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Test de Shady Part Of Me sur PC, PS4, Xbox One, Switch

Test de Shady Part Of Me sur PC, PS4, Xbox One, Switch

Petit puzzle game indépendant développé par un studio bien de chez nous, Shady Part Of Me et son univers onirique savent nous envoûter mais aussi nous faire réfléchir.

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Avec Shady Part of Me, le studio parisien Douze Dixième signe là sa première création. Dévoilé lors de la Paris Games Week 2019, le jeu a profité des Game Awards 2020 pour présenter sa bande-annonce de lancement et sortir dans la foulée. Mélangeant énigmes à résoudre et phases de plateforme, il nous demande d'accompagner une petite fille et son ombre coincées entre rêve et réalité et qui cherchent à s'échapper en s'entraidant dans un mélange de gameplay coincé, lui, entre 2D et 3D. C'est une fable onirique narrative qui nous est ici offerte dans un style graphique qui ne peut laisser personne indifférent. Un jeu qui n'a pas eu peur de sortir de l'ombre pour venir briller sous les projecteurs, grand bien lui en a pris.

  • Genre : puzzle game, plateforme
  • Date de sortie : 11 décembre 2020
  • Plateforme : PC, PS4, Xbox One, Switch
  • Développeur : Douze Dixième
  • Éditeur : Focus Home Interactive
  • Prix : 14,99€
  • Testé sur : PC

Elle est revenue, elle est là, elle m'a suivie pas à pas

Tout commence avec l'ombre d'une fillette qui se déplace dans un environnement en 2D qui n'est pas sans nous rappeler un certain Limbo. Aucune parole, simplement des mots écrits sur les murs, et un peu partout d'ailleurs, qui nous accompagnent au fur et à mesure que nous avançons. Puis arrive une petite fille, seule dans sa chambre, avec un visage totalement invisible sous sa tignasse abondante. Nous sommes alors dans un univers en 3D, mais il semble à cette petite fille que quelque chose a changé, qu'il y a quelque chose de nouveau.

Bien vite, la petite fille va rencontrer son ombre et elles vont s'accompagner l'une l'autre : la première dans son monde en 3D et la seconde à plat en 2D sur les murs ou le sol. Et si la première fuit constamment toute source lumineuse en se cachant dans l'ombre où personne ne peut la voir, l'autre ne peut évoluer qu'en pleine lumière, et chacune va pouvoir ainsi aider l'autre à surmonter ses craintes en créant de l'ombre ou de la lumière pour permettre d'avancer ensemble, pas après pas et main dans la main.

Pleine de doutes, peureuse et craintive, la petite fille s'est toujours terrée dans sa solitude, bien à l'abri du regard des autres, mais l'ombre, elle, est comme une diapositive d'elle-même. Plus confiante, elle ne craint pas d'affronter les dangers et pousse la petite fille à sortir de sa prison dorée et à affronter le monde extérieur qu'elle redoute tant. De ce fait, la petite fille capricieuse et boudeuse et son ombre entreront en conflit sur la conduite à tenir. De plus, une voix viendra essayer de les conseiller pour parvenir à trouver la sortie, mais ne leur voudrait-elle pas du mal elle aussi, comme tous ceux qui la regardent sans cesse ?

L'ombre de ta main, l'ombre de ton chien

Shady Part of Me surfe donc sur le thème des troubles psychologiques à travers le voyage onirique de cette petite fille et de son ombre. Chargé en émotion, il sait mettre en avant les luttes intérieures auxquelles la petite fille doit faire face de manière sobre et toujours juste. Bien que chacun devra se faire sa propre opinion de ce dont il retourne concrètement, le titre n'apportant pas vraiment de réponse à ce sujet et préférant rester dans la symbolique, on ne peut que saluer le message touchant qu'il transmet avec cette petite fille qui doit affronter ses peurs.

Et comme le tout est enrobé par une sublime direction artistique particulièrement inspirée, tout en aquarelles et en teintes pastel, on se fait rapidement envoûter par le jeu. Non seulement on évolue en alternant efficacement entre 2D et 3D dans des décors surréalistes et variés, tout en croisant des personnages à tête de souche d'arbre ou de théière, mais la petite touche que rajoutent les mots qui nous accompagnent réhausse la féérie du titre. Ces derniers sont toujours parfaitement bien placés dans le décor et reprennent les propos échangés entre les protagonistes, en s'affichant au fur et à mesure que l'on avance. Même les pas de la fillette et de son ombre sont accompagnés de "tip tap" pour l'une et de "flip flop" pour l'autre. Une idée magnifiquement bien appliquée et qui fait son effet.

Cet univers poétique nous entraîne ainsi tour à tour à travers une bibliothèque remplie de livres, une chambre débordant de jouets et d'autres scènes inspirées d'objets issus de l'enfance (cartes à jouer, trains électriques, puzzles, crayons, …), un hôpital, des égouts, une fête foraine, etc. Pour couronner le tout, la musique qui évolue en fonction de la scène est elle aussi enchanteresse. Notons ici que passer de l'ombre à la lumière a pour conséquence de jouer sur la tonalité entendue, la musique accompagnant l'ombre ressortant plus sourde, un peu, là aussi, comme une diapositive sonore de la musique que l'on entend aux côtés de la fillette. Quant aux doublages, ceux-ci bénéficient de la superbe voix de Hannah Murray (Game of Thrones, Skins), et opposent la petite voix enfantine de la fillette à la voix plus mâture de son ombre et à la voix masculine qui cherche à les guider.

C'est pas ma faute à moi

Au-delà de son identité visuelle et sonore de haute voltige, Shady Part of Me jouit également d'un excellent level design où il ne faut pas oublier de prendre en compte la verticalité et la profondeur, ainsi que d'animations et d'un moteur physique maison très efficace. Ce dernier permet, en jouant avec les ombres et la lumière, mais aussi la pesanteur, d'offrir des énigmes construites avec intelligence. Sans être insurmontables, celles-ci feront appel à votre réflexion et certaines s'avèreront même assez retorses. Et comme c'est là le cœur du gameplay, ça tombe bien.

Afin de venir à bout des obstacles rencontrés et rejoindre la sortie tant désirée, la fillette et son ombre devront travailler de concert. Une idée qui rappelle la coopération présente dans Little Nightmares 2 auquel le titre fait aussi parfois penser, les monstres en moins et à la différence près que l'on alterne ici en permanence pour diriger les deux amies. De plus, ce mécanisme à base de double gameplay rappelle la dualité à laquelle chacun de nous est confronté. Deux aspects antagonistes de la personnalité qui se complètent et ne peuvent pas aller l'un sans l'autre. Ainsi, si la fillette œuvre dans l'ombre en pouvant pousser ou tirer les objets de son environnement, sans en revanche pouvoir sauter ou grimper, l'ombre, elle, reste toujours dans la lumière mais ne peut rien déplacer. En revanche elle peut sauter et grimper. Elle doit par contre se méfier non seulement de l'ombre mais aussi des épines qui apparaissent dans celle-ci. Et c'est dans la lumière que la fillette perdra tous ses moyens.

Mais pas de panique, en cas d'échec ou pour modifier notre approche, il est toujours possible de rembobiner l'action pour recommencer à partir d'un point donné. Il ne faut donc pas hésiter à tester et à apprendre par l'erreur jusqu'à trouver la solution. En déplaçant des objets plus ou moins près d'une source lumineuse, on crée des ombres plus ou moins imposantes qui vont pouvoir occulter la lumière pour la fillette et les épines pour son ombre, mais aussi créer des plateformes pour cette dernière. On peut aussi parfois utiliser des interrupteurs ou des mécanismes pour créer de la lumière, l'éteindre, ou déplacer des éléments du décor, en générant ainsi des zones de lumière ou d'ombre suivant le cas. De plus, lorsque l'ombre marche sur un sol courbé, elle change son sens de gravité et cela a pour conséquence d'ouvrir encore plus le domaine des possibilités et donc l'ingéniosité des énigmes qui se renouvellent sans cesse en apportant de nouveaux éléments de gameplay.

Le titre présente aussi des éléments de jeu de plateformes avec des passages plus orientés action, comme par exemple lorsque l'on doit sauter sur des nuages qui disparaissent rapidement sous notre poids afin d'échapper à l'ombre d'un dragon de papier. Les origamis sont en effet à l'honneur ici, notamment sous la forme de 98 origamis que nous pouvons collectionner et que l'on peut trouver tant dans l'ombre que dans la lumière. Une fois une scène passée ou le jeu terminé, on peut revenir sur chaque scène des 4 actes du jeu (auxquels se rajoute un prologue) pour rechercher ceux que l'on a raté. Et cela ne consiste pas seulement à les trouver mais aussi à les atteindre, ce qui est source d'une nouvelle énigme à résoudre. Chaque origami récolté constitue une pièce nécessaire pour compléter le puzzle de chaque acte. Cette recherche de collectibles rajoute donc un peu de contenu au jeu et peut ainsi rallonger sa durée de vie qui s'étale autour de 8 heures, mais cela dépend fortement du temps que vous allez passer pour venir à bout de chaque puzzle. Et si celle-ci vous semble un peu courte, c'est vrai que l'on aurait bien aimé poursuivre encore plus loin l'aventure, rappelez-vous que le prix l'est tout autant et que, compte tenu des nombreuses qualités du titre, c'est un très bon rapport qualité-prix.

85

Shady Part of Me nous a non seulement subjugué par sa direction artistique à tomber par terre, mais aussi par l'imagination dont il sait faire preuve. C'est tout bonnement un petit bijou de créativité. Les puzzles qu'il propose sont intelligemment construits et reposent sur un moteur physique efficace. Le double gameplay, quant à lui, s'avère exploité au mieux et se renouvelle sans cesse avec de nouvelles idées et de nouveaux éléments qui mettront vos méninges à rude épreuve dans le bon sens du terme, sans pour autant représenter un défi insurmontable. Et ce n'est pas la sublime bande-son du jeu où la présence de Hannah Murray qui vont venir ternir le tableau. Non, il n'y a décidément pas grand-chose à jeter dans Shady Part of Me, et pour un premier essai, chapeau bas Douze Dixième, on attend maintenant avec impatience votre prochaine production.

Un voyage onirique émouvant
Une direction artistique somptueuse
Une bande-son féérique
Des puzzles ingénieux pleins de créativité
Un double gameplay sans cesse renouvelé
Une interprétation laissée libre à chacun (?)
Encore, encore, encore !
Non, décidément on ne voit pas…
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Hazziel Zen
Nyam Hazz

Editor

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