L'industrie du jeu vidéo traverse une période de mutation. Alors que les productions AAA continuent d'exploser en termes de budget et de taille d'équipe, de plus en plus de studios indépendants plaident pour une approche plus humaine et durable. Le succès de Clair Obscur: Expedition 33 illustre cette tendance, portée par une philosophie de développement à taille humaine et une gestion raisonnée des ressources.
Un modèle alternatif très prometteur
Le succès de Clair Obscur: Expedition 33, développé par le studio français Sandfall Interactive et publié par Kepler Interactive, relance un débat crucial dans l’industrie vidéoludique : peut-on encore réussir sans sombrer dans la démesure des productions AAA ? Alors que des géants comme Rockstar, à la tête de GTA 6, sont capables de soutenir des développements colossaux avec des équipes de plusieurs centaines de personnes et des budgets à neuf chiffres, la plupart des studios ne peuvent pas rivaliser sans mettre en péril leur santé financière… et humaine.
Face à cette réalité, Sandfall Interactive fait le pari inverse : rester modeste pour rester maître de sa vision. Composé d’une équipe de seulement 33 personnes, le studio a fait appel à l’externalisation uniquement dans les phases critiques, pour accélérer la production sans bouleverser son équilibre interne. Cette stratégie mesurée a porté ses fruits, Clair Obscur s’imposant comme un succès critique et commercial, tout en préservant la cohésion d’une équipe soudée.
Le directeur général de Sandfall, François Meurisse, assume pleinement ce choix : « Nous voulons conserver l'organisation qui a fait notre succès », explique-t-il dans une interview à GamesIndustry.biz. À l’heure où les géants du secteur annoncent vague après vague de licenciements malgré des résultats parfois spectaculaires, ce choix détonne.
L’ombre portée des AAA sur l'industrie
La prudence de Sandfall n’est pas un cas isolé : elle reflète une prise de conscience croissante au sein de l’industrie. Matthew Handrahan, directeur de portefolio chez Kepler, partage cette vision d’une croissance mesurée : il défend l’idée d’un développement modulaire, où l’on garde un noyau dur autour de la direction artistique et narrative, en complétant au besoin par des partenaires extérieurs. Ce modèle vient en opposition directe à celui des AAA modernes, souvent critiqués pour leur gigantisme incontrôlé :
Avec Clair Obscur: Expedition 33, Sandfall prouve que ce modèle plus modeste et réaliste est encore viable, et même porteur de succès. L’avenir dira si l’industrie en prendra enfin acte, mais une chose est sûre : la réussite ne se mesure pas uniquement en mégaprojets et en milliards dépensés. Elle peut aussi naître d’une équipe de 33 personnes, déterminée à raconter une belle histoire sans sacrifier son âme.








