Depuis l’annonce de The Witcher 4, les attentes sont aussi élevées que les inquiétudes. D’un côté, le retour dans l’univers sombre et captivant du Continent, cette fois avec Ciri comme héroïne jouable, fait rêver les fans de la saga. De l’autre, difficile d’oublier le lancement chaotique de Cyberpunk 2077, dont les promesses fracassantes s’étaient heurtées à une réalité bien plus bancale sur de nombreuses plateformes, notamment sur consoles.
CD Projekt RED a beau avoir redressé la barre depuis à l'aide de nombreux correctifs, la confiance des joueurs a été sérieusement entamée. Pourtant, les dernières images du prochain Witcher diffusées lors de la présentation "State of Unreal" changent la donne. Fluidité, richesse visuelle, animations réalistes et performances techniques maîtrisées : autant de signes encourageants qui laissent penser que le studio polonais a retenu la leçon.
Le fantôme de Cyberpunk 2077
L’annonce de The Witcher 4 a naturellement suscité un enthousiasme colossal. La saga du Sorceleur, ancrée dans la fantasy sombre et le folklore européen, a su conquérir des millions de joueurs, en particulier avec The Witcher 3: Wild Hunt, salué comme l’un des meilleurs RPG de la décennie.
Mais le traumatisme du dernier jeu de CD Projekt est encore frais. À sa sortie fin 2020, Cyberpunk 2077 fut l’un des plus gros lancements de l’histoire du jeu vidéo… et l’un des plus controversés. Si le jeu avait impressionné lors de ses présentations, sa version finale était minée par les bugs, les problèmes de performance, et surtout un portage catastrophique sur les consoles de génération précédente, notamment la PlayStation 4 et la Xbox One. Crashes fréquents, textures absentes, IA erratique, quêtes bloquées : le tableau était peu reluisant. Si le titre a depuis été largement patché et amélioré, le mal est fait. La confiance des joueurs envers le studio polonais a été sévèrement ébranlée, surtout lorsqu'on parle de l'état des jeux aux premiers jours.
Il était donc légitime que cette méfiance accompagne l’annonce de The Witcher 4 : les joueurs ne peuvent pas s'empêcher de redouter un lancement bâclé, porté par un marketing tonitruant, mais sans la finition attendue. D’autant plus que The Witcher 4 n’a toujours pas de date de sortie officielle, et que certaines rumeurs évoquent un lancement pas avant 2027. De quoi laisser planer le doute.
Une démonstration technique rassurante
Lors du State of Unreal, événement organisé par Epic Games pour mettre en avant les capacités du moteur Unreal Engine 5, CD Projekt RED a dévoilé une démo technique de The Witcher 4. Et contrairement aux premières bandes-annonces pré-calibrées auxquelles les joueurs sont désormais habitués, cette présentation dévoilait du gameplay en conditions réelles.
Première surprise : le jeu tourne à 60 images par seconde sur une PlayStation 5 standard. Ce détail, en apparence anodin, est en réalité extrêmement rassurant. Cela signifie que The Witcher 4 n’est pas pensé uniquement pour des configurations PC haut de gamme, mais bien optimisé dès sa conception pour les consoles de génération actuelle. Une précaution qui, rappelons-le, avait cruellement manqué à Cyberpunk 2077.
La démonstration commence par une séquence d’exploration mettant en scène Ciri, à présent Sorceleuse à part entière, sillonnant le Continent à dos de son cheval Kelpie. L’environnement est riche, luxuriant, détaillé. La forêt traversée par le personnage est vivante : feuillage dense, ombres dynamiques, flore réactive, les développeurs ont notamment mis en avant la technologie Nanite, qui permet un rendu très précis de chaque élément sans impacter les performances. Résultat : pas de baisse de framerate malgré la densité de l’environnement.
Plus loin, Ciri atteint un village portuaire où la densité de PNJ est tout simplement impressionnante. Là encore, pas de ralentissements, les animations sont naturelles, les transitions entre gameplay et cinématiques se font sans transition. C’est un point crucial : là où The Witcher 3 ou Cyberpunk 2077 marquaient souvent une pause entre les scènes interactives et les séquences narratives.
Mais ce qui frappe le plus, c’est que cette démo ne cherche pas à cacher le jeu derrière un vernis marketing. Contrairement à la première démo de Cyberpunk 2077, qui proposait une mission isolée, linéaire et ultra-polie, The Witcher 4 montre ici une séquence qui respire la liberté : exploration, interactions variées, mise en scène fluide… On a l’impression d’un vrai moment de jeu, et non d’un script conçu pour séduire la presse.
Un avenir qu'on espère prometteur
Tout cela ne veut pas dire que le lancement de The Witcher 4 est garanti sans accroc. Après tout, une démo technique reste un environnement contrôlé, et il ne s’agit que d’une portion du jeu, soigneusement sélectionnée pour démontrer ses qualités. L’optimisation globale, la stabilité sur un hardware plus limité, et l’équilibre du gameplay devront encore faire leurs preuves.
Mais force est de constater que CD Projekt RED semble avoir appris de ses erreurs. En choisissant Unreal Engine 5, le studio a fait le choix de la fiabilité. Le moteur est bien connu, maîtrisé par de nombreux studios, et offre une base technique robuste qui permet de se concentrer sur le contenu plutôt que de devoir développer un moteur maison, comme ce fut le cas avec le REDengine. Ce changement de cap n’est pas anodin : il témoigne d’une volonté de réduire les risques technologiques et de miser sur la stabilité.
Autre élément rassurant : l’équipe de développement prend son temps. Le studio n’a pas cédé à la pression du calendrier. Au lieu de viser une sortie rapide, quitte à devoir patcher pendant des mois, CD Projekt RED semble déterminé à livrer un produit terminé dès le lancement, en tout cas, on l'espère.
Quant au choix de Ciri comme protagoniste, il s’agit d’une évolution logique de la saga. Son destin laissé ouvert dans The Witcher 3 permet de construire une suite naturelle sans effacer l’héritage de Geralt. La voir prendre la relève, monter en compétence, et incarner le nouveau visage du Sorceleur est une promesse narrative forte.
Enfin, la transparence du studio lors des présentations publiques est un bon signal. Loin de promettre monts et merveilles sans preuves concrètes, les développeurs montrent ce qu’ils ont, répondent aux questions techniques, et évitent les effets d’annonce creux. La prudence dans la communication contraste agréablement avec le battage médiatique de Cyberpunk 2077.
Bref, The Witcher 4 semble sur la bonne voie. La démo technique présentée lors du State of Unreal a démontré que CD Projekt RED prend son temps, mise sur une base solide, et soigne l’optimisation bien en amont. Bien-sûr, rien garanti puisqu'il s'agit d'un produit qui est encore loin d'être fini.
Mais une chose est certaine : si The Witcher 4 sort dans l’état où on l’a vu tourner sur PlayStation 5, il pourrait non seulement faire oublier les débuts douloureux de Cyberpunk 2077, mais aussi devenir une nouvelle référence du RPG en monde ouvert. L’attente reste longue, mais pour la première fois depuis l’annonce du jeu, l’optimisme revient. Et cela, après le cauchemar de Night City, c’est déjà une sacrée victoire.








