Imaginez un instant Avatar premier du nom se faire voler la vedette par un blockbuster encore plus ambitieux que lui en 2010... L'idée fait sourire aujourd'hui, mais elle a failli devenir réalité à l'époque, quand un richissime homme d'affaires chinois, Jon Jiang, a décidé de créer Empires of the Deep, un film à très gros budget sur la rencontre entre deux races humanoïdes, dans les abysses... Au programme : une histoire d'amour entre une jolie sirène et un navigateur humain sur fond de guerre du bien contre le mal, à grands renforts de monstres marins, de trahisons, et de combats épiques.
Les ressemblances avec Avatar auraient été multiples, mais le conditionnel reste de rigueur puisqu'Empires of the Deep, véritable cas d'école du fiasco cinématographique, a pris l'eau de tous les côtés et n'est jamais sorti en salles.
Une production qui part à la dérive
Les déboires du film sont tellement nombreux qu'on dirait une mauvaise blague. Tout commence par une tragique valse des réalisateurs. Jiang démarre des pourparlers avec Irvin Kershner (Star Wars, épisode V : L’Empire contre-attaque). Mais le milliardaire chinois est beaucoup trop invasif dans la direction du film. Il pousse des idées irréalistes jusqu'à écœurer les réalisateurs un à un. Kershner, Michael French et Pitof passeront successivement leur tour sur ce projet cahoteux.
C'est finalement Jonathan Lawrence qui écope d'un projet déjà miteux.
Le film traverse ensuite des difficultés avec les figurants. Ceux-ci sont victimes d'oublis de paiements de la part de la production, et décident donc de mettre les voiles. Or, tourner un blockbuster épique avec seulement 20 figurants en plateau, c'est pas génial...
Dès 2014, le refus des distributeurs américains de travailler avec Jiang va sceller le destin du film. Il ne sortira jamais en salles, et ne dépassera pas le stade de projet.
Et si on avait évité le pire ?
En 2012, Empires of the Deep a sorti une première bande-annonce (voir plus haut). Et, il faut bien l'admettre, c'était une purge absolue, même pour l'époque. Loin de concurrencer Avatar, ce projet sino-américain se serait ridiculisé s'il était sorti peu de temps après le blockbuster de Cameron.
Peut-être que l'abandon précoce du film (après 130 millions de dollars d'investissement, quand même) aura finalement été une bonne chose pour le magnat chinois. Confronté au vrai box office, il n'aurait probablement connu que l'opprobre... et un échec financier encore plus massif !