Baldur’s Gate 3 a marqué un tournant pour les jeux de rôle : ambitieux, richement écrit et salué comme l’un des meilleurs RPG de tous les temps, il fait figure de modèle à suivre. Pourtant, cette réussite pourrait bien devenir un piège. Certains créateurs, comme David Gaider, vétéran de Dragon Age, redoutent que l’industrie ne cherche à reproduire le succès de Larian Studios sans en comprendre les fondements, au risque de trahir ce qui fait la force du genre.
Un sucès aux conséquences ambiguës
Le triomphe critique et commercial de Baldur's Gate 3 n’a laissé personne indifférent. Dans une industrie souvent dominée par les shooters et les mondes ouverts à objectifs répétitifs, le RPG de Larian Studios s’est imposé comme une œuvre d’auteur, exigeante, et profondément enracinée dans les traditions du jeu de rôle papier. Ce retour en grâce du tour par tour et de la narration comme mécanique centrale a été accueilli comme une bénédiction par la grande majorité des joueurs.
David Gaider, vétéran respecté du RPG, connu pour son travaux sur Dragon Age: Origins, Star Wars: Knights of the Old Republic et les premiers Baldur’s Gate, s'interroge :
Le piège de la romance obligatoire
L’autre inquiétude majeure de David Gaider concerne l’instrumentalisation de la romance dans les RPG. Alors que Baldur’s Gate 3 propose des arcs sentimentaux riches et intégrés au récit, son influence semble déjà s'étendre à d'autres titres, par exemple Warframe, pourtant à mille lieues du RPG narratif, qui intègre désormais des éléments romantiques, citant BG3 comme inspiration.
Or, Gaider, l’auteur derrière les relations iconiques d’Alistair et Morrigan dans Dragon Age: Origins, se méfie de cette tendance :
Gaider déteste l’idée d’un RPG traité comme une succession de cases à remplir : combats, exploration, choix moraux, romance. Pour lui, tout doit découler d’une intention narrative claire. L’exemple de BG3 est parlant : ses personnages romançables ne sont pas là pour cocher une case, mais pour enrichir une aventure où les émotions, les dilemmes et les relations s’entrelacent naturellement.
Le succès de Baldur’s Gate 3 devrait être un appel à la confiance : preuve qu’un RPG ambitieux peut triompher sans compromis. Pourtant, le spectre d’une récupération industrielle, sans la compréhension de ce qui fait la richesse du genre, plane. En tentant de forcer la magie sans en respecter les ingrédients essentiels — temps, budget, liberté créative —, les éditeurs risquent d’assécher la source même de leur inspiration.







