Jusqu’à récemment, le marché des consoles suivait un schéma relativement stable : les prix initiaux élevés étaient généralement revus à la baisse au fil du temps, au fur et à mesure que la technologie vieillissait. Mais depuis la pandémie de COVID 19, les chaînes d’approvisionnement perturbées, l’inflation persistante et l’escalade des coûts de production ont rebattu les cartes.
Les consoles devenues produits de luxe
Depuis le 1er mai 2025, les Xbox Series S et X ont vu leur prix grimper de 50 euros en Europe. La Xbox Series S démarre désormais à 350 euros, tandis que la Series X atteint 600 euros. Outre les consoles, les manettes et casques Xbox subissent aussi une hausse, notamment aux États-Unis et au Canada. L’édition spéciale Galaxy de la Xbox Series X 2 To s’affiche même à 729,99 dollars.
Mais ce n’est pas tout. Les jeux Xbox "first-party", développés par les studios internes de Microsoft, verront leur prix atteindre 79,99 euros dès les fêtes de fin d’année. Parmi les titres potentiellement concernés : Fable, Perfect Dark, Clockwork Revolution, Gears of War: E-Day ou encore State of Decay 3.
L’entreprise affirme que ces « ajustements difficiles » ont été mûrement réfléchis, et justifiés par « l’augmentation des coûts de développement » et « les conditions actuelles du marché ». En filigrane, les tensions commerciales, notamment les droits de douane sur les produits fabriqués en Chine (où sont assemblées la plupart des consoles Xbox), pèsent lourd dans la balance.
Une industrie sous pression et des joueurs inquiets
Microsoft n’est pas seul. Sony avait déjà augmenté le prix de sa PlayStation 5 en 2022, une première dans l’histoire du constructeur. En avril 2025, rebelote : la firme japonaise annonce une nouvelle hausse de la PS5 dans plusieurs régions, dont l’Europe, évoquant « un environnement économique difficile » lié à l’inflation et aux taux de change.
Nintendo, souvent perçu comme l’outsider du trio des géants du jeu vidéo, n’est pas en reste. Sa Switch 2, attendue pour le 5 juin 2025, sera commercialisée à 470 euros en France — un record pour la marque. À titre de comparaison, la première Switch était lancée à 330 euros en 2017. Les jeux "Switch 2 Edition", dont un Mario Kart World à 80 dollars, suivent la même tendance.
L’annonce du prix de la Switch 2 a coïncidé avec une nouvelle salve de droits de douane décidée par le gouvernement de Trump, qui cible notamment les produits chinois et vietnamiens. Même si Nintendo fabrique ses consoles principalement au Vietnam, l’impact sur la chaîne logistique mondiale reste significatif. Résultat : les précommandes (2,2 millions d’unités selon Nintendo) pourraient entraîner des pénuries dès la sortie.
Derrière ces hausses, c’est toute une industrie qui revoit son modèle économique. En quelques années, le prix standard d’un jeu AAA est passé de 60 à 80 euros. Pour les éditeurs, ces augmentations sont perçues comme nécessaires pour maintenir des marges viables face à des budgets de développement parfois comparables à ceux de superproductions hollywoodiennes. Pour les consommateurs, en revanche, la pilule est amère.






