Cette plainte, rapportée par l'International Business Times, accuse Ubisoft d’avoir collecté les données personnelles des joueurs sans leur consentement dans plusieurs titres, notamment des jeux solo comme Far Cry Primal et Assassin’s Creed Shadows. Le verdict pourrait coûter cher : jusqu’à 92 millions d'euros d’amende.
Le 24 avril 2025, l’ONG Noyb, spécialisée dans la protection des données numériques, a déposé une plainte officielle auprès de l’autorité autrichienne de protection des données. Elle y accuse Ubisoft de violer les règles du RGPD en enregistrant, sans consentement explicite, des informations sur le comportement des joueurs dans des jeux solo nécessitant une connexion constante. Derrière cette façade technique se cacherait une stratégie de collecte de données à grande échelle.
Une collecte de données masquée sous la connectivité obligatoire
La principale accusation vise la connexion Internet imposée par Ubisoft pour ses jeux solo. Officiellement justifiée par des raisons de sécurité ou de fonctionnalités sociales, cette obligation masquerait, selon Noyb, un véritable siphonage de données comportementales. Dans Far Cry Primal, un joueur a découvert que le jeu envoyait jusqu’à 150 requêtes toutes les 10 minutes vers des serveurs tiers, notamment chez Amazon et Google. Ces requêtes, difficilement détectables par un utilisateur lambda, comprendraient des données détaillées sur les actions en jeu – mouvements, choix tactiques, interactions – sans que les joueurs aient consenti clairement à cette exploitation.
Le caractère crypté des transmissions rend leur contenu opaque et viole, selon Noyb, les exigences de transparence du RGPD. En exigeant la suppression des données collectées illégalement et en réclamant une amende record, l’ONG espère faire jurisprudence dans un secteur encore peu régulé. Ubisoft, de son côté, garde un silence assourdissant sur l’affaire.
Vers un bouleversement de l’industrie vidéoludique ?
Ce n’est pas la première fois qu’Ubisoft est accusé d’entorses à la protection des données. En 2024, une action collective l’accusait déjà d’avoir partagé les informations des utilisateurs de son store avec Meta via un pixel de tracking. Bien que cette affaire ait été classée sans suite par un juge californien, elle soulignait déjà une certaine opacité dans les pratiques de l’éditeur.
Mais cette fois, les conséquences pourraient être plus graves. Ubisoft, dont la valeur boursière a déjà chuté de moitié en 2024, pourrait voir son cours encore s’effondrer. Si Ubisoft est jugé coupable, le studio devra peut-être supprimer la connexion obligatoire pour ses jeux solo et repenser en profondeur sa manière de gérer les données des utilisateurs. L’impact pourrait se répercuter bien au-delà du studio français. D’autres éditeurs comme EA ou Activision, qui exploitent des mécaniques similaires, pourraient se retrouver dans le viseur des régulateurs.
L’affaire Ubisoft-Noyb pourrait bien marquer un tournant pour l’industrie. À l’heure où les frontières entre expérience de jeu et exploitation commerciale des données s’effacent, les joueurs réclament plus de transparence et de contrôle.







