
La politique sait s'emparer du jeu vidéo, et l'utilise même à desseins dans ses schémas de communication. Mais qu'en est-il quand c'est l'inverse ? D'ailleurs peut-on vraiment parler de réciproque dans le cas présent ? Parce que quand la politique s'invite dans le jeu vidéo, elle ne le fait pas par la petite porte ! Aujourd'hui le jeu vidéo est une industrie qui pèse des milliards, les investisseurs et les actionnaires, sont les premiers au courant.
Le fait que Disney ait fait la promotion ou ait aidé le complexe militaro-industriel pour influer sur l'opinion publique américaine pendant la Guerre Froide, met immédiatement sur la piste d'une possible relation entre l'industrie militaire et celle du jeu vidéo. Élémentaire mon cher Lock Holmes, il n'y a pas à chercher bien loin pour faire le lien à l'heure actuelle.
Que ce soient Counter-Strike, Call of Duty, ou encore Medal of Honor, tous ces jeux répondent à un schéma pensé pour intégrer cette notion de guerres dites réalistes ou réelles, avec des thèmes orientés : terrorisme, guerres morales, dans leur background. Ces jeux trônent fièrement chaque année aux pieds des sapins. Peut être pour ça aussi que Carla a les boules. Jusque dans le listing des équipements que ces jeux proposent, les armes sont modélisées dans les moindres détails. Aujourd'hui une personne qui n'a jamais touché à un Famas sait à quoi ça ressemble, combien de balles l'arme peut embarquer ou encore quelle portée théorique elle peut avoir. Yes, really.
Wernher von Braun et le producteurWalt Disney posant pour trois films de vulgarisation sur le programme spatial américain, visant à sensibiliser le public américain pendant la Guerre froide
Le jeu vidéo au service de la propagande de « l'Empire »? C'est aussi une donne intégrée depuis que Call of Duty est devenu le plus gros succès de l'histoire du jeu vidéo. Un jeu qui a rapporté plus qu'Avatar, ça met forcément en appétit l'industriel et puis si ça peut faire passer des messages ou légitimer la politique extérieure du pays, ce n'est finalement pas plus mal.
Les éditeurs ne s'en cachent plus, la promotion de ces partenariats avec le monde de l'armement est presque devenue un argument marketing. L'éditeur EA cet été, faisait étalage de ses relations avec les fabricants SOG, LBT ou US Optics via une campagne de pub internationale.
Des noms d'entreprises qui ne vous disent certainement rien, mais qui sont spécialisées dans la confection d'équipements liés à l'armement. L'éditeur justifie son choix en indiquant qu'il espère fournir ainsi aux joueurs le maximum de réalisme et ainsi garantir une immersion optimale aux utilisateurs. De leurs côtés certains journalistes s’interrogent sur la direction qu'imposent ces choix : «Si nous voulons que les jeux vidéo violents restent moralement justifiables, il nous faut absolument préserver la distance entre les FPS et la réalité. »
Même l'armée américaine utilise le média quand elle recrute. Après une séance sur Call of Duty on peut donc prolonger le plaisir en s’enrôlant pour la prochaine guerre. Logique et vendeur. À ce niveau Hollywood ne peut plus lutter, mais s'il peut donner un coup de main il ne s'en privera pas. Allez juste pour apporter la contradiction, parlons de Schwarzenegger qui essayait, du temps où il était gouverneur, d’interdire certains jeux dits violents dans l'Etat qu'il dirigeait, aucun paradoxe. C'est aussi ça les USA.
Bien évidemment, on peut étendre la recherche sur les mécanismes politiques dans les systèmes de jeu sur des pages et des pages. Dans les RTS ou les God Games, la guerre est par exemple souvent le centre nerveux du gameplay de ces jeux dits de stratégies. L' acceptation de la guerre et de ses mécanismes varient, mais sont toujours légitimés par cette recherche constante d'asseoir un pouvoir économique pour viabiliser l'harmonie du peuple que l'on veut mener au firmament.
Contrôler les ressources minières, stratifier militairement ses mouvements, se projeter vers la victoire comme une récompense à la fin du jeu. C'est aussi une manière de comprendre le Monde, ou une manière de produire une pensée pour le comprendre. Une pensée qui saurait justifier un but, s'il échappait à certains, d'autant qu'on pourrait la vendre.
Les alternatives existent, mais c'est bien à chacun d'aller les chercher. Pour clore cet article, et parce qu'il faut l'avouer, on a tout de même beaucoup parlé de Barack Obama et très peu de son opposant, nous allons laisser le mot de la fin à Chuck et sa femme.



