Compagnons torturés, ennemis inoubliables, figures mythiques des Royaumes Oubliés : Baldur's Gate a su donner à chacun une voix unique, un arc profond, et pour certains, des conclusions mémorables. Mais c’est justement cette réussite narrative qui pousse à la prudence : faut-il vraiment revoir certains de ces personnages dans Baldur’s Gate 4 ?
Sarevok
Sarevok était l’antagoniste emblématique du Baldur’s Gate original. Vaincu, puis miraculeusement ressuscité pour Baldur’s Gate 3 via les intrigues du culte de Bhaal, il est devenu une figure quasi-immortelle du mal. Dans le scénario Sombres Pulsions, l’affronter à nouveau peut-être un moment extrêmement satisfaisant. Cependant, le ramener encore dans BG4 serait pousser le bouchon trop loin. Sarevok a eu sa rédemption (ou sa chute définitive), et l’entêtement à le faire revivre affaiblirait l’impact de ses apparitions précédentes.
Elminster
Elminster est à Donjons & Dragons ce que Gandalf est à La Terre du Milieu : une figure archétypale, omniprésente. Depuis des décennies, il intervient dans les récits comme mentor ou gardien des équilibres. Dans BG3, il fait une brève apparition liée à Galye, mais sans surprise ni profondeur nouvelle. Le revoir dans BG4 n’apporterait rien d’innovant, tant le personnage a déjà été utilisé, usé, surexposé. Il est temps d’imaginer de nouvelles figures mystiques plutôt que de recycler les anciennes.
Ketheric Thorm
Ketheric Thorm, figure centrale de l’Acte 2, est sans conteste l’un des antagonistes les plus marquants du RPG. Père endeuillé devenu héraut d’une divinité maléfique, il est à la fois extrêmement menaçant et terriblement humain et bouleversant. Son histoire est construite comme une tragédie grecque, avec une chute inévitable et poignante. Un retour de ce personnage détruirait la tragédie puissante et cathartique de son histoire.
Shadowheart
Shadowheart (ou Ombrecoeur pour les français) est sans doute l’un des personnages les plus aimés de BG3. Avec son dilemme religieux et ses secrets familiaux, elle incarne à merveille le thème du doute et de la rédemption. Que le joueur l’amène vers la lumière ou la laisse sombrer dans la noirceur, son chemin est toujours riche de sens. La revoir dans BG4, sans que l’histoire soit centrée sur elle, serait une erreur. On pourrait par exemple la retrouver en grande méchante du prochain jeu sous sa forme de Justicière noire, une sorte d'héritière de Viconia encore plus maléfique. La Shadowheart qui a choisi la lumière, cependant, mérite de se reposer auprès de ses parents dans son petit cottage campagnard.
Astarion
Astarion a marqué Baldur’s Gate 3 par sa personnalité à la fois flamboyante, séduisante, et profondément blessée. Ancien esclave vampirique, il incarne la quête de liberté et d’identité dans ce qu’elle a de plus viscéral. Sa romance possible, ses dialogues teintés d’ironie, et la manière dont il affronte ses démons intérieurs le rendent inoubliable.
Ne vous méprenez pas, on vendrait père et mère pour retrouver Astarion dans une suite de Baldur's Gate 3, mais c'est justement parce qu'on l'aime d'amour qu'on lui souhaite de trouver un moyen de marcher à la lumière de soleil et de vivre en paix auprès d'amis qui prennent soin de lui.
Bien sûr, beaucoup de joueurs aimeraient retrouver les compagnons de Baldur’s Gate 3 dans une suite. Leur absence laisserait un vide difficile à combler. Mais s'ils devaient revenir, un point est non négociable : ils devraient impérativement être doublés par les mêmes comédiens de voix. Sans cela, leur personnalité, leur ton, et l’âme même de ces personnages seraient irrémédiablement altérés. Astarion sans Neil Newbon, Shadowheart sans Jennifer English — ce ne serait tout simplement pas eux.
Il faut aussi reconnaître une inquiétude partagée par une partie de la communauté : et si les successeurs de Larian n’étaient pas à la hauteur ? BG3 a placé la barre très haut en matière d’écriture, de mise en scène et de caractérisation. Ramener ces personnages sans parvenir à recréer leur complexité pourrait non seulement décevoir, mais entacher le souvenir que les joueurs en gardent. À ce titre, il serait peut-être plus sage de repartir sur des personnages entièrement nouveaux, pensés pour un autre ton, un autre rythme, un autre style.











