
Date de sortie : 29 août 2012
Réalisateur : Mamoru Hosoda
Genre : Animation
Les Enfants Loups, c'est d'abord une histoire du quotidien. Celui d'une mère qui doit élever ses enfants seule suite à la mort de leur père. Celui de deux enfants, qui doivent grandir et se construire avec une différence, sans repères paternels et avec ce combat intérieur permanent qu'ils doivent comprendre et gérer dès leur plus jeune âge. Enfin celui du Japon, d'abord dans sa frénésie citadine puis dans la saine âpreté de sa vie rurale mourante et d'un autre âge.
L'élément fantastique est ici à la fois omniprésent et discret. Yuki et Ame sont des enfants loups, comme l'était leur père. Mais ce n'est jamais cela qui est mis au centre du récit, Mamoru Hosoda incorpore cet état de fait à son histoire de manière à rendre l'incroyable naturel pour le spectateur.
![]() |
![]() |
Le mélange savamment dosé entre le quotidien et le fantastique est une des grandes forces du film. On nous présente cet homme loup mystérieux dès l'introduction, mais sa relation avec Hana, jeune étudiante pleine de charme et d'entrain, est déconcertante de naturel dès les premiers échanges. Et c'est avec la même facilité que l'on accepte que les deux enfants nés de cette histoire d'amour touchante et trop brève soient affectés par la même particularité : ils peuvent se changer en loup à volonté.
Yuki et Ame, les deux petits lycanthropes doivent donc apprendre à grandir et à devenir adultes avec leur différence et sans leur père qui n'est plus là pour leur servir de repère mais dont la présence presque déique pèse sur la famille durant toute la durée du métrage.
![]() |
![]() |
Les Enfants Loups c'est aussi et surtout le combat d'une mère pour élever seule ses enfants différents dans un monde où le conformisme est devenu un impondérable social. Hana s'exile donc à la campagne pour permettre à la nature animale de sa fille et de son fils de s'exprimer avec un peu plus de liberté. La découverte de cette petite maison typiquement japonaise (qui fait d'ailleurs beaucoup penser à celle de Totoro), sa rénovation, la rencontre avec les voisins, l'émerveillement et la peur que provoque la nature chez les deux petits.. Hosoda construit son film en petites saynètes qui s'enchaînent naturellement et il nous fait ressentir le poids du temps sans jamais être ennuyeux. Les ellipses sont magnifiquement gérées par une mise en scène magistrale et, très vite, on se rend compte que plusieurs années ont passé sans que l'on ait rien vu venir.
Cette mise en scène justement, très fluide et belle dans sa simplicité sert parfaitement le propos. Le réalisateur de La Traversée du Temps et Summer Wars sait filmer les gestes du quotidien comme peu d'autres. Il fait jaillir l'affection pour les personnages avec une facilité déconcertante, comme avec M. Narasaki, ce vieil homme rustre et bougon mais pour lequel on ne peut s'empêcher d'avoir immédiatement un immense respect et une grande tendresse. Le tout est souligné mais jamais surligné par une partition certes classique, mais aussi très poétique de Takagi Masakatsu.
![]() |
![]() |
L'animation n'est peut-être pas au niveau des grosses productions Ghibli, mais Hosoda sait s'en acquitter habilement en mêlant les scènes minimalistes à quelques grands moments visuels comme la séquence de la découverte des premières neiges qui est absolument sublime et inoubliable.
On pourrait disserter des heures sur la profondeur du film, sur les thèmes abordés, sur les personnages, secondaires ou principaux, tous plus passionnants les uns que les autres ou on pourrait vous dire à quel point on est en admiration devant le charismatique maître de la forêt, mais le mieux c'est encore d'aller voir le film, très vite !

Vous l'aurez compris, Les Enfants Loups est un film d'une grande richesse. Sous une apparente simplicité, le génial réalisateur aborde un grand nombre de thèmes complexes et passionnants, mais il le fait toujours avec humilité et simplicité, ce qui est bien souvent la marque des grands artistes. Il livre ici un fabuleux conte sur ce qu'il y a de plus difficile mais aussi de plus beau : grandir. Le film, à la fois âpre et beau, poétique et cruel, restera, à n'en pas douter, très longtemps dans les mémoires. Et Mamoru Hosoda s'impose encore un peu plus comme l'un des piliers du cinéma japonais moderne. Courrez le voir, vous ne serez pas déçus !










