Des quêtes mémorables, Baldur's Gate 3 en compte bon nombre. Pourtant si vous avez déjà terminé le fameux jeu de Larian Studios nul doute que vous vous souviendrez encore longtemps de celle impliquant Baal et son serviteur le plus puissant : l'effroyable Orin la Rouge que vous pourchassez tout au long de l'Acte 3 et qui se révèle être à l'origine de l'un des plus grands bains de sang de la Ville basse. Pourtant, saviez-vous que cette suite implique bien plus que ce que vous pourriez penser en la terminant une seule et unique fois ?
Une oeuvre macabre en hommage aux ex-serviteurs de Bhaal
Tout au long de l'Acte 3 de Baldur's Gate 3 donc, vous suivez malgré vous les traces d'une changeforme assez énigmatique portant le nom d'Orin la Rouge. Au fil de votre évolution vous découvrez, à condition de fouiller au-delà des quêtes principales, qu'elle est en fait impliquée directement dans six massacres particulièrement violents dont les cibles ont été méticuleusement choisies par les suivants de Bhaal, l'un des trois Dieux de la mort de Faerûn.
Les six cibles d'Orin ont en fait été choisies pour des raisons très précises, bien au-delà de celles qui vous sont présentées en jeu, quand elles le sont d'ailleurs. Toutes ont en effet pour point commun de ressembler de très près à d'anciens Rejetons de Bhaal que l'on pouvait rencontrer et combattre dans le DLC Throne of Bhaal de Baldur's Gate 2: Shadows of Amn (2001). Chacun de ces Rejetons avait en fait à l'époque une façon bien à lui de tuer ses victimes, mais aussi des raisons qui leur étaient propres à chaque fois, les meurtres n'étant jamais commis au hasard. Comment on le sait ? Ce sont les notes laissées par Orin sur chaque scène de crime qui l'expliquent !
Dans le Temple de la Main Tendue par exemple vous pouvez trouver une effigie faisant référence à Illasera, un Rejeton de Bhaal qui avait pour particularité de tuer ses victimes à longue portée à l'aide de son regard. Quel indice Orin laisse-t-elle sur la scène de crime de ce temple ? Elle arrache les yeux de chacun des corps laissés sur place avant d'empaler les orbites oculaires de chacun avec une lance.
Dans le même style trois cadavres de Drakéides sont trouvés sur l'une des scènes de crime, à proximité desquels gît un parchemin permettant de contrôler les dragons. Il s'agit là d'une référence directe à Abazigal, l'un des Rejetons de Bhaal connu pour avoir perdu la vie après s'être enorgueilli d'avoir pu contrôler une armée de wyrms.
Une autre scène de crime fait également référence à Yaga-Shura, encore un Rejeton de Bhaal cette fois prenant la forme d'un géant de feu connu pour avoir tenté de connaître l'immortalité en arrachant son propre cœur. Que retrouve-t-on sur la scène de crime qui lui fait référence ? Le corps d'un géant... et son cœur arraché !
Les deux seules effigies, et donc scènes de crime, ne faisant pas vraiment référence à des Rejetons de Bhaal sont celles de Balthazar et celle d'Amelyssan. Le premier est un fameux Moine depuis possédé par le nécromancien du même nom que l'on retrouve dans la Temple de Shaar et qui a, à l'époque, tenté de trahir Bhaal en mettant un terme à ses agissements et à sa lignée. Cette référence n'est qu'une vengeance pure et simple de la part d'Orin, ni plus, ni moins.
La seconde, Amelyssan, est plutôt respectée par Orin. Elle était en fait à la tête des opérations que l'on constate et contre lesquelles on lutte dans le DLC susmentionné de Baldur's Gate 2, se faisant alors passer pour une alliée du joueur avant de le trahir en toute fin de partie en plus de manipuler les cinq Rejetons de Bhaal à sa guise. Malgré une supercherie bien élaborée qu'Orin semble bien apprécié et une tentative de trahir non seulement Bhaal en consumant son essence mais aussi ses Rejetons elle n'aura pas survécu et aura été défaite, d'où la référence que La Rouge y fait : c'était une véritable génie du mal !
Orin n'est pas "juste" un Rejeton de Bhaal dans Baldur's Gate 3 !
Si vous avez joué en tant que Sombres Pulsions vous le savez déjà : Orin la Rouge est en fait mortellement jalouse de Sombres Pulsions. Elle se considère comme la plus fidèle et même la plus pure des Rejetons de Bhaal, et son seul objectif est de le faire savoir, voire même d'être la seule et unique représentante de ce club très fermé.
Bien au-delà de son ressentiment à l'égard du joueur de Sombres Pulsions qui s'avère être lui aussi un Rejeton de Bhaal, Orin nourrit une haine certaine pour les anciens Rejetons mentionnés précédemment parce qu'ils lui font encore aujourd'hui concurrence par le simple fait d'avoir existé. Son but ? Les détruire une fois pour toutes, les humilier et que Sarevok ne se souvienne que d'elle et sa façon théâtrale de massacrer ses victimes. En faisant référence à eux de la sorte lors de ces bains de sang elle les noie dans l'oubli et se place au-dessus d'eux comme la seule et unique dont on doit se souvenir à jamais.
Parce que si Sarevok, le favori de Bhaal depuis un bout de temps déjà, avait pour habitude de massacrer des victimes en grands nombres dans les jeux précédents, pour Orin c'est surtout la mise en scène qui est importante, bien au-delà du statut social de la victime ou du nombre de morts. Tout doit être grandiose, pour que l'on se souvienne de sa façon unique de voir les choses en grand, comme si tout ceci n'était qu'une vaste pièce de théâtre dont elle est le personnage principal et ses victimes les pauvres personnages secondaires qui n'ont pour utilité que de la mettre en avant, elle.
En somme, les meurtres de l'Acte 3 et leur mise en scène mettent davantage en lumière un besoin presque désolant d'attention de la part de la pseudo-enfant délaissée que semble être Orin la Rouge. Elle est capricieuse, jalouse et sadique, trois gros défauts qui la conduisent à terme aux pires abjections dans le seul but qu'on la remarque et se souvienne d'elle. Un personnage intéressant en somme, bien au-delà de sa seule capacité à changer de forme à volonté !









