Dans l’immensité de Baldur’s Gate 3, rares sont les lieux qui éveillent autant la curiosité que le manoir de Cazador. Accessible tardivement dans l’Acte III, ce repaire gothique au cœur de la ville se révèle bien plus qu’un simple décor pour le combat final d’Astarion contre son ancien maître. Car sous ses fondations s'étendent des ruines d'origine inconnue, peut-être plus anciennes que Baldur’s Gate elle-même, nourrissant rumeurs et théories autour d’un contenu potentiellement abandonné. Ce dédale de couloirs oubliés, d’énigmes incomplètes et de récits jamais achevés donne l’étrange sensation que le manoir cache encore des secrets qui n’ont jamais vu le jour, vestiges d’un pan narratif effacé ou jamais terminé.
Un manoir bien plus complexe qu’il n’y paraît
Le manoir de Cazador, que les joueurs explorent lors de la quête personnelle d’Astarion dans l’Acte III, ne se limite pas à son apparente linéarité. Situé entre les hauteurs austères de la ville haute et les méandres ombragés de la ville basse, le manoir se dévoile d’abord comme une succession de salles classiques, mais cette façade cache une architecture bien plus tentaculaire.
L’entrée elle-même est énigmatique : accessible uniquement par les remparts de la ville basse, elle suggère déjà une volonté de dissimuler ce lieu aux regards extérieurs. Une fois à l’intérieur, les joueurs découvrent un enchevêtrement de couloirs secrets, d’objets ésotériques et des personnages évoqués mais absents. Des notes disséminées dans les pièces racontent des histoires tragiques : une histoire à la Roméo et Juliette entre un chambellan et son amant, ou encore la fille d’un vampirien morte d’une étrange malédiction. Autant d’éléments narratifs sans suite, témoins probables de contenus narratifs supprimés.
C’est pourtant dans le sous-sol du manoir que le mystère s’épaissit. Un ascenseur caché mène à des ruines d’apparence bien plus ancienne que le reste du bâtiment. Ce lieu, utilisé par Cazador pour ses rituels les plus sanglants, ne semble pas être de son œuvre. Les murs massifs et l’architecture archaïque évoquent une époque oubliée. Certains joueurs spéculent même qu’il s’agirait de vestiges construits par les géants qui peuplaient les lieux avant l’édification de Baldur’s Gate.
Secrets effacés, énigmes incomplètes et Lady Incognita
L’élément le plus fascinant demeure peut-être le grenier situé derrière la salle de bal. Presque invisible, accessible par des boutons dissimulés, il recèle les journaux d’Amanita Szarr, une nièce de Cazador qu'il aurait transformé vampire contre son gré. Enfermé pendant des décennies, ce personnage n’apparaît nulle part ailleurs dans les Royaumes Oubliés, et son récit inachevé suggère un pan entier du jeu coupé au montage. Amanita, rebaptisée Lady Incognita, devait potentiellement jouer un rôle dans l’histoire de la ville haute ou dans une intrigue secondaire avortée.
Sous une trappe dissimulée dans la salle de bal, une clé banale permet d’ouvrir l’accès à une autre zone cachée : un sous-sol labyrinthique où des énigmes à plaques de pression donnent accès à une salle de cages. Des leviers aujourd’hui inactifs y trônaient autrefois, témoins d’un puzzle jamais finalisé. La suppression de ces éléments lors de mises à jour laisse penser que cette portion du manoir devait initialement offrir un contenu plus complexe, voire une suite à certaines intrigues secondaires.
Malgré tout, même inachevée, cette zone fascine. L’esthétique y change brusquement, délaissant l’opulence gothique pour des souterrains oppressants et anciens. Elle reflète un désir de contraste narratif et visuel que peu d’endroits dans le jeu égalent. Cela renforce l’impression que Cazador n’est que le dernier usurpateur d’un lieu plus vaste, aux origines enfouies sous les strates du mythe de Baldur’s Gate.








