Hollow Knight est sorti en 2017 et après quelques DLC, les trois développeurs de la Team Cherry se sont lancés sur le développement d'une extension autour d'un de ses personnages secondaire importants, Hornet, la princesse de Hallow Nest. Il semble que les développeurs se soient laissés emporter par leur enthousiasme, puisqu'ils ont continué d'ajouter du contenu et des fonctionnalités jusqu'à en faire son propre jeu sorti huit ans plus tard. Le titre original étant très populaire et les attentes des joueurs ayant été exacerbées par le premier trailer suivi de longues d'années qui ont suivi, Hollow Knight: Silksong est tout simplement devenu le titre le plus attendu de nombreux joueurs, et celui présent dans le plus de liste de souhaits sur Steam. Quand les attentes sont aussi extrêmes, on peut généralement s'attendre à une déception. Dans le cas présent, elle ne fut pas sous la forme escomptée.
- Genre : Metroidvania, Action-Aventure
- Date de sortie : 4 septembre 2025
- Plateformes : PC, PS5, Xbox Series
- Développeur : Team Cherry
- Éditeur : Team Cherry
- Prix : 19,50 €
- Testé sur : PC
Spider-Woman
Silksong démarre avec une jolie cinématique crée à base d'animation conventionnelle. Ce n'est un Ghibli, mais ces passages sont suffisamment nombreux et d'une qualité tellement élevée qu'on en oublierait que c'est un jeu indépendant. Le style artistique simpliste peut donner l'impression que c'est un jeu cartoonesque pour enfant, mais comme pour Made in Abyss, l'univers est sombre et la difficulté s'avère vite brutale. Pour en venir à l'histoire, Hornet s'est fait enlever par de mystérieux insectes masqués, avant d'être transportée dans un autre royaume. Elle parvient à s'échapper, mais son long emprisonnement et ses blessures l'ont affaiblie. Comme le dictent les canons du genre, il lui faudra parcourir tous les recoins de cette nouvelle terre, pour collecter les pouvoirs et les bonus, avant de confronter les responsables.
Le Royaume de Pharloom a des points communs avec Hallow Nest, la majorité de la population insectoïde a perdu la tête et attaque tout ce qu'elle croise à vue. Une étrange malédiction basée sur la soie semble en être à l'origine, mais cela ne décourage pas les pèlerins de faire le voyage jusqu'à la Citadelle sainte. On n'en dira pas plus à ce sujet. L'histoire en elle-même est assez classique, elle sert surtout de prétexte, ou plutôt de toile de fond, à la découverte de Hornet et de son héritage complexe. Contrairement au Chevalier du premier titre, elle parle et on peut dire qu'elle a un caractère bien tranché. Découvrir les différents résidents étranges de cette terre qui l'est tout autant, lors de leurs interactions avec la protagoniste, est un des plaisirs inattendus offerts par Silksong.
La beauté générale du jeu y contribue aussi. Parce que c'est de la 2D en vue horizontale, chaque décor est magnifique et les personnages dispose d'un nombre étonnant d'animations aussi fluides et détaillées que la direction artistique le permet. Cela pourrait passer pour une exagération, mais chaque image prise du jeu, dans quasiment n'importe quelles circonstances, relève presque de l'œuvre d'art. Si on y ajoute les musiques et la direction sonore riche, Silksong n'a rien à envier à Ori par exemple.
Tutoriel de 50 heures requis
Les bases du gameplay Hollow Knight Silksong sont similaires à celles de son prédécesseur. C'est minimaliste départ, puisqu'on démarre sans esquive, avec des attaques en mêlée dans différentes directions et un saut, même si on peut rapidement distinguer des différences. Par exemple, les mouvements de Hornet sont conformes à ceux du premier jeu, avec une attaque sautée en diagonale plutôt que verticale et des pouvoirs basés sur la soie et des outils, plutôt que sur la magie des abysses par exemple. Toucher l'ennemi charge la bobine de soie et cette dernière est utilisée à la fois pour utiliser des capacités de mouvement, des attaques spéciales, mais aussi pour se soigner, cela demande des choix et sacrifices importants en combat, puisqu'il n'y a pas de potion de soin.
Cela demande un petit temps d'adaptation, surtout lors des sections de plateformes, mais cela contribue au dépaysement. Mentionnons au passage que différents emblèmes peuvent être récoltés durant l'aventure et que chacun d'entre eux altère significativement les mouvements et les pouvoirs du personnage. C'est à la fois un moyen de choisir son style préféré et une façon élégante de proposer de la rejouabilité.
En revanche, une fois sorti du tutoriel, ce qui n'a pas changé est la difficulté, par rapport à la fin de Hollow Knight. On exagère un peu, mais la courbe de difficulté semble parfois exponentielle. L'écart de difficulté entre le premier et le second boss s'avère violent et les choses ne font généralement qu'empirer. Ce n'est pas une exagération de dire que Silksong attend de ses joueurs qu'ils aient terminés le titre précédent. La manière dont il cache immédiatement des passages secrets et le fait qu'il demande rapidement au joueur de faire des sauts pogo au-dessus de pointes acérées le montre bien.
Différents pouvoirs sont débloqués au fur et à mesure, comme le sprint et le dash, ce qui rend Hornet bien plus rapide et mobile, mais n'espérez obtenir un blocage ou une esquive. Il n'y a pas d'iframes dans Silksong et les ennemis évoluent aussi en conséquence, tout comme la difficulté. Même les ennemis normaux peuvent s'avérer incroyablement retord, ils n'hésitent pas à bondir en arrière tout en vous balançant des projectiles rapidement, ni à frapper au pire moment. Les arènes face à plusieurs vagues de créatures sont d'ailleurs (trop ?) nombreuses est aussi redoutables qu'elles en ont l'air. Les créatures volantes sont particulièrement pénibles dans ce domaine et la mort peut arriver très rapidement. Celle-ci s'avère assez punitive, comme le jeu a beaucoup en commun avec les titres de FromSoftware.
Si vous ne récupérez pas votre corps entre deux morts, toutes vos Perles sont perdues. Bien qu'il n'y ait pas de niveaux dans Silksong, ces dernières restent essentielles pour acheter des objets chez les marchands, y compris la carte de chaque zone. Vous en aurez souvent besoin pour activer les points de sauvegarde et ceux de voyage rapide entre autres. Avoir les poches vides au mauvais moment peut vous condamner à nouveau à mort, quand on fait face à point de sauvegarde payant à chaque utilisation. On peut même déceler une forme d'humour cruel de la part des développeurs à ce niveau, avec des pièges vicieux que même Miyazaki n'aurait pas osé disposer de cette manière.
Avec plus de quarante boss présents dans Silksong, on peut dire qu'ils occupent une place majeure dans l'expérience de jeu. Ils sont soignés et généralement intéressants, mais un phénomène surprenant est que malgré l'apparente simplicité des mouvements et des attaques des boss, ils s'avèrent redoutables au point de demander plusieurs heures pour être franchis dans certains cas. Les limitations importantes du sort de soin et l'absence d'une véritable esquive au sens moderne n'y sont pas étrangers. De plus, la Team Cherry a fait d'autres choix d'équilibrage qui augmentent exponentiellement la difficulté une fois combinés, au point de donner un sentiment d'équilibrage douteux, voire d'abus de ladite difficulté, et c'est la grande faiblesse de ce titre.
Le principal responsable est probablement le fait que tous les ennemis ont l'air d'être constitués de lave en fusion, puisque le moindre contact physique inflige un voire deux points de dégâts (sur cinq au départ). Même un boss étourdit est capable de vous tuer si vous approchez d'un pixel de trop pour l'attaquer, alors imaginez lorsqu'il est en mouvement est qu'il est accompagné de renforts constants aux mouvements erratiques et de projectiles capables de rebondir sur les murs.
L'extrême brièveté de la période d'invincibilité d'Hornet après avoir subi des dégâts aggrave le problème, puisque cela ouvre la porte à des combos aussi absurdes qu'injustes (du moins, à nos yeux), comme le fait de subir deux fois des dégâts de la même attaque, ou d'être touché par une attaque, puis par le contact avec le boss lui-même qui vous fonce dessus, avant d'être achevé par l'attaque suivante ou par un projectile qui trainait dans la zone, sans avoir réussi à se dégager à cause du recul occasionné à chaque fois par les dégâts. Il est possible de perdre toute sa vie en un instant sans pouvoir réagir, ce qui n'est jamais drôle. Le fait que la Team Cherry soit visiblement fan des corpse runs interminables, le fait de devoir passer plusieurs minutes pour revenir sur le boss, en gérant des ennemis, des pièges et des plateformes sur le trajet de retour, peut aussi rapidement épuiser la patience dans ce contexte.
Le coup de grâce porté à notre patience, ainsi qu'à celle d'autres joueurs, est probablement le choix étrange de lier une ressource à récolter aux outils de Hornet. Ces derniers sont des instruments essentiels en combat face à des ennemis généralement bien plus mobiles, rapides et surtout, nombreux qu'elle. Elle en récolte un grand nombre durant l'aventure et cela va des simples dagues de jets aux drones de combat automatisés. Leur nombre d'utilisations est limité entre chaque repos sur un banc, ce qui empêche d'en abuser sur les boss, mais dans ce cas, pourquoi demander de grandes quantités de ressources en plus pour les recharger ?
Si vous videz votre poche d'outils à chaque essai sur un boss, en cinq à six tentatives, toute votre réserve de carapaces sera vidée et il peut falloir plusieurs heures de jeu pour la recharger en jouant normalement. Silksong n'est pas un Raid sur World of Warcraft, demander aux joueurs d'aller farm des consommables pour devoir s'en passer sur des boss très difficiles est un choix pour le moins contestable. Surtout quand la majorité desdits boss n'offre aucune récompense, ils ouvrent simplement le passage vers la prochaine épreuve. Cela aurait été trop demandé d'obtenir au moins des Perles et des Carapaces ? Le fait que le jeu soit avare avec les gains de puissance passifs au début du jeu, comme les points de vie supplémentaire, la réserve de soie ou les dégâts, contribue aussi à rendre la progression difficile. La seule solution est de bien jouer, ce qui n'est pas à la portée de tout le monde.
Aucun mur ne doit être épargné
L'expérience de jeu ne se limite pas à souffrir en affrontant un large casting de boss. Le Royaume de Pharloom est incroyablement vaste et complexe, avec une multitude de biomes à la faune et aux dangers variés. Chaque région dispose de sa propre identité et elles sont nombreuses. La carte globale semble encore plus vaste que cela du premier jeu. Tout explorer et rechercher la multitude de secrets et de passages secrets est un réel plaisir quand on n'est pas allergique aux jeux de plateformes.
On appréciera au demeurant que la progression soit surtout déterminée par les capacités de mouvement débloquées, une fois les premières cartes passées, on pourrait presque parler d'un open world. La raison étant qu'il devient possible de progresser dans l'histoire de plusieurs façons différentes, en passant, ou non, par certaines régions. Il est même possible de terminer le jeu sans découvrir une bonne partie d'entre elles, même si cela serait bien dommage. Ici, il n'y a heureusement pas de portes fermées avec un code couleur paresseux comme dans Metroid Dread, mais trouver les clés s'avère tout de même un projet de longue haleine dans certains cas.
Comme mentionné plus haut, le monde de Silksong est riche, avec une multitude de personnages rocambolesques qui viendront vous porter assistance ou au contraire, pour vous demander de l'aide. Ces souhaits comprennent des activités conventionnelles comme de la récolte et de la chasse, mais aussi des livraisons en tant limité ou l'exploration de zones cachées avec un boss additionnel à la clé. Le nombre de quêtes et d'activités et surprenamment élevé et il y a même un soupçon de housing pour exposer votre collection, pour ceux qui veulent pousser les choses encore plus loin.
Une fois encore, le prix de Silksong nous semble juste incroyable (moins de 20 euros pour mémoire) pour un titre de cette qualité, disposant en plus d'une durée de vie massive dans la catégorie Metroidvania. Il faut compter entre 40 et 60 heures pour atteindre la première fin en moyenne, en explorant la majorité de la carte, mais ça se limiterait à gratter la surface.
Davantage de contenu parvient à émerger de nulle part à chaque fois et il y a de quoi passer entre 80 et 100 heures de jeu à chercher le 100 %, sans que cela se résume à une vulgaire chasse aux collectibles, ce sont de nouveaux donjons, pouvoirs et boss qui vous attendent à chaque fois. La rejouabilté s'avère aussi assez bonne, grâce aux dizaines d'outils différents et aux emblèmes capables d'altérer significativement le gameplay. Les fous furieux peuvent aussi s'attaquer au mode Âme d'acier, rendant la mort définitive et permanente, mais la majorité des joueurs auraient sans doute préféré des modes de difficulté à la place.





































