Elden Ring Nightreign n'est pas la suite directe d'Elden Ring, mais un Spin-off se déroulant à une époque et à un endroit différents. On est aussi loin des aventures majoritairement solo, auxquelles FromSoftware nous a habitué depuis une quinzaine d'années, puisque le gameplay tourne autour d'un groupe de trois joueurs. C'est aussi un titre moins ambitieux, réutilisant une grande partie des assets de son ainé, pour proposer un mélange inattendu, un roguelite multijoueur en temps limité combiné à la difficulté des titres du studio. Autant dire qu'il s'adresse à un public très particulier comme on va le découvrir.
- Genre : Rogue-Like, RPG, Multijoueur
- Date de sortie : 25 mai 2025
- Plateformes : PC, PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series
- Développeur : FromSoftware
- Éditeur : Bandai Namco
- Prix : 39,99 €
- Testé sur : PC
Nuit éveillée
L'histoire d'Elden Ring était difficile à suivre à moins de lire la description de tous les objets et de consulter des vidéos d'experts du lore sur Youtube. Au premier abord, celle de Nightreign semble encore plus légère, puisqu'il ne dispose pas de la même structure qu'un jeu solo. Il n'y a pas vraiment de place pour des cutscenes quand on multiplie les expéditions en temps limité sur la même carte pour tuer des boss. Il suffit de savoir qu'une bande de 8 héros mystérieux, au caractère, à l'apparence et aux capacités prédéterminés, ont été sélectionnés.
Leur mission est de contrer une calamité nommée Les seigneurs de la nuit, qui est en train de dévorer le monde et leurs souvenirs. Vous n'êtes plus libres de créer le personnage le plus laid possible, mais au moins, jouer un aigle maniant un bouclier est possible. Plus tard, différentes tenues peuvent être débloquées pour chaque personnage, avec de belles références supplémentaires aux titres passés du studio.
Les 8 puissants seigneurs de la nuit, qui sont aussi les seuls boss inédits de Nightreign, sont servis par tout un tas de boss et d'ennemis variés et il vous faudra les vaincre tour à tour pour résoudre la situation. Le scénario s'arrête quasiment là, mais si vous souhaitez en apprendre davantage, sachez que chacun des 8 héros jouables dispose de sa propre histoire à découvrir via ses souvenirs. Ces derniers mélangent du texte, des cutscenes, des quêtes à accomplir lors des expéditions, ainsi que quelques zones très spéciales qui leur sont propres et qui sont accessibles depuis la Table ronde. Au moins, cela évite de casser le rythme pour le reste du groupe. Ces histoires s'avèrent assez intéressantes, mais il est très clair que l'intérêt premier de Nightgreign ne repose pas dans son lore. L'ensemble reste aussi cryptique que les autres titres de FromSoftare.
Trio leveling
L'aventure démarre directement dans une version alternative de la Table ronde d'Elden Ring, on sélectionne un des 6 héros disponibles avant de lancer la recherche de groupe, les 2 derniers sont à débloquer. Nightreign est jouable en solo si vous êtes un loup solitaire à la recherche de plus grands défis et la difficulté s'adapte légèrement à ce mode de jeu, mais il est plutôt pensé pour un groupe de 3 joueurs. Le matchmaking est au rendez-vous, tout comme la possibilité d'inviter ses amis, même si l'interface n'est pas toujours très intuitive. Le gros problème est que, le crossplay n'est pas au rendez-vous, ce qui va forcément diviser la communauté. Se retrouver séparé de ses amis dans un titre quasiment injouable en solo pouvant s'avérer décourageant. De plus, communiquer en vocal est fortement conseillé dans Nightreign.
Si vous avez pour ambition de terminer le jeu en solo ou en mode hors ligne, il vous faut savoir que la moindre mort sur les boss obligatoires est un game over instantanée. Ces derniers disposent souvent d'une compétence capable de vous tuer instantanément et le nombre d'adversaires affronté n'est pas réduit. Faire face à 3 ennemis redoutables en même temps est ici la norme. La seule différence est que vos adversaires disposent de moins de vie. Apparemment, les développeurs ont aussi "oublié" d'intégrer un mode 2 joueurs, qui pourrait être intégré dans une future mise à jour.
FortniteReign
Une fois ces désagréments surmontés, le groupe s'accroche à un aigle avant d'être largué sur une position aléatoire de l'île servant d'unique carte à Elden Ring Nightreign. Cela devrait déjà vous faire penser à quelque chose et cette impression ne va faire que se renforcer. L'objectif est relativement simple, il faut tuer autant d'ennemis et de boss que possible, tout en visitant les différents points d'intérêt de la carte avant la tombée de la nuit pour s'équiper. Cela offre environ 15 minutes aux joueurs pour explorer aussi efficacement que possible ce contenu en grande partie aléatoire.
Il faut aller vite et réussir à gagner en puissance, puisqu'un grand cercle bleu, symbolisant une pluie mortelle, va rétrécir au fil du temps. Cela va naturellement pousser les joueurs vers la seule zone relativement sûre durant la nuit. Comme vous l'aurez sûrement compris, Nightreign reprend certains codes du genre Battle Royale et des jeux comme PUBG et Fortnite, mais dans une formule strictement PvE.
Les ressemblances s'arrêtent heureusement presque toutes là. Ce n'est pas du PvP mais un gros boss aléatoire qui attend les joueurs durant la première nuit. Le nombre de boss possible s'avère relativement large. Mais l'apparition de têtes connues, comme Margit le déchu, le Démon Centipède de Dark Souls et même le Roi sans nom de Dark Souls 3, pour n'en citer que quelques-uns, risque de partager les joueurs aussi. Le problème est que malgré ce recyclage assumé des vieux boss, on se rend compte après quelques parties que seule une infime partie d'entre eux est présente, à notre plus grand dam. Cela donne rapidement l'impression de toujours affronter les mêmes boss, ce qui est incompréhensible et inexcusable dans ce contexte.
Les éléments fondamentaux des combats sont similaires à ceux d'Elden Ring de base, avec quelques différences notables. Il n'y a pas de cheval, à la place, on dispose d'une course rapide en dehors des combats. Elle est combinée à un double saut qui fonctionne quand il en a envie, utilisé pour escalader les obstacles, ainsi que de tremplins magiques pour escalader les falaises et traverser rapidement la carte. Les dégâts de chute ont aussi été supprimés. Tout ça permet de voyager très rapidement et d'enchaîner les combats à un rythme bien plus élevé.
Lorsque l'expédition prend fin, que cela soit suite à une défaite ou à la mort d'un Seigneur de la nuit, le moment est venu de toucher ses récompenses, avec une monnaie spéciale et surtout, des reliques. Leurs pouvoirs sont déterminés aléatoirement en fonction de leur couleur et chaque personnage peut en équiper jusqu'à 3. C'est de là que provient l'aspect "roguelite" plutôt que "roguelike" de Nightreign, puisqu'elles offrent un bonus de puissance notable, lors des expéditions à venir.
C'est très loin d'être aussi manifeste que dans un jeu tel que Rogue Legacy, mais en sélectionnant les bons pouvoirs, cela reste appréciable. La monnaie permet d'acheter quelques reliques et autres objets utiles chez un marchand, sans oublier les incontournables skins. Et bien sûr, vaincre un Seigneur de la nuit permet d'affronter ses successeurs, lors des expéditions qui suivent. Mentionnons au passage que la progression n'est pas linéaire et qu'il est possible de terminer le jeu sans avoir vaincu tous les boss majeurs, comme dans Elden Ring.
Caelid, tu me manques !
En progressant dans la pseudo campagne de Nightreign, on a vite pu confirmer qu'il n'y a effectivement qu'une seule carte, qui est basée sur la première région d'Elden Ring, Nécrolimbe. Disposer d'autres biomes, avec des décors et d'autres dangers, aurait été vraiment appréciable. Le pire est que même la géographie reste largement inchangée d'une expédition à l'autre. Les sites de grâce, les falaises, le lac, la forteresse centrale, les tremplins et d'autres éléments sont fixes. Les changements concernant surtout les points d'intérêt, les boss et le butin, ce qui est significatif, mais parfois insuffisant, surtout au long terme.
C'est là qu'entre en jeux les événements, petits et grands. Les plus importants sont annoncés avant le démarrage de l'expédition et ils sont capables de modifier un quart de la carte. Se retrouver avec un immense cratère volcanique, une montagne enneigée avec une forêt corrompue pleine de putréfaction est ironiquement une bonne surprise. Ces zones spéciales sont aussi dangereuses que rentables et on regrette que le reste de la carte n'ait pas eu droit au même traitement, puisqu'il semble que le studio dispose de la technologie pour la modifier. Tous les événements n'impliquent pas des changements aussi radicaux, on a aussi droit à l'invasion inopportune de différents boss et autres groupes d'envahisseurs spéciaux. Mal gérés, ils peuvent mettre une fin prématurée à l'expédition, mais cela récompense aussi richement les meilleurs joueurs.
La limitation à une seule carte principale a néanmoins l'avantage d'aller de pair avec le gameplay central de Nightreign : le time attack, dans lequel on optimise ses déplacements et ses choix de combats, tout en gérant les différents aléas rencontrés. On finit par connaître la majorité de la carte comme sa poche, ce qui donne des parties rondement menées après quelques dizaines d'heures, alors qu'on se sentait perdu et débordé au départ. Une fois la phase de découverte passée, le plaisir est trouvé dans la recherche d'un parcourt aussi efficace que possible, avec la découverte d'un nouvel événement de temps à autre comme la Tour de la folie.
Lutte des classes
Le gardien privilégie les hallebardes et les boucliers, l'Anachorète fait usage des sorts et des incantations, etc. Certains d'entre eux sont plus originaux et difficiles à jouer, comme l'Exécuteur pouvant effectuer des parades au katana façon Sekiro, ou la Revenante, qui invoque des esprits en renfort. Chaque personnage dispose d'un pouvoir passif, d'une compétence au temps de recharge court (10 secondes environ) et d'une technique ultime très puissante, mais chargée en attaquant.
Ils ont tous intéressants à jouer, avec leurs points forts et leurs points faibles. Adopter une autre classe est un excellent moyen de renouveler le gameplay et de prolonger la durée de vie. Mais le moins qu'on puisse dire est que toutes les classes ne sont pas égales face au boss, tout particulièrement contre les Seigneurs de la nuit, comme nous allons le voir plus loin.
La progression en puissance a été adaptée au rythme effréné du jeu. Réfléchir à son build est difficile lorsque chaque seconde compte. Les 8 personnages sont autant d'archétypes à la progression prédéfinie. S'approcher d'un site de grâce l'active immédiatement et il suffit d'une pression de touche pour gagner ses niveaux automatiquement. Il n'y a plus de limite de poids et tout le monde peut équiper tout l'arsenal disponible, même si les statistiques et capacités encouragent à favoriser ce pour quoi son héros a été prévu. On peut d'ailleurs se balader avec un maximum de 6 armes en même temps, pour bénéficier de leurs bonus passifs. C'est une façon un peu maladroite de remplacer l'absence d'armure.
Inspecter les statistiques des objets ou les véritables monceaux illisibles de consommables et d'autres objets surgissants des coffres est tout sauf idéal dans un titre invitant à ne jamais s'arrêter. Il n'y a même pas d'indication dans le tooltip sur le type d'arme auquel on a affaire non plus. Un panneau de récompense pour tous les joueurs, avec une pause provisoire auraient été appréciés. Les tables de butin semblent aussi avoir été conçues à la hâte, puisqu'on se voit régulièrement proposer des armes et des sorts incompatibles avec sa classe. Il nous est arrivé de terminer une expédition sans jamais croiser un seul arc de qualité en tant qu'archer par exemple. De plus, certaines catégories d'armes comme les espadons contiennent jusqu'à 5 versions légendaires, là où d'autres n'en ont aucune, comme les dagues, les boucliers, les arcs, les catalyseurs d'incantation, etc.
Un boss et des bosses
En Soulslike digne de ce nom, Nightreign dispose d'un large casting de boss. La majorité d'entre eux est rencontrée sur la carte du monde, ils vont du relativement simple à l'affreusement difficile. Viennent ensuite les boss plus complexes, rencontrés durant chaque nuit. Le problème avec ces deux catégories est qu'elles ne contiennent pas le moindre boss inédit, c'est du recyclage des Dark Souls ainsi que d'Elden Ring. De plus, on a souvent l'impression de tomber sur les mêmes, alors que plein d'autres semble avoir été abandonnés.
Les Seigneurs de la nuit sont plusieurs crans au-dessus du reste, puisqu'ils ont clairement été conçus pour affronter un groupe de joueur. Ils sont très rapides, extrêmement mobiles et ils usent et abusent d'attaques de zone. Cela rend beaucoup d'entre eux pénibles à affronter au corps-à-corps. En plus des dangers inhérents à la proximité du boss, tenter de toucher en mêlée une créature fonçant en permanence d'un bout à l'autre de l'arène à la vitesse d'une F1 n'est pas très intéressant.
En prime, différents éléments et afflictions doivent aussi être utilisés pour les affaiblir et interrompre des attaques capables d'anéantir le groupe, ce à quoi les quelques personnages à distance se prêtent aussi bien mieux. Bien qu'ils ne soient pas aussi difficiles que les boss de Shadow of the Erdtree par exemple, chaque essai demande près de 45 minutes si tout se passe bien. À moins d'avoir des réflexes de jedi, se prendre des coups et mourir est inévitable. Heureusement, une des idées les plus intéressantes de Nightreign est la possibilité de relever ses coéquipiers en attaquant leur corps, plutôt de canaliser l'habituelle capacité d'aide durant de longues secondes.
Chaque nouvelle mort augmente la taille de la barre de vie à vider et sa capacité à se régénérer. Changer de cible pendant qu'un boss peut vous sauter dessus est aussi très risqué. Mais le réel problème est que l'interface ne semble pas avoir été conçue pour changer de cible. On se trouve régulièrement bloqué par le verrouillage automatique impossible à désactiver lorsqu'on tente de viser un allié à terre, tant que la caméra toujours aussi infâme va partir dans tous les sens pour suivre le boss.
Rogue's Souls
Elden Ring Nightreign est un titre très contrasté, plein de bonnes idées, mais qui aurait mérité d'être peaufiné davantage. Les "mauvaises habitudes" du studio, sur lesquelles on peut fermer les yeux dans un jeu solo dans lequel la mort coûte quelques minutes de jeu dans le pire des cas, deviennent vraiment gênantes lorsqu'elles font perdre 45 minutes à tout le groupe. Le confort de jeu en général est assez faibles, par exemple, aucun effort n'a été fait pour rendre la gestion des reliques plus agréable. Les tooltips toujours aussi obscurs et l'impossibilité de les vendre dans le panneau des récompenses par exemple. La progression dans les quêtes des personnages s'avère aussi contre-intuitive à plusieurs niveaux.
On ne va pas tout vous lister, mais il faut clairement être prêt à supporter toutes les lourdeurs et les maladresses de Nightreign pour en profiter. Malgré tout ça, il faut bien admettre qu'on ne voit pas le temps passer. Une expédition est longue, mais on a toujours l'impression de manquer de temps et les heures de jeu s'enchaînent sans s'en rendre compte. Il est très intéressant d'optimiser son groupe, son parcours et son build pour venir à bout d'un boss particulier. La poussée de dopamine en cas de victoire en est d'autant plus satisfaisante. Même en étant épuisé, on est tenté de relancer une autre partie, sur un autre boss, voire avec une autre classe.