Dans Baldur’s Gate 3, le joueur peut créer un personnage totalement original ou incarner l’une des sept Origines proposées, chacun avec sa propre trame narrative profondément liée aux événements du jeu. Mais un de ces personnages sort du lot : les Sombres Pulsions, ou Dark Urge en anglais. Contrairement aux autres Origines comme Astarion ou Lae’zel, que l’on peut recruter même si l’on ne les incarne pas, le personnage Sombres Pulsions le seul qui disparaisse entièrement du champ de vision du joueur... sur le papier du moins.
Et pourtant, cette figure tourmentée n’est jamais très loin. Même si vous décidez de ne pas l’incarner, son histoire continue dans l’ombre, car la Sombre Pulsion est bien plus qu’un simple personnage préfabriqué : elle est un Bhaalspawn, un rejeton du dieu du meurtre Bhaal.. Et dans un monde qui n’offre ni protection divine ni compagnons fidèles, ce personnage est voué à suivre un chemin bien différent, aux conséquences bien plus sombres.
Le périple solitaire des Sombres Pulsions
Lorsque vous ne choisissez pas de jouer la campagne Sombres Pulsions, le jeu ne l’ignore pas pour autant. Des indices disséminés dans le monde confirment que ce personnage existe bel et bien dans l’univers de Baldur’s Gate 3, qu’il a suivi un parcours parallèle au vôtre... mais sans l’aide précieuse du Prisme astral ou d’un groupe d’alliés.
Tout commence à bord du Nautiloïde, ce vaisseau illithid s’écrasant au début de l’aventure. On apprend que la Sombre Pulsion s’y trouvait également, retenue dans une capsule distincte, brisée lors du crash. Contrairement au joueur, elle ne se réveille pas près du site du crash. Beaucoup pourraient penser qu’elle a péri. Mais ce serait sous-estimer la résilience d’un rejeton de Bhaal...
Au fil des actes, le joueur attentif découvre des documents, des témoignages et des restes prouvant que le personnage a survécu. Des notes de Kressa Filledos, nécromancienne au services des Flagelleurs mentaux, évoquent les expérimentations sur ce sujet très spécial. Et plus loin encore, dans la ville basse de la Porte de Baldur, le corps mutilé d’un Drakéide blanc, la forme par défaut des Sombres Pulsions, repose sans vie dans les quartiers d’Orin la Rouge, l’Élue actuelle de Bhaal.
Mais comment la Sombre Pulsion a-t-elle pu survivre seule ? L’explication la plus cohérente suggère qu’elle a suivi le pèlerinage vers les Tours de Hautelune comme tant d'autres infectés par les parasites illithids, séduite par les promesses de l’Absolue. Sans conscience de sa véritable nature, et sans la barrière protectrice du Prisme astral, elle aurait pu croire elle-même être une Âme Eveillée. Cette croyance aurait facilité son intégration dans l’armée de l’Absolue, jusqu’à la Porte de Baldur.
Une fin inéluctable
Deux scénarios sont envisagés par les éléments narratifs du jeu, tous deux menant à la mort. Dans le premier, Orin, réalisant que l’ancien rejeton de Bhaal n’a pas péri, utilise sa Pierre Infernale pour localiser et contrôler le personnage Sombres Pulsions. Elle le capture, le torture et le tue pour réaffirmer son autorité sur le culte de Bhaal.
Le second scénario, plus tragiquement héroïque, imagine une tentative désespérée du personnage Sombres Pulsions de reprendre sa place d’Élu. En l’absence du joueur pour guider ses choix, il succombe à l’influence du dieu du meurtre, et au lieu de résister, il l’embrasse. Il entre alors en concurrence directe avec Orin, son ancienne rivale. Mais sans l'expérience des actes précédents, ni alliés pour la soutenir, il n’est pas de taille, et meurt au combat.
Ce qui rend cette facette de Baldur’s Gate 3 si brillante, c’est la capacité du jeu à faire vivre ses histoires, même celles que vous ne voyez pas directement. Le personnage Sombres Pulsions est une incarnation du potentiel dramatique du jeu de rôle : un personnage qui, selon les choix du joueur, peut se perdre dans la folie ou renaître en quête de rédemption. Ne pas choisir cette campagne ne signifie donc pas la faire disparaître, mais condamner son héros à une errance sanglante et solitaire.
L’histoire des Sombres Pulsions, lorsqu’on le laisse suivre seul son funeste destin, est un fascinant miroir noir des aventures héroïques vécues par le joueur. Il enrichit l’univers narratif de Baldur’s Gate 3 en ajoutant une couche de profondeur tragique, et montre que même les choix que l’on ne fait pas ont un poids. C’est un rappel cruel mais puissant : dans ce monde, personne n’est épargné par les dieux, et surtout pas les enfants de Bhaal.









