapidement de son efficacité avec les ennemis lointains. Question munitions, il a de nombreuses caisses éparpillées un peu partout rechargeant toutes vos armes, au fur et à mesure de votre avancé, ces caisses deviendront votre meilleur allié étant donné qu’elles sont utilisables à souhait, ne vous étonnez pas de faire plusieurs allers-retours pour recharger vos batteries. Les grenades sont toujours aussi efficaces, mais la physique qui leur est accordée est assez étrange, on a réellement du mal à bien gérer leurs trajectoires et cela agace assez souvent de voir une grenade partir à l’opposé de l’endroit où on voulait la jeter. L’arme la plus agréable à jouer est sans doute le lance-roquette à tête chercheuse, qui peut se verrouiller aussi bien sur une cible unique, que sur plusieurs cible en même temps, la roquette pouvant se diviser en plusieurs parties, une vraie partie de plaisir. Le combat au corps à corps intègre lui plusieurs façons de mettre fin à la vie de vos adversaires, et, selon le moment où vous allez appuyer sur la touche ou la position de ceux-ci, vous allez les tuer de différentes façons, on peut alors admirer Sev placer un coup de couteau vicieux ou bien de tordre le coup de l’assaillant, simple, mais efficace ! Une nouvelle arme fait son apparition, qui rappellera à tous les joueurs de DOOM, le BFG-9000, une sorte de canon à énergie qui envoie bouler tout ce qui se trouve dans sa trajectoire.
Il a de la suite dans les idées l’ami Sev, et s’il est en manque d’idée il peut se mettre aux commandes d’un engin mécanique « L’exosquelette » vous embarquant dans une petite ballade forte agréable en shootant les vilains qui auraient le courage de se frotter à vous. Cette phase de jeu intéressante est un pur plaisir, tout comme l’immersion dans votre personnage, ce passage aux commandes de l’exosquelette vous plonge littéralement à l’intérieur de l’appareil et le sentiment de puissance est une fois de plus mis en avant, l’appareil se déplaçant au son métallique de ses pas, explosant les pauvres Helghasts avec la mitrailleuse lourde et les missiles. D’ailleurs l’animation des engins mécaniques est époustouflante, de l’exosquelette aux sentinelles aériennes en passant par les chiens robots, rien ne déçoit et c’est à chaque fois un plaisir de voir tous ces rouages s’animer dans un souci de réalisme poussé. Je serais tenté de vous parler d’un passage épique où vous combattez un monstre colossal, où le gigantisme a été poussé à son paroxysme, mais je préférerais vous le laisser découvrir, car une telle chose, ça ne se décrit pas, ça se vit.
L'autre grande nouveauté c'est de piloter un jet-pack, très utile pour atteindre des plateformes inaccessibles en temps normal et possédant une mitrailleuse intégrée, une phase dans le jeu vraiment agréable, c'est tout de même un peu dommage qu'on ne retrouve pas plus le jet-pack au cours du jeu. Pour les autres petites phases aux commandes d’appareils, certaines sont réussies, mais par contre d’autres sont ratés, comme la phase où vous pilotez un vaisseau dans la neige où tout arrive tellement vite que vous n’avez ni le temps de comprendre ce qui vous arrive, ni le temps de savourer la scène. Bien entendu, ces petits entractes donnent un certain coup de boost au jeu et plutôt que de mourir dans la linéarité, quelques horizons différents s’offrent à nous, c’est une bonne idée, mais dans certains cas, l’idée aurait pu être poussée et clairement travaillée pour afficher des objectifs concrets, car on s’y perd souvent. Notons toutefois que cette initiative de la part des développeurs est une très bonne chose, cela donne du souffle et permet de donner une certaine fluidité au jeu, mais cela casse parfois le rythme du jeu, et c’est fort bien dommage.
Une fluidité qui d’ailleurs aurait pu être hachée par les très nombreuses scènes cinématiques, mais comment ne pas les savourer tant elles resplendissent. Car, oui, c’est un peu la marque de fabrique d’un Killzone, les graphismes au plus haut, encore et toujours et donc cela se traduit par des cut scene omniprésentes qui permettent de mieux ancrer le contexte et ajoute une forme de narration alternative de l’histoire. Mais on sait que la beauté ne fait pas tout et de nombreuses cut scene sont inutiles, placées à un moment donné histoire de combler les trous et d’augmenter la durée de vie du jeu. Où sont donc passés les rebondissements et les moments forts ? Là est toute la question, car les développeurs avaient là un moyen de marquer le coup, surtout avec une telle architecture graphique, ils n’avaient plus qu’à faire travailler leurs méninges et de pondre des idées originales, mais surtout, d’accentuer la trame de l’histoire progressivement avec des coups de théâtre… Au lieu de cela, on se retrouve avec des dialogues insipides ou des engueulades inutiles dont on se serait bien passé. Alors oui, ces cut scene passent comme dans du beurre et ne viennent pas troubler la trame appauvrie du jeu tout simplement de par leur beauté. En dépit de cela, on ressent vraiment cette insuffisance, et, arrivé au terme de l’aventure qui nous met face à une fin nullissime, on est complètement déçu et on regrette que l’histoire n’ait pas été travaillée. C’est tout simplement le manque à gagner, qui aurait fait de Killzone un jeu extraordinaire, c’est un peu comme une épine dans le pied, il suffit de la retirer pour que tout aille mieux, c’est aussi simple que ça. Beaucoup de regrets donc en ce qui concerne l’histoire et la durée de vie extrêmement courte où on achève le mode solo du jeu en 7 heures à peine.
Outre le fait que l'histoire et la durée de vie soit un gros point noir, l’ambiance sonore et musicale est réussie et les musiques mélodieuses parfaitement orchestrées collent parfaitement avec le jeu et son ambiance. Des musiques entraînantes agrémentent les assauts et donnent de la profondeur au titre, des symphonies qui n’ont rien à envier aux productions hollywoodiennes. Le jeu avait clairement besoin de cela, se voulant comme un gros blockbuster, des thèmes encenseurs étaient de rigueur. Les bruitages nous font littéralement vibrer, je ne peux citer que la phase nous opposant au géant de métal, où vrombissements, explosions, pattes métalliques qui viennent fracasser le sol, bruit de laser alimentent à l’unisson la bande-son avec brio ! Fantastique ! Concernant les doublages, il vaut mieux mettre le jeu en anglais, les doublages français sont dignes d’un Rambo, clairement abusés.
