Contrairement à l'année précédente, 2024 manquait clairement de jeux poids lourds ayant su faire l'unanimité, alors que les ratés du JV sont presque aussi nombreux que les ratés électoraux. Nous allons passer en revue plusieurs jeux devenus la risée de la communauté, avec des notes catastrophiques. Bien entendu, le monde du jeu vidéo ne se limite pas qu'aux notes, et nous allons aussi aborder des fails notables sous d'autres formes (hors e-sport).
Les petits malheurs d'Horizon Zero Dawn
Commençons en douceur. Ce n'est pas nouveau, mais Sony a pris l'habitude de faire des remasters voire des remakes de jeu qui n'en ont pas vraiment besoin aux yeux du public. Après The Last of Us Part 1 et 2, c'était le tour d'Horizon Zero Dawn cette année. Ce qui rendait ce remaster étrange est que le jeu avait déjà eu droit à des mises à jour pour la sortie sur PS5 et pour son portage sur PC. Cette nouvelle version est un peu plus belle et elle ajoute quelques fonctionnalités mineures en termes de confort de jeu et d'accessibilité, mais rien de transcendant. Sans surprise, il n'a pas suscité un grand enthousiasme, même s'il est clair que le jeu est meilleur que jamais. Mais les choses ne s'arrêtent là avec la sortie du jeu LEGO Horizon Adventures. La licence n'était probablement pas assez populaire pour attirer les foules vers un jeu LEGO. Vendu à près de 70 euros pour une durée de vie très limitée et un gameplay qui l'est tout autant, le jeu semble être un échec commercial majeur. Sorti sur Steam en même temps que sur Playstation pour une fois, LEGO Horizon Adventures s'est vendu entre 7 000 et 13 000 exemplaires sur la plateforme de Valve selon les estimations.
Test Drive Unlimited Solar Crown : Limited Edition
Passons à un cas un peu plus sérieux avec Test Drive Unlimited Solar Crown qui a enfin réussi à sortir après des années d'attente et un développement chaotique. Comme on pouvait le craindre, le jeu est une énorme déception, avec un contenu aussi pauvre que fade et une progression pénible. On retrouve aussi le défaut récurrent de nombreux jeux modernes, puisqu'il faut disposer d'une connexion aux serveurs de jeu en permanence, même pour jouer en solo. La pilule serait probablement mieux passé si lesdits serveurs étaient en état de fonctionnement à la sortie. Mais il faut aussi voir le côté positif, cela a aidé de nombreux joueurs à se faire rembourser leur achat à temps ! Les notes sont dans tous les cas sans appel : 50/100 sur Metacritic et "Plutôt mauvais" sur Steam.
Concord : Fait comme l'avion
Le plus gros fail de l'année est certainement Concord, le hero shooter de Sony. Même s'il était terriblement générique, le jeu n'était pas si mauvais que ça, mais l'éditeur a commis de grosses erreurs dans son approche. La plus importante était sans aucun doute d'en faire un jeu payant, alors que tous ses concurrents populaires sont Free to Play. Quasiment personne ne va payer 40 euros et plus, pour jouer à une version inférieure d'Overwatch ou d'Apex Legends. L'échec a été encore pire que prévu, avec seulement 25 000 exemplaires vendus et quelques dizaines de joueurs présents en ligne avant que Sony ne prenne la décision de tout couper après deux semaines et de rembourser les joueurs.
Le studio Firewalk en charge du projet a aussi été fermé. Ce sont plus de 200 millions de dollars qui ont été investis dans ce projet, mais il faut admettre que cela demande un certain courage d'admettre qu'on s'est trompé et de couper les frais. Ironiquement, les boites de jeu de Concord ont gagné en valeur auprès des collectionneurs suite à sa fermeture. Si tout cela vous a rendu curieux, sachez qu'un des épisodes de la série d'Amazon Prime, Secret Level, est dédié à Concord. Il a été confirmé que cet épisode n'a pas été annulé.
Ubisoft
C'est triste à dire, mais le studio et éditeur français est une véritable honte nationale une année de plus. Ubisoft enchaîne tellement les fails qu'il pourrait remplir cet article à lui tout seul. On ne peut que s'interroger sur la façon dont les décisions sont prises en interne, cela donne presque l'impression qu'ils font exprès de se planter. Les grèves répétées (et probablement justifiées) des employés soulignent l'ampleur du problème. Le studio qu'on adorait il y a 20 ans et qui multipliait les titres à succès est bien loin. Si vous pensez qu'on exagère, voici une liste non exhaustive de leurs pires échecs de cette année.
Skull and bones : AhAhAhAH
Six ans après son annonce, le premier titre "AAAA" d'Ubisoft s'est avéré être un flop monumental. Vendu bien trop cher pour un jeu service, Skull and Bones est dépourvu de ce qui fait le charme d'Assassin's Creed Black Flag ou de Sea of Thieves. C'est lent, inintéressant, avec des tonnes de farm sans intérêt, un contenu pauvre et l'équilibrage général a été envoyé par le fond. En résumé, le jeu n'a pour lui que ses graphismes. Ubisoft ne nous a pas donné de chiffres, mais tout indique que c'est un échec commercial majeur. Ce n'est pas au niveau de Concord, mais les chiffres de SteamDB montrent bien que sa popularité est loin d'être au niveau escompté, puisque cela tourne autour des 2000 joueurs aux heures de pointe sur cette plateforme. Alors que Baldur's Gate 3 tourne encore autour des 90 000 par exemple et Helldivers 2 autour des 50 000 rien que sur Steam.
The Crew : Screw ses joueurs
Le premier titre de la licence de course coopératif d'Ubisoft a rencontré un succès aussi notable que durable malgré ses quelques défauts, puisqu'une communauté notable côtoyait toujours ses serveurs depuis 2014. Visiblement décidé à faire des économies au prix de son image (pour ce qu'il en reste), Ubisoft a décidé de couper les serveurs du jeu, qui n'est jouable qu'en ligne. Les joueurs espéraient qu'un dernier patch introduirait un mode hors connexion, mais c'était évidemment trop en demander à Ubisoft. Le studio a été attaqué en justice récemment sur le sujet et des joueurs passionnés essayent de développer un serveur privé, même si cela n'a pas l'air gagné.
Star Wars Outlaws : Assassiné par les bugs
Ce n'est pas le fail le plus spectaculaire du studio cette année, mais on ne peut que s'émerveiller sur la capacité d'Ubisoft à gâcher des opportunités en or comme un jeu Star Wars. Le jeu souffre de son lot de problèmes et de défauts, comme une histoire et un gameplay superficiels. Mais ce qui a le plus contribué à plomber sa popularité est le nombre incroyable de bugs. Combinés à des missions d'infiltrations déjà pénibles à la base, durant lesquelles le moindre échec est fatal et on a juste envie de se faire rembourser. Le problème avait pourtant été souligné quelques mois avant la sortie dans les previews. Ce type de mission a été modifié depuis, mais le mal était déjà fait. Dans ce contexte, le report d'Assassin's Creed Shadows à l'année prochaine est probablement une bonne chose, même s'il n'a pas choisi le bon mois pour sortir. En effet, il devrait arriver en même temps que Monster Hunter Wilds, Kingdom Comes 2 et d'autres gros titres. Il doit déjà réserver sa place dans l'édition 2025 de cet article.
Prince of Persia Lost Crown : Transformer une victoire en défaite
On se moque souvent d'Ubisoft pour tous ses jeux ratés, mais Prince of Persia Lost Crown est excellent. Ce spin off de la licence Prince of Persia est un très bon Metroidvania plein de bonnes idées, que cela soit au niveau des puzzles ou des combats. Les critiques sont unanimes, avec des notes Metacritic entre 85 et 88 selon la plateforme. Malheureusement, le jeu est considéré comme un échec commercial. Le fait de ne pas avoir le célèbre Prince de Perse en tant que protagoniste n'a probablement pas aidé, mais sa disponibilité sur le GamePass dès sa sortie est certainement une raison majeure. On ignore combien de joueurs supplémentaires en auraient fait l'acquisition autrement. Depuis, Ubisoft aurait décidé de dissoudre l'équipe en charge du jeu. Ses développeurs seront peut-être punis en ayant à créer des NFT pour le jeu suivant de cette liste ?
Champions Tactics Grimoria Chronicles : Le seul à toujours rêver des NFT
Il y a deux ans environ, tous les éditeurs aux dents longues annonçaient haut et fort leur intention de créer des jeux basés sur la Blockchain, le Web 3.0 et les Non Fongible Tokens, aka les NFT. Il était à la fois ridicule et inquiétant de voir les PDG d'Electronic Arts, Square Enix et autres nous informer que les NFT étaient l'avenir du milieu, tout en révélant leur intention de développer des jeux les intégrants. Évidemment, Ubisoft ne pouvait pas manquer une telle opportunité. Il a même été très rapide, puisque des NFT ont été intégrés à Ghost Recon Breakpoint. La fièvre est passée depuis, les éditeurs se sont rendu compte que les joueurs haïssent majoritairement les NFT et que les "Crypto bros" relèvent davantage de l'arnaqueur opportuniste que de l'investisseur visionnaire. Presque tout le monde a annulé discrètement ses jeux et projets dans ce domaine. Mais un petit éditeur gaulois résiste encore et toujours à l'envahisseur qu'est le bon sens : Ubisoft ! Il ne s'est pas laissé décourager par l'échec lamentable qu'a été sa première tentative (quelques dizaines de NFT seulement auraient été vendus au total sur Breakpoint). Voici leur premier titre centré sur les NFT, Champions Tactics Grimoria Chronicles.
On se demande pourquoi il n'a pas été annulé, d'autant que la sortie s'est faite sans la publicité accompagnant les autres jeux de l'éditeur. Cela semble indiquer que quelqu'un chez l'Ubisoft est bien conscient qu'il y a un problème. On ne peut qu'y voir une tentative timide d'amortir les frais, en espérant qu'il devienne populaire auprès des rares joueurs accros aux cryptos. Le jeu propose des duels de héros entre joueurs, avec des NFT de personnages dans la boutique, dont le prix peut dépasser les 50 000 euros. Tout le monde ne peut pas être Star Citizen. Malheureusement pour Ubisoft, l'arrivée du karma ne s'est pas fait attendre. Durant plusieurs jours, quelqu'un a réussi à exploiter les failles du jeu pour forcer tous les autres joueurs à l'affronter lors de leur match, ainsi qu'à perdre automatiquement avant même son démarrage.
XDefiant : XD
Au risque d'être accusé de faire du bashing d'Ubisoft, voici leur dernier fail de l'année (à l'heure où nous écrivons ces lignes, il ne faut pas les sous-estimer). Début décembre, l'éditeur a annoncé la fermeture de son FPS Arena Shooter free to play XDefiant, ainsi que celle des différents studios en charge de son développement. La formule "Call of Duty killer" circulait beaucoup autour du jeu. Nous n'avons pas retrouvé la source originale pour ce titre, et on ignore si quelqu'un de chez Ubisoft en est à l'origine. Mais il faut dire qu'avec une autre formule du genre déjà popularisée cette année, leur accorder le bénéfice du doute devient plus difficile. Pour vous donner un peu de contexte, XDefiant est initialement sorti en mai 2024 et il fermera définitivement ses portes en juin 2025. Au moins, ils remboursent les packs fondateurs et les achats faits en jeu, ce qui est loin d'être toujours le cas avec les jeux service avortés.
Star Citizen : La puissance du déni
Pour finir en beauté, Star Citizen a droit à sa place dans cet article tous les ans. Douze ans et plus de 700 millions de dollars récoltés après son annonce initiale, le jeu spatial de Chris Roberts fait toujours rêver (et payer) de nombreux joueurs. Star Citizen semble néanmoins avoir atteint un plateau dans sa récolte de fonds annuelle, alors que les frais s'accumulent. Citons notamment des acteurs célèbres dans ses cinématiques, des locaux design, des villas et des accusations de faux emplois pour les proches du PDG.
Pour motiver ses donateurs, Cloud Imperium Games aurait imposé plusieurs semaines de crunch obligatoires à de nombreux développeurs. Ce n'était pas pour pouvoir enfin sortir le jeu, mais pour une démo présentée lors du Citizen Con. Lorsque l'événement a eu lieu, le mode solo du jeu, nommé Squadron 42 a vu sa fenêtre de sortie repoussée une fois de plus, à 2026 cette fois. Mentionnons que l'année dernière, Squadron 42 avait été décrit comme "terminé" et qu'il ne manquait plus que les finitions. La cerise sur le gâteau est que le jeu va aussi devenir épisodique en prime. On se demande combien de temps les joueurs vont défendre un jeu dont la date de sortie semble perpétuellement fixée à "dans deux ans".
Mentions déshonorables
Ils n'ont pas droit à leur section dédiée, mais les jeux ayant droit à une sortie annuelle méritent d'être mentionnés dans cet article, comme NBA 2K25 et EA Sports FC25 parmi d'autres. Leur contenu évolue à peine d'une année sur l'autre (et pas toujours dans le bon sens), ils sont vendus au prix d'un AAA et leur monétisation est très agressive. De notre point de vue, c'est aussi un fail des joueurs de tomber dans le panneau et d'encourager ce genre de pratiques. Espérons que cela finira par changer, mais quelque chose nous dit que 2025 ne sera pas l'année des miracles.











