La licence Mafia a connu ses hauts et ses bas et il aura fallu attendre quasiment une décennie après la déception du troisième épisode pour avoir droit à autre chose qu'un remaster. Pour l'occasion, le studio s'attaque aux origines et aux prédécesseurs des groupes qu'on a pu incarner dans les titres précédents, avec les familles mafieuses siciliennes. On peut dire que le dépaysement sera au rendez-vous dans Mafia: The Old Country, on est bien loin des grandes villes américaines.
- Genre : Action-Aventure, Troisième personne, Narratif
- Date de sortie : 7 août 2025
- Plateformes : PC, Xbox Series, PS5
- Développeur : Hangar 13
- Éditeur : 2K Games
- Prix : 49,99 € pour l'édition de base, 59,99 € pour l'édition Deluxe
- Testé sur : PC
Un Don du ciel
Notre aventure démarre en 1904, on incarne Enzo, un Carusu, un jeune homme vendu en tant que travailleur forcé à une mine par son propre père, pour éponger ses propres dettes. Les conditions de travail moyenâgeuses y sont atroces, avec des éboulements réguliers, du grisou mortel et aucune échappatoire en vue si ce n'est la mort. Après une tentative d'évasion sur le point de mal finir, il est pris sous l'aile de Don Torrisi, le dirigeant d'un groupe adverse à la famille gérant la mine de soufre.
On suit alors son intégration progressive au sein de cette famille mafieuse, tout en découvrant la société et les mentalités de l'époque, dans un coin du monde qui semble en grande partie bloqué dans le passé. C'est assez instructif et on peut aussi en apprendre davantage sur les origines et le fonctionnement de la Mafia sicilienne. Le jeu n'essaye d'ailleurs pas d'embellir les choses. C'est à la fois un moyen de s'en sortir et de protéger les résidents qui acceptent de payer et un outil d'oppression brutal au service des puissants. Entre l'écrasement des syndicats et des tentatives de grève d'un côté et le sexisme sous sa forme la plus pure de l'autre, The Old Country dépeint la cruauté de la vie criminelle, plutôt que de la romantiser. Mentionnons au passage qu'aucune option de dialogue n'est disponible et qu'il ne doit pas y avoir plus d'un ou deux choix mineurs au total.
L'histoire est assez prévisible pour les adeptes du genre, mais cela n'empêche pas de s'y intéresser et de s'attacher aux différents membres du gang, malgré leurs défauts très humains. Le doublage et les graphismes de Mafia: The Old County sont d'excellente qualité, si vous disposez de la machine adaptée pour ces derniers, ce qui aide à rendre les dialogues et les décors d'autant plus agréables à suivre. Nous avons néanmoins rencontré de très nombreux micro freezes et autres ralentissements arbitraires durant le test, ainsi qu'un crash du jeu toutes les 30 minutes en moyenne. Le patch day one et l'arrivée de nouveaux drivers devraient atténuer, voire éliminer ces problèmes techniques, mais c'est à surveiller. Le gameplay est ce qui devrait vraiment vous préoccuper.
Nouveau jeu, vieux gameplay
Les premiers jeux Mafia ont toujours été un compromis bizarre entre des jeux narratifs et des jeux d'action, mais en ayant tendance à conserver le pire des deux mondes. Ce n'est pas L.A Noire et c'est encore moins GTA. Le gameplay de Mafia: The Old Country peut être divisé entre quatre activités distinctes, si on écarte les sections purement narratives : infiltration, fusillades, courses et duels. Cette variété relative ne suffit pourtant pas à tenir la forte impression de répétitivité induite par la superficialité dudit gameplay.
Les nombreuses phases d'infiltration sont presque comiques, avant de donner envie de s'endormir. Notre brave Enzo n'a pas qu'un nom proche de Ezio, il peut aussi voir la position et l'orientation des ennemis à travers les murs grâce à son instinct, ce qui est très pratique pour éviter de se faire repérer. Il n'y a pas vraiment de parkour au programme, mais entre la possibilité de lancer des pièces ou du vin pour détourner l'attention des gardes et le fait qu'ils fassent de leur mieux pour vous tourner le dos, cela rend cette activité triviale et répétitive.
Des grosses caisses identiques aussi bleues que vides vous attendent un peu partout pour cacher les cadavres. Étrangement, chacune d'entre elles peut héberger autant de corps que vous le voulez. Les rares duos d'ennemis que vous allez croiser attendent votre approche pour échanger des informations avant de se séparer, ce qui permet de les éliminer individuellement. On nous donne le choix entre une élimination rapide d'un coup de couteau, ce qui va user la lame, ou un étouffement plus lent durant lequel il faudra marteler une touche, mais c'est presque inconséquent en pratique.
Adopter le couteau de jet fini de rendre l'infiltration triviale. La recherche de collectible cachés et le pillage de coffres n'aide pas vraiment à rendre cette section plus intéressante. Cela aurait peut-être été un peu plus motivant si les différents packs de contenu premium du jeu ne donnaient pas immédiatement accès à de l'équipement et à des véhicules supérieurs à tout ce qui peut être acheté en jeu, ce qui réduit à néant tout sentiment de progression.
Lorsque l'infiltration est facultative, ou que l'action s'engage, ou passe aux fusillades très classiques à base de couvertures. Étant donné la période, oubliez les armes automatiques, cela se règle avec une gamme de pistolets et de fusils, voire avec des grenades dans les cas les plus extrêmes. Les ennemis sont compétents en mode Difficile et ils n'ont pas peur d'attaques vos flancs pendant que leurs collègues effectuent des tirs de couverture, mais ils sont aussi très prévisibles et on peut facilement les attirer à découvert en battant en retraite. Le réel problème est que Mafia tombe dans le même travers que Red Dead Redemption 2 par exemple, avec un nombre d'adversaires complètement absurde dans le contexte de son histoire, pour prolonger les phases d'action.
Le phénomène est d'autant plus déplaisant lors des poursuites scriptées, que cela soit à pied, à cheval ou en voiture, avec de nombreux d'ennemis surarmés sortant des sous-bois à intervalles réguliers, même quand cela n'a strictement aucun sens. Le réel problème est que cela vient saper la crédibilité des dialogues et de l'histoire. Le Don et ses hommes de main donnent des tâches dignes de John Wick à un petit bleu comme Enzo. Après lui avoir demandé d'attaquer une base adverse pleine de dizaines d'hommes armés en solo et d'éliminer tout le monde, tout ce qu'ils ont à dire quand il y parvient, c'est "Magne-toi Carusu !"
Les fusillades sont souvent conclues par un duel. Les Italiens ont la réputation d'aimer parler avec leurs mains, dans le cas des Siciliens, c'est avec leur couteau qu'ils discutent. Le principe est très similaire aux duels de Ghost of Tsushima par exemple. Le principe devrait vous être familier : esquives, parades, coups puissants pour briser la garde, etc. Le résultat est un peu approximatif par moment, mais c'est incontestablement ce qui colle le mieux à l'histoire thématiquement. Enzo obtient aussi ses victoires à l'arrachée, en étant couvert de sang, plutôt qu'en tuant des dizaines d'hommes tout en se curant le nez.
Il n'y a pas grand-chose à dire de plus sur les courses à cheval ou en voiture, si ce n'est que la tenue de route inexistante des modèles de l'époque semble bien retranscrite. Le scénario vous offrira de nombreuses opportunités de foncer dans les villages typiques et la campagne sicilienne dans différents contextes, ce qui plutôt agréable. C'est aussi l'opportunité de parler de la carte. Techniquement, Mafia: The Old Country dispose d'un vaste monde ouvert, même si vous n'êtes pas libres de vous balader lors des missions sous peine de Game Over. Mais comme la campagne du jeu est une suite de missions linéaires sans interruption en dehors des chargements, il est possible de finir le jeu sans s'en rendre compte.
Pour se balader ou faire des achats, il faut revenir au menu principal et lancer le mode Exploration. Il est vraiment étrange qu'il n'ait pas été mieux intégré à la campagne principale. Malheureusement, il ne représente pas un grand intérêt, puisqu'il n'y a strictement aucune activité disponible sur la carte, à moins de compter le tourisme. Pas de courses ni de missions secondaires, juste l'opportunité de ramasser des collectibles un peu partout, si vous souhaitez doubler la durée de vie du jeu.
Un film rallongé en jeu
Tous ces problèmes font qu'on ressort avec une impression mitigée de Mafia: The Old Country. Une fois de plus, l'histoire est intéressante et elle se suit comme un grand film. Si vous avez apprécié Le Parrain par exemple, elle a tout pour vous plaire. Mais la lassitude liée au gameplay s'installe en seulement quelques heures, alors que le jeu reste très court. L'histoire principale se termine en dix à quinze heures seulement. Cela explique le choix inhabituel de Hangar 13 et de 2K Games de ne vendre le jeu qu'à 50 euros et il est disponible dans le commerce à un prix bien plus bas, alors que la mode est à 80 euros. La réalisation est bonne, mais le contenu est vraiment pauvre.
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