Les fans ont l'habitude d'attendre pas mal d'années entre chaque Diablo : il a fallu par exemple 12 ans entre Diablo 2 et Diablo 3, et 9 ans entre Diablo 3 et Diablo 2: Resurrected. C'est pourquoi la date de sortie de Diablo 4, dévoilée "à peine" 4 ans après son annonce lors de la BlizzCon 2019, en a étonner plus d'un.
Et malheureusement pour les développeurs, cela signifie une bonne dose de crunch pour réussir à atteindre des objectifs.
Blizzard : Une culture du crunch qui n'en fini plus
Une quinzaine d'anciens et actuels employés anonymes ont notamment accordé une longue interview à la journaliste Shannon Liao du Washington Post pour informer sur la mauvaise gestion de Blizzard par rapport, entre autre, au développement de Diablo 4.
Le Washington Post a rapporté que l'équipe Diablo 4 était littéralement embourbée dans des horaires de travail ingérables, que Blizzard encouragerait en échange d'avantage franchement douteux et largement avantages insuffisants.
En effet, d'après les employés, qui ont témoigné sous couvert de l'anonymat, les horaires — qui peuvent aller jusqu'à plus de 12h par jour — seraient "récompensées" par quelques actions Blizzard après la sortie du jeu, ou encore 25$ de Door Dash (un service de livraison de repas) par ci par la, avantages que les employés qualifient de "dérisoires".
Les délais impossibles à tenir, l'indécision des dirigeants et des révisions de scénario inquiétantes ont conduit à un ral le bol général ainsi qu'à un turnover important.
"Auparavant, cela a ruiné les relations dans lesquelles j'étais, [...] personne ne veut sortir avec quelqu'un qui a à peine le temps pour lui pendant des mois, au moins une fois par an, si ce n'est plus", a déclaré un employé actuel de Blizzard Albany "Cela a affecté ma santé et mes relations, tant familiales que sentimentales. Cela affecte ma capacité à apprécier les choses" confie-t-il au Washington Post, décrivant les symptômes typiques d'un burn-out."
"Nous en sommes au point où ils ne veulent plus retarder le jeu, alors nous devons tous faire avec et déterminer jusqu'à quel point nous sommes prêts à nous faire du mal pour nous assurer que le jeu sortira dans un état suffisamment bon."
En plus d'affecter les employés et leur santé mentale et physique, il se pourrait bien que ces méthodes de crunch — qu'affectionne particulièrement Blizzard, et les grosses corporations en général, il semblerait — affecte également la qualité du jeu. Et ce ne serait pas la première fois.
Blizzard répond
Andrew Reynolds, porte-parole de Blizzard Entertainment, a répondu à l'article du Washington Post par la déclaration suivante :
"Comme vous le savez peut-être, le développement d'un jeu en général, et de Diablo IV en particulier, suit un processus itératif qui s'étend au fil du temps. La production du jeu se déroule extrêmement bien."
"Les heures supplémentaires sont volontaires et limitées à des équipes spécifiques. Nous interrogeons régulièrement l'équipe sur son bien-être professionnel, et les derniers résultats sont les plus positifs depuis des années."
Une réponse qui paraît assez peu convaincante face aux allégations des employés de Blizzard, qui dressent un portrait inquiétant de la société tant du coté humain que professionnel.
"En ce qui concerne certains éléments narratifs" continue Blizzard, faisant référence aux révisions de scénario inquiétantes mentionnées dans l'article du Washington Post "l'histoire en question a été présentée il y a plus de trois ans, sous une autre direction, comme une histoire de personnage et non comme un contenu de jeu. À l'époque, elle a été jugée inappropriée et nous avons pris une autre direction. Nous restons confiants dans l'équipe - ils construisent quelque chose d'incroyable, et ont reçu beaucoup de commentaires positifs de la part des joueurs."
Ces décisions créatives "inquiétantes" et "inappropriées", seraient en partie attribuées à Sebastian Stępień, ancien directeur créatif de The Witcher 3 et scénariste de Cyberpunk 277, aurait entrepris une réécriture de l'ensemble du scénario de Diablo 4, créant ce que plusieurs employés ont appelé la "version viol" en raison de références répétées "à un personnage féminin dont la description principale se réduit à "la femme violée" selon le Washington Post.
Toutes ces allégations viennent se rajouter à une longue liste de plaintes pour harcèlement sexuel.
La sortie de Diablo IV est donc prévue pour le 6 juin 2023 sur PC, PS4, PS5, Xbox One et Xbox Series.
De nos jours, c'est la mode d'incorporer une belle figurine, un casque ou un accessoire notable dans les grosses éditions collector des AAA. Mais pour la sortie Diablo IV, Blizzard a fait l'étrange choix d'ajouter une grosse bougie satanique qui risque de ne pas convaincre tous les joueurs.
