De toutes les scènes esportives qui maturent actuellement, celle de Fortnite est sans doute la plus cruelle. Dans un écosystème où les compétitions prennent la forme d'opens conviant des milliers de prétendants et où les métagames changent radicalement tous les trois mois, il y a peu de places pour les pros qui ne s'adaptent pas très vite aux changements, et qui sont sur la sellette d'un major à l'autre. Un univers intraitable et sans pitié qui se parachève avec la finale FNCS du week-end prochain, où on ne verra ni Bugha, ni Benjy, ni Mongraal, ni Mitr0, ni Zayt, ni Clix, ni Aqua, et j'en passe. En EU et NA : la fin de la vieille garde ?
Fortnite, le jeu qui change plus vite que son ombre
Pour bien saisir en quoi cette finale FNCS est inédite, de par l'absence des pontes qui faisaient la pluie et le beau temps sur le BR il y a quelques années, il faut avant tout s'intéresser aux fluctuations de la méta.
Ce n'est désormais plus un secret pour personne : Epic Games se soucie davantage de l'expérience de jeu du joueur moyen que du pro qui mange de l'Arène champion au petit déjeuner. Résultat : le jeu change de méta sans crier gare, et on sent que le titre est pensé pour être fun avant d'être "100 % viable" d'un point de vue compétitif. Encore très récemment, la Semaine du feu a rendu une session FNCS cruciale quasiment injouable pour les compétiteurs. Et pas la peine non plus de caresser l'espoir de revoir des patch notes officiels détaillés en amont des majors.
Par conséquent, les vétérans doivent redoubler d'efforts pour désapprendre et réapprendre les façons de jouer et de dominer la méta. Jouer la hauteur, appréhender une méta spam, changer son spawn parce qu'Epic l'a rendu caduque la veille d'un tournoi, apprendre un nouveau système de points pour la centième fois pour optimiser ses chances... C'est un peu le quotidien d'un joueur pro de Fortnite, et même en étant entouré par des analystes et des coachs, on imagine que le rythme est dur à suivre.
A ce petit jeu, la nouvelle vague de joueurs pros -souvent très jeunes- semble mieux préparée. Et sans aller jusqu'à dire qu'il poussent les vétérans vers la sortie, il est clair qu'ils les ont cette fois bouté hors de la grande finale saisonnière.
Une tendance qui s'observe chez les FR
Côté francophone également, la nouvelle génération vient frapper à la porte. Jamais une finale FNCS n'avait contenu autant de trios français, belges ou suisses que celle de cette saison 6. Et quand on y regarde de plus près, les francophones en lice sont pour la plupart des rookies, ou tout du moins des joueurs qui n'arpentent que depuis quelques mois les plus hautes instances compétitives du BR.
L'incarnation de cette tendance ? 4zr, joueur suisse âgé de seulement 16 ans, naviguant sous pavillon Grizi Esport, et qui a survolé les compétitions majeures de ces dernières semaines.
De l'autre côté, les temps sont durs pour les vétérans francophones. Pas de finale pour Kinstaar et Hunter. Ca ne passe pas non plus pour le trio Vato, Airwaks et Skite, qui échoue aux portes de la dernière épreuve... Et qui annonce sa séparation dans la foulée. Même si leurs mécaniques restent affutées, certains de ces briscards ne cachent plus leur difficulté à prendre du plaisir sur le jeu. Elle semble loin, l'époque de la World Cup...
Ils auront été trop réguliers et trop dominants en highground pour ne pas l'emporter ! Trulex, Queasy et Jureky sont les nouveaux champions en titre des FNCS. 4zr, Tayson et Nayte finissent premier trio francophone en accrochant une belle 3e place.
