Plus de 25 ans après un Donkey Kong 64 de Rare à la réception houleuse, le gorille de Nintendo revient enfin à la 3D avec Donkey Kong Bananza , un nouvel épisode développé par l'une des équipes les plus prestigieuses de Nintendo, le studio EPD8. On a passé 60 heures et des bananes dans les strates souterraines du jeu, le temps de le finir deux fois et de compléter une partie à 100% : voici notre verdict final sur l'un des premiers mastodontes de la Nintendo Switch 2.
- Genre : Plates-formes 3D
- Date de sortie : 17/07/2025
- Plateforme : Nintendo Switch 2
- Développeur : Nintendo
- Éditeur : Nintendo
- Prix : 69,99€
- Testé sur : Nintendo Switch 2
State of DK
C'est la teuf chez les primates : une rumeur circule au sujet de bananes de cristal aperçues au coeur de l'Ile Lingot. Il n'en fallait pas plus pour que notre Kong favori enfile son plus beau casque de chantier et parte à l'aventure au sein de la mystérieuse carrière. L'expédition d'excavation va cependant vite tourner au vinaigre avec l'intervention de la Void Co, une entreprise déterminée à atteindre le Coeur de la Planète rapidement, Coeur de la Planète dont il se dit qu'il serait capable de réaliser les voeux de ceux qui s'en approchent. Et si Donkey va vite se lancer dans la course lui aussi, c'est pour aider Pauline, une jeune chanteuse de la surface ramenée par Void Kong et qui semble dotée de capacités vocales hors du commun. Une histoire simple, certes, mais plus présente et recherchée que pour la plupart des platformers Nintendo, avec quelques retournements de situations réjouissants en cours de route.
En s'enfonçant toujours plus profond dans les couches terrestres, DK et sa fillette d'épaule vont faire la connaissance des autochtones de chaque strate et notamment des fractons, des pierres indestructibles à la forme changeante et qui vont faire office de guide et de marchands auprès de nos deux spéléo de l'impossible. Et si l'on comprend aisément que les cailloux parlants ont cette forme pour soulager le moteur du jeu, qui doit probablement se contenter de modèles de personnages simples pour ne pas imploser, on ne peut pas dire qu'ils nous aient marqué par leur charisme. Fort heureusement, des peuples d'animaux plus classiques et, surtout, les personnages centraux, viennent ré-hausser le niveau pour proposer un monde étrange et souvent surprenant. Impossible de ne pas au moins mentionner la dernière ligne droite de l'histoire principale, spectaculaire et parmi les plus solides que Nintendo ait pu nous offrir sur l'une de leurs productions, rien que ça.
Kong fou fighting
Si Donkey Kong Bananza est un digne représentant des platformers 3D, il donne tout ce qu'il peut pour s'extirper de la mêlée avec un concept novateur et directement accrocheur : la destruction de terrain. Chaque niveau ouvert de Bananza est en effet constitué de matériaux qui finiront par tomber sous les coups de poing du Kong. Détruire et taper seront toujours de bonnes idées dans le jeu, que ce soit pour creuser des galeries immenses à travers les mondes afin d'atteindre une banane bien cachée, ou pour activer divers mécanismes servant à progresser plus avant dans les mondes. Un postulat de base très simple, qui va vite se complexifier une fois que l'on intègre le fait que les différents matériaux qui constituent les strates du royaume souterrain revêtent une importance toute particulière : de la roche explosive capable de péter le métal, à la pierre arc-en-ciel qui fera s'envoler DK à plus de 100 mètres de hauteur, en passant par la gomme rebondissante... Ces terrains sont définitivement l'un des points centraux du gameplay.
Chaque carte va donc prendre un malin plaisir à vous faire découvrir des ressources inédites et de nouvelles interactions pour les exploiter de manière différente, avec une grosse dose de puzzles environnementaux qui vont faire intervenir le moteur physique du jeu. Si tout péter est toujours utile dans Bananza, ne serait-ce que pour découvrir de précieux coffres ou faire avancer une jauge de destruction par matériau récompensée par de l'or, son gameplay va beaucoup plus loin que cela, avec pas mal de subtilités dans le level design et une envie permanente de surprendre le joueur avec de nouvelles idées de qualité. Et si terminer l'histoire principale se fait une main dans le dos, la quête du 100% va, quant à elle, être beaucoup plus salée : c'est de l'équipe derrière Super Mario Odyssey que l'on parle, alors préparez-vous à partir à la recherche de plusieurs centaines de bananes, dont certaines très bien cachées et parfois dans des stages bonus bien retors.
On pense aussi à ce qui vous attend après les crédits, avec plusieurs défis de haut niveau qui vont mettre à contribution toutes les transformations de Donkey. Ces "Bananza" sont des pouvoirs spéciaux obtenus pendant le scénario et offrent de nouvelles capacités au Kong : Bananza Kong peut quasiment tout péter à la force de ses poings, Bananza Zèbre peut tracer à toute vitesse, ou encore Bananza Autruche permet de voler sur de courtes distances. Pour aller encore plus loin, DK peut gagner en puissance en distribuant des points de compétences récupérés toutes les 5 bananes, dans un arbre simple mais très efficace et dispensant des bonus pertinents. Enfin, la progression est complétée par des vêtements à effets, disponibles dans toutes les boutiques du monde souterrain et qui vont là aussi faciliter votre exploration en échange de fossiles, un autre collectible disponible par centaines. Bref, le contenu est conséquent et il nous a fallu un peu plus de 50 heures pour finir le jeu à 100% avec les bananes au max, tous les fossiles, tous les disques de musique collectés et 100000000 de m3 détruits au compteur.
Dommage par contre que les transformations soient un peu trop faciles à déclencher et puissantes à utiliser : une fois toutes les Bananza acquises, les joueurs habitués aux jeux de plates-formes pourront les enchainer pour éviter de nombreux obstacles imposés par le level design, ce qui vient rogner encore davantage sur la difficulté. A ce titre, on aurait apprécié un new game plus "sans Bananza" pour avoir un autre point de vue sur la construction des niveaux : rien qu'en exploitant le moveset étendu et particulièrement solide de DK, il est déjà possible de faire des merveilles. Malgré tout, lorsque vient le moment de synthétiser ce que l'on a ressenti sur ce nouveau Donkey Kong, c'est le plaisir de jeu qui prédomine, et de loin. Le gorille répond au doigt et à l'oeil, la destruction de décor est hyper-addictive même après plusieurs dizaines d'heures de jeu et les surprises de gameplay qui font écho à 40 ans d'histoire du personnage sont légions. C'est simple, basique : on est face à l'un des meilleurs jeux de plates-formes 3D de l'histoire, Nintendo l'a encore fait.
Destruction constructive
Réalisé entièrement en voxel, Bananza fait tout ce qu'il peut pour proposer des mondes riches en détails et en effets visuels tout en maintenant ses 60 images par seconde. Le pari est presque tenu, même si la fluidité du jeu a malheureusement tendance à se faire la malle aux pires moments, soit pendant les boss. C'est dommage, parce que la plupart des autres chutes de framerate constatées pendant la partie sont essentiellement liées aux cinématiques de transition et n'impactent donc aucunement le gameplay. Par contre, celles qui surviennent pendant les affrontements importants sont autrement plus gênantes et on espère que Nintendo pourra vite corriger cet écueil, loin d'être rédhibitoire, mais bien présent. Pour rester dans les choses qui fâchent, on note également quelques mondes à la direction artistique douteuse : là encore la réalisation en voxel a du imposer pas mal de limitations aux développeurs, mais cela n'excuse pas non plus les couleurs criardes et le mauvais goût qui se dégage de certaines strates (dont une en particulier vers la fin du jeu).
Qu'à cela ne tienne, d'autres niveaux ré-haussent le niveau, avec des environnements sublimes et une qualité d'animation assez exceptionnelle, en particulier pour notre héros : le nouveau design de DK est une pure réussite et il n'a jamais été aussi expressif. Il faut également mentionner le menu de la carte, qui n'est finalement qu'un dézoom de la position de DK offrant une vision complète en 3D d'un niveau, destructions comprises : ça fait franchement son petit effet et si elle a tendance à subir quelques ralentissements, c'est largement compensé par son efficacité. On est donc sur un bilan technique globalement satisfaisant, porté par une musique efficace aux mélodies oubliables, à l'exception peut-être des chansons de Pauline avec une mention spéciale pour le thème principal.
