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Esport - Rainbow Six Siege : Témoignage d'une maman de joueur professionnel

Esport - Rainbow Six Siege : Témoignage d'une maman de joueur professionnel
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Lorsque la scolarité, le gaming, l’esport et les choix de la vie s’entrechoquent, il vaut mieux pouvoir compter sur le soutien infaillible d’une mère. Celle de Voy, joueur de Rainbow Six professionnel en European League et 6 French League, (se) raconte.

Esport - Rainbow Six Siege : Témoignage d'une maman de joueur professionnel

Je suis maman de quatre enfants. Valentin est le troisième de la fratrie. Il a tenu sa première manette (non branchée) à 6 mois. À un an, il s’est rendu compte de la supercherie ! Mon tonton Pierre serait très fier du parcours de mon fils : passionné de jeux vidéo, lui aussi, et ayant perdu une main, il avait bricolé un adaptateur lui permettant d’utiliser la manette de sa Super Nintendo avec cinq doigts, le tout avec Valentin sur ses genoux pendant des heures, devant Super Mario.

Valentin cramponnera sa première souris, sur Mario Paint, à 18 mois seulement. Une fois, alors qu’il avait 3 ans, lorsque sa tante lui a demandé ce qu’il faisait assis devant l’ordinateur, sans bouger, il lui a répondu qu’il défragmentait le disque dur. Ses cadeaux d’anniversaire ou de Noël ? Des consoles, des jeux, des livres. Il aime les livres depuis toujours, pour la lecture bien sûr, mais aussi la beauté d’une collection complète sur son étagère.

Bon élève, très matheux, il avait des facilités et par conséquent « s’économisait » souvent. Faisant le minimum pour passer une classe. Il jouait en cachette le soir, il me l’a avoué il y a peu de temps. Mais ses résultats n’ont jamais été alarmants, alors je n’ai rien remarqué. Il a découvert la musique en 6ème grâce à un super professeur, qui a souhaité qu’il intègre une classe CHAM (Classe à horaires aménagés musicale, NDLR). Inscrit au conservatoire, il était le seul élève à aimer le solfège obligatoire. Après des débuts au violon, il est passé à l’alto. Comme dans sa scolarité, ses facilités lui permettaient de jouer à la perfection sans vraiment travailler à la maison. J’étais toujours surprise lorsque j’allais l’écouter en concert.

Je n’imaginais pas à l’époque qu’il ferait du jeu vidéo son métier. Il a eu son Bac et s’est ensuite dirigé vers un BTS informatique en alternance. Il n’était pas très heureux dans la société où il était apprenti, mais il a tenu le coup, et tout en faisant le minimum, il a obtenu son BTS.

Il n’était pas encore réellement dans la compétition. Il faisait des tournois en ligne ou des LANs, parfois. Je n’aurais pas accepté qu’il arrête ses études pour faire de la compétition. Le « passe ton Bac / BTS d’abord » aurait été de rigueur. Il passait beaucoup de temps devant son ordinateur à jouer en ligne. On me disait, « il n’a pas de copains » « il est coupé du monde ». J’ai découvert que non, il n’était pas coupé du monde, il avait des connaissances dans la France entière et même à l’étranger.

Après son BTS, il m’a dit qu’il ne souhaitait pas travailler dans cette branche. Ce n’est pas grave, il l’a ce BTS, il servira peut-être un jour. Il a trouvé une place de vendeur chez Micromania et j’étais heureuse de l’entendre me raconter ses journées de vendeur avec passion. Lorsqu’il a décidé d’arrêter de travailler chez Micromania, pour se consacrer à R6, j’ai été inquiète comme toutes les mamans, mais je ne lui ai jamais dit que c’était une erreur.

Je trouve que la vie professionnelle est longue, trop longue pour n’avoir qu’une seule carrière, qu’un seul métier. Moi-même, j’ai eu la chance étant fonctionnaire en mairie, d’avoir exercé 5 métiers différents. Alors, j’estime que si Valentin peut vivre son rêve tant qu’il est jeune, sans famille à charge, c’est génial, c’est le moment ! Aux yeux de plusieurs personnes, je suis une mère inconsciente, car je l’encourage « à ne rien faire. » Traduction : il ne travaillerait pas, il ne cotiserait pas pour sa retraite, il vivrait en décalage par rapport aux gens normaux, etc… Les « ce n’est pas un travail » ; « ah bon, il en vit ? » ; « quand est-ce qu’il va trouver du travail ? » ; « est-ce qu’il cherche du travail ? » Je les entends souvent !

Pourtant, je le vois travailler dur. Les heures d’entraînement, le travail de stratégie, moi, je sais que c’est un vrai travail. Oui, il est rarement debout avant la fin de matinée. Oui, il dîne à l’heure où je me couche et se couche peu de temps avant que mon réveil sonne… Oui, il crie dans sa chambre le soir et je stresse de voir débarquer les voisins… Mais il fait un travail qu’il aime ! Et cela n’a pas de prix.

J’ai choisi de le suivre et de l’encourager discrètement. Je me suis mise à Twitter, Twitch pour le suivre. J’ai pris la fibre Orange parce que c’est l’idéal pour lui (et très bien pour moi aussi). J’ai pleuré de joie et de rage devant certains matchs, vécus en apnée ! J’ai été la première maman de la communauté à suivre son enfant sur Twitch. Valentin m’a découverte un soir sur la chaîne de Scok (présentateur des matchs de Rainbow Six, NDLR). C’était une soirée sur un autre jeu que R6S, entre amis. Il ne vivait plus chez moi. Scok lui a dit « Voy il y a quelqu’un qui s’appelle Voysfan1 sur le chat », Valentin étonné lui a répondu « c’est peut-être ma mère, mais il est tard, elle doit sûrement dormir ! »

Je suis restée jusqu’à 5 heures du matin à pleurer de rire en les écoutant. Avec un autre joueur, ils me posaient des questions pour vérifier si c’était bien moi. C’était comme si mon fils était avec moi, alors qu’il était physiquement loin. Un autre très bon souvenir : le week-end de folie sur Twitter et Twitch lorsqu’il fallait voter pour envoyer Vitality au Six Invitational (le championnat mondial de Rainbow Six, NDLR). Appels à la famille, aux amis, aux collègues… J’ai terminé en larmes de joie : Valentin allait réaliser son rêve de partir à Montréal !

Aujourd’hui, nous sommes un groupe de six Mums de joueurs pro R6, d’équipes différentes et nous avons notre conversation privée sur Twitter. On échange de tout et de rien, et on se soutient quand nos garçons ne sont pas bien. On vient d’adopter une 7ème maman d’un petit nouveau, elle nous pose plein de questions, on lui explique R6 à notre sauce. J’ai pas mal échangé aussi avec une autre maman quand son fils a vécu ce que Valentin avait vécu peu de temps avant.

Je ne questionne pas Valentin, il ne répondrait pas, c’est lui qui me raconte quand il en a envie ou s’il en a besoin. Parfois, j’essaie de lui faire comprendre ce que ressentent les fans, et le fait qu’ils seraient sans doute heureux d’avoir un peu plus de communication et un peu plus de streams de sa part. Mais il a du mal à réaliser. Il est toujours surpris quand on lui demande des autographes ou des photos.

Ce métier demande beaucoup de sacrifices, il a manqué beaucoup de réunions de famille ou des moments importants. Entre les entraînements et les compétitions, il n’est pas très disponible.

En matière de relations humaines, je crois qu’il a grandi en comprenant que le monde de R6 est bien loin d’être le monde des Bisounours. On prend parfois des claques dans le monde du travail ! Je pense que la réelle amitié y est très rare et j’ai l’impression qu’il l’a compris (peut être à ses dépens).

Je ne dis pas que je ne suis pas angoissée quand il se retrouve sans contrat, sans revenu. Mais j’essaie de ne pas lui montrer. Je vis la situation au jour le jour, car les contrats ne durent jamais très longtemps. Et je ne sais jamais s’il va partir vivre ailleurs ou rester à la maison. Ces « contrats » pour moi, ne ressemblent pas à des contrats de travail. Il n’y a pas ou peu de réglementation. Le statut des joueurs est souvent celui d’autoentrepreneur, que je n’aime pas du tout, que je trouve opaque et désavantageux. Malheureusement, la législation du droit du travail n’est (pour l’instant) pas compatible avec ce métier.

Cette instabilité est difficile à vivre pour moi, mais je ne dois pas lui faire ressentir, car j’imagine à quel point ça doit être angoissant pour lui aussi. Je suis là quand il a besoin, on a un toit, j’ai un salaire fixe, alors on peut y arriver. Je sais que ça s’arrêtera bientôt, car il commence à se faire vieux (Voy a 26, ndlr), mais j’espère vraiment qu’avant sa retraite de R6, il soulèvera ce marteau dont il rêve.

Et après ? Il faudra qu’il trouve sa voie, la suivante. Je ferai en sorte d’être là s’il a besoin et je l’encouragerai quel que soit son choix. Comme une maman doit le faire. Quand mes enfants sont heureux, je suis heureuse. Quand ils sont mal, je suis mal. C’est le rôle d’une maman d’encourager, de guider, de conseiller, sans jamais chercher à imposer. Et un enfant, même adulte, a le droit de changer de voie.

Par Nathalie, mère de Valentin « Voy » Cheron.

Photo : François Kaiser

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Christopher Lima
Luzi

Chris « LuZi » Lima - Rédacteur esportif

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