Octopath Traveler 0 se présente comme une préquelle visant à poser les fondations du monde déjà exploré dans les volets précédents, Octopath Traveler et Octopath Traveler 2. Pour compliquer les choses, c'est aussi une réadaptation du jeu mobile Octopath Traveler: Champions of the Continent de 2020. Le format mobile et la formule free to play bourrée de microtransactions ont poussé la majorité des fans de la licence à l'éviter. À présent que c'est un jeu premium disponible sur les plateformes habituelles, le moment est venu de s'y plonger, même si Square Enix n'a pas l'air décidé à toucher un public aussi large que possible.
- Genre : JRPG, Tour par tour
- Date de sortie : 4 décembre 2025
- Plateformes : PC, PS4, PS5, Switch, Switch 2, Xbox Series
- Développeur : Square Enix, DokiDoki Groove Works
- Éditeur : Square Enix
- Prix : 49,99 €
Un Octopath Traveler en semi 2D-HD non localisé
Avant de plonger dans le contenu d'Octopath Traveler 0, deux éléments importants doivent être soulignés. Le premier est que le titre d'origine, servant de base à 0 est sorti avant le second jeu principal. En combinant ça au fait qu'il ait été conçu pour les appareils mobiles, le résultat est visuellement inférieur à Octopath Traveler 2. Ce n'est pas choquant non plus, surtout avec l'esthétique fondamentalement rétro de la HD-2D, qui mélange, pixel art, sprites en 2D plus conventionnels, ainsi qu'un peu de 3D. C'est assez notable sur les effets de lumière, les ombres et les sorts. C'est plus subjectif, mais on regrette aussi que les portraits HD des personnages ne soient pas plus présents lors des dialogues par exemple.
Ce qui risque de s'avérer nettement plus problématique est que Square Enix a pris la décision incompréhensible de ne pas localiser Octopath Traveler 0 en français. Il n'est disponible qu'en japonais, en coréen, en chinois et en anglais, en laissant toutes les autres langues sur le carreau. C'est pour le moins étrange en 2025 avec les outils disponibles et pour un jeu vendu à 50 euros pour sa version de base. L'histoire et les dialogues étant importants, cela peut s'avérer problématique pour certains joueurs, alors que les précédents opus étaient traduits.
Le héros (ou l'héroïne) du continent avec son harem
Octopath Traveler 0 s'écarte distinctement des deux autres titres à plusieurs niveaux. Cette fois, on ne découvre pas les histoires de huit personnages prédéterminés qui finissent par se réunir, puisqu'on peut créer et nommer son protagoniste. Le jeu propose une poignée de choix à faire (genre, classe de départ, dons, etc.) avant de démarrer dans un petit village perdu. La suite est un cliché du genre, les circonstances le forcent à parcourir le monde pour se venger et reconstruire les lieux, tout en recrutant de nouveaux compagnons en chemin.
La surprise est qu'il n'y a pas que sept personnes à recruter, mais plus de trente au total, ce qui est assez massif pour un jeu du genre. Malheureusement, cela se paie narrativement, avec des quêtes de recrutement assez ridicules, voire pathétiques à l'occasion : "Tu m'as donné une herbe médicinale achetée à la boutique du coin quand j'en avais besoin pour soigner ce gamin inconnu, je vais te suivre jusqu'au bout du monde !" On peut aussi se demander où se trouve "l'octo" dans ce cas ? La réponse est dans la formation du groupe, qui peut accueillir jusqu'à huit personnages à la fois, quatre sur la ligne de front et quatre en réserve, ce qui permet d'effectuer une rotation rapide en combat.
Octoplus Travelers
Au moins, cela permet de créer librement la composition de son groupe, une fois les premières heures de jeu passées. Le protagoniste dispose d'un système de jobs façon Final Fantasy et ses dérivés, avec des compétences et des passifs à débloquer en changeant de classe régulièrement, alors que celle des autres est fixe. Le système de classe secondaire disparaît, mais il est possible d'apprendre des compétences d'autres classes, plus tard dans l'aventure. Les compétences et les deux armes dont dispose chaque personnage sont importantes. En effet, Octopath Traveler 0 conserve les systèmes fondamentaux de la série : combats au tour par tour, mécanique de Rupture, gestion de la jauge de Boost et distribution des faiblesses ennemies.
Dans les grandes lignes, le gameplay reste familier. Il faut juste réfléchir à la répartition de son groupe, pour disposer de rotations capables de gérer toutes les faiblesses possibles. Vous ne voulez pas remplacer un épéiste par un autre épéiste et ce système dispose de subtilités tactiques plutôt intuitives. Mais ce qui rend ce système vraiment agréable est que les personnages placés à l'arrière récupèrent de la vie et des SP chaque tour. Cela leur permet littéralement de souffler un coup pendant que leurs amis tiennent la ligne de front.
Ne pas avoir à se reposer à chaque fois où à engloutir des tonnes de consommables rend la progression et les combats plus fluides et agréables quand on en fait bon usage. Cela rend le fait qu'il n'y ait pas de modes de difficulté d'autant plus dommage. À moins d'affronter des ennemis de bien plus haut niveau, tout ce qui n'est pas un boss se fera rouler dessus par votre groupe massif. Si cela peut vous rassurer, quelques combats devraient tout de même vous résister un peu, surtout vers la fin de l'aventure.
L'illusion du choix
Le monde et la progression d'Octopath Traveler 0 divergent aussi de ceux des deux autres titres. À la fin du prologue, plusieurs voies vous sont offertes : rebâtir votre village et retrouver ses habitants ou alors, traquer les différents responsables de la tragédie qui l'ont frappé. Dotés d'anneaux de pouvoirs et illustrant des qualificatifs à double tranchant tels que le pouvoir, la fortune et la célébrité, ces trois antagonistes de départ disposent chacun d'une suite de quêtes distinctes. Elles peuvent être entreprises dans n'importe quel ordre et il est même possible (mais pas conseillé) de les ignorer durant des dizaines d'heures.
La carte se présente aussi sous la forme d'un simulacre de monde ouvert que vous êtes libres d'explorer comme il vous plait. Du moins, si vous ignorez un léger détail, le fait que la puissance des ennemis grimpe immédiatement de trente niveaux si vous osez mettre les pieds en dehors des zones des premières quêtes principales. Vous aurez aussi droit aux habituels "Pas par là" arbitraires dont raffolent toujours les JRPG. Les très nombreux dialogues vous réservent une surprise du même acabit.
Laisser le joueur créer son propre personnage, c'est bien, mais il souffre une fois de plus syndrome du protagoniste silencieux doté d'autant de personnalité qu'une feuille de laitue. Pour donner le change, on vous demandera régulièrement de prendre des décisions importantes, auxquelles vous pourrez répondre "Oui" ou "Non", mais une réponse négative sera toujours prestement ignorée, au point de recharger le dialogue. Si on met de côté cette vieille source de frustration très japonaise, l'histoire et ses dialogues s'avèrent intéressants et bien écrits.
Les personnages ne ressemblent qu'à des tas de pixels difformes, mais ils réussissent étonnamment bien à communiquer les émotions lors de moments clé. Si vous avez apprécié cet aspect particulier des deux titres précédents, vous allez être servis dans ce domaine, avec de nombreuses cutscenes aussi longues et bavardes que touchantes.
Animal Pathing
L'autre aspect différent d'Octopath Traveler 0 a été mentionné plusieurs fois précédemment : la reconstruction de Wishvale. Cela ne se limite à une séquence d'événements narratifs au fil de l'histoire. Elle est bien liée à une longue suite de quêtes et de personnages, mais elle intègre aussi une interface dédiée. À vous de choisir où bâtir les maisons et les infrastructures du village. La récolte des matériaux et la disposition de nombreux éléments cosmétiques sont laissés à votre charge aussi.
Wishvale peut aussi devenir un important moteur de progression pour votre groupe aussi : différents bonus et pouvoirs sont accordés par ses résidents et par ses bâtiments. Cela comprend la possibilité d'entraîner passivement les compagnons exclus du groupe, ainsi que des points de voyage rapide spéciaux et l'apprentissage des compétences d'autres classes. Mais encore faut-il avoir des villageois. C'est la qu'entre en jeu les actions de "Path".
Il est possible d'interagir avec des centaines de PNJ un peu partout dans le monde et de les convaincre de vous aider de différentes manières. C'est un système assez étrange, basé sur vos trois caractéristiques spéciales, qui sont aussi celles de vos Némésis : le pouvoir, la richesse et la célébrité. Les personnages suivant la voie de la richesse vous demanderont de les payer pour assister le groupe, alors que si vous êtes assez connus, d'autres vous donneront simplement le contenu de leurs poches.
Cela devient assez incongru avec les adeptes de la puissance, qu'il faut affronter en combat. En pratique, une grande partie de l'aventure consiste à faire le tour des villes et villages en mendiant, en arnaquant ou en tabassant tous les habitants pour les déposséder de leurs biens. On se retrouve à donner des coups de hache chargés au maximum dans la tête de la ménagère ou de la vieille du coin pour obtenir du raisin. Vous pouvez aussi les inviter à résider dans votre village. Libre à vous de leur affecter un logement ensuite (ou pas) pour bénéficier de leur bonus et pour créer des colocataires/couples forcés. Même si c'est un peu douteux moralement, la gestion du recrutement et de la reconstruction s'avère suffisamment légers et amusants pour rester intéressants.





























