Derrière les objectifs a priori nobles ou personnels de certains des compagnons de Baldur's Gate 3 se cachent souvent des conséquences bien plus sombres qu’il n’y paraît. Si vous vous contentez de les soutenir aveuglément, vous pourriez bien les mener à leur perte… ou du moins, à une transformation radicale.
Des ambitions nobles aux désastres annoncés
Fidèle de Shar, Ombrecoeur commence l’aventure avec la volonté farouche de devenir une justicière sacrée de sa déesse. Ce vœu, si vous le respectez, l’amène à abandonner toute lumière dans sa vie. Elle renie Selûne, ses parents et son passé pour embrasser pleinement le néant et l’oubli. Elle devient alors l’instrument aveugle d’un culte destructeur, perdant tout ce qui faisait d’elle un être nuancé et capable d’amour. Son évolution peut être poignante ou terrifiante, selon votre influence.
Astarion, quant à lui, rêve de devenir un vampire ascendant, libéré de l’emprise de son maître Cazador. Mais dans sa quête de pouvoir, il se révèle capable des pires atrocités. S’il obtient ce qu’il veut, il devient à son tour un tyran, utilisant les autres comme des outils, exactement comme il l’a été lui-même.
Gayle, l’ensorceleur érudit, cherche à retrouver l’interêt de la déesse Mystra et rêve de divinité. Il croit qu’en accédant au rang divin, il se rachètera à ses yeux, ou qu'il pourra du moins devenir son égal. Mais cette ambition l’éloigne peu à peu de son humanité. Dans certaines fins, il parvient à devenir dieu de l'ambition, mais au prix de son identité. Dans d’autres, il échoue, et meurt avant même d’avoir atteint son but. Sa quête, d’apparence noble, cache une immense solitude et une incapacité à se pardonner.
Lae’zel, farouche guerrière githyanki, veut s’élever dans la hiérarchie de son peuple. Elle croit que c’est là la voie de l’honneur suprême. Mais elle découvrira bientôt que cette ascension est un leurre : chez les githyanki, cela signifie être absorbé par leur déesse Vlaakith pour prolonger sa vie. Son rêve devient alors un piège mortel, dont elle ne pourra s’échapper qu’en remettant en question toute sa culture.
Wyll se trouve face à un dilemme tragique dès le début du jeu. Sa patronne démoniaque Mizora lui ordonne de tuer Karlach, une ancienne ennemie. S’il obéit, il élimine une personne profondément bonne, au passé douloureux, et découvre trop tard qu’il a été manipulé. Son acte, au lieu de lui apporter la gloire, le plonge dans le doute et le remords, et son rêve de héros devient une mascarade.
Et puis, il y a Karlach, qui n’a pas de rêve de grandeur ou de vengeance. Elle veut simplement survivre. La machine infernale logée dans sa poitrine la tue lentement, et elle aspire à une vie simple sur la Côte des Épées. Mais même ce souhait modeste semble hors de portée. Pendant longtemps, aucune fin ne lui permettait de s’en sortir sans mourir ou perdre son identité et devenir un flagelleur mental. Ce n’est qu’avec une mise à jour tardive qu’elle obtient enfin une alternative : retourner en Avernus, accompagnée de Wyll, ou du joueur, en quête d’une solution. Une fin incertaine, mais pleine d’espoir.
Changer le destin : entre renoncement et rédemption
Heureusement, Baldur’s Gate 3 n’impose pas de suivre ces trajectoires jusqu’à leur conclusion dramatique. En dialoguant, en intervenant, en résistant, vous pouvez changer le destin de vos compagnons.
Ombrecoeur peut rejeter Shar, retrouver la lumière de Selûne et renouer avec sa famille perdue. Elle peut guérir au lieu de s’enfoncer dans les ténèbres. Astarion, s’il est encouragé à suivre une voie plus humaine, peut renoncer à l’ascension. Il restera un vampire, certes, mais un vampire libre, capable de construire sa propre morale et de guérir de ses traumatismes.
Gayle, touché par votre soutien, peut abandonner son obsession divine. Il peut apprendre à vivre sans le regard de Mystra, et à s’aimer lui-même en tant qu’homme, non en tant que dieu potentiel. Lae’zel, elle aussi, peut ouvrir les yeux sur la vérité de son culte et décider de mener une rébellion pour libérer son peuple – une cause bien plus grande que son ambition personnelle.
Wyll peut refuser de tuer Karlach, briser peu à peu son pacte avec Mizora et devenir un héros selon ses propres valeurs, et non celles imposées par les Enfers. Quant à Karlach, elle peut affronter son destin en retournant en Avernus avec une chance – même infime – de guérison, au lieu de sombrer dans la folie ou la mort.
Ces fins alternatives ne sont pas parfaites. Elles impliquent souvent des sacrifices, des douleurs, des renoncements. Mais elles permettent à vos compagnons de rester eux-mêmes, de conserver leur intégrité, leur humanité.