Parmi la galerie de personnages ambigus de Baldur’s Gate 3, peu sont aussi fascinants que l’Empereur. Introduit comme une entité bienveillante, ce personnage se révèle être un illithid dont les intentions réelles ne cessent de susciter la méfiance.
Pourtant, il se présente toujours comme un allié, voire un sauveur. Mais est-ce vraiment le cas ? Derrière ses airs de mentor altruiste se cache une entité manipulateur prête à tout pour préserver son pouvoir.
Des mensonges dès la première rencontre
Dès le début de l’aventure, l’Empereur vous ment. Il se cache derrière une identité fictive, celle de votre Ange Gardien. Bien plus qu’un simple alias, ce personnage idéalisé est conçu pour vous séduire et gagner votre confiance. Pire encore, c’est vous qui en choisissez l’apparence, comme si l’Empereur lisait vos pensées pour se façonner selon vos désirs les plus profonds. Une supercherie psychologique d’autant plus perverse qu’elle pose les bases d’une relation intime, voire romantique, sur une dissimulation totale de son identité.
Il ne révèle sa vraie nature d’illithid que lorsque cela devient inévitable, à la fin de l’Acte II. Et loin d’exprimer des remords, il semble simplement frustré que son déguisement ne fonctionne plus. Cette première tromperie jette une ombre durable sur toutes ses paroles ultérieures : si l’Empereur vous a manipulé pour obtenir votre confiance, que cache-t-il d’autre ?
Le Prisme astral, Orpheus, et le véritable pouvoir
Le deuxième mensonge est plus insidieux. L’Empereur affirme que c’est lui qui détient le pouvoir de résister à l’Absolue, une entité psionique qui menace de réduire le monde en esclavage. Ce n’est qu’en accédant au Prisme astral, au cœur d’une crèche githyanki, que le joueur découvre l’existence d’Orphée, le prince gith enfermé et réduit au silence.
L’Empereur ne s’est pas contenté de voler à Orphée le pouvoir de résister à l’Absolue, il en a aussi étouffé l’existence. Il justifie cela par la sécurité du groupe, mais ses intentions sont claires : monopoliser le pouvoir et éviter toute forme de concurrence.
Il maquille son passé, tue ses alliés et s’en lave les mains
Plus on en apprend sur l’Empereur, plus ses récits deviennent suspects. Lors de l’exploration de Baldur’s Gate, vous découvrez qu’il n’est pas un simple illithid anonyme, mais Balduran lui-même, le légendaire aventurier fondateur de la cité. Ce qu’il cache, en revanche, c’est le meurtre brutal de son ami le plus proche, le dragon Ansur.
Plutôt que de révéler cette vérité, l’Empereur fait tout pour dissuader le groupe de rechercher Ansur, affirmant que cela ne les aidera pas. La réalité ? Il a tué son ami et caché son cadavre sous la ville. Pourquoi ? Parce qu’Ansur refusait d’accepter la transformation de Balduran en flagelleur mental et souhaitait l’arrêter.
Ce n'est d'ailleurs pas le seul allié qu'il a assassiné en tout impunité pour ensuite le cacher : il en fait de même avec Belynne Stelmane.
Il se présente comme un sauveur, mais finit par trahir
Le mensonge le plus cruel, c’est peut-être celui que l’Empereur continue de proférer jusqu’à la fin : qu’il veut sauver le monde. Mais ses actions disent le contraire. Lorsqu’on insiste pour libérer Orpheus, il trahit le groupe et rejoint l’Absolue sans hésiter. Plutôt que de perdre le contrôle, il préfère s’allier à la pire menace du jeu.
Pire encore, dans une des fins possibles, il peut être convaincu de ne pas détruire l’Absolue, mais de la contrôler, prouvant que la domination psionique n’a jamais été un problème pour lui du moment qu’il est celui qui tient les rênes. L’Empereur n’est pas un gardien. Il est une usurpation de bienveillance, un parasite déguisé en mentor.
L’Empereur prétend vous laisser le choix mais vous manipule en permanence
L’un des mensonges les plus insidieux de l’Empereur est de vous faire croire que vous êtes libre de vos décisions. À de nombreuses reprises, il affirme ne pas vouloir vous forcer la main, qu’il ne cherche qu’à vous conseiller, à vous aider à faire les bons choix. Mais à y regarder de plus près, ses méthodes relèvent davantage de la coercition psychologique que du libre arbitre.
Il façonne littéralement votre Gardien des rêves à partir de vos désirs, influence vos pensées par des demi-vérités et vous pousse toujours à envisager les solutions qui le servent directement. Quand il vous propose de tuer Orpheus ou de sacrifier votre humanité ou celle d'un compagnon, c'est toujours pour éviter que son pouvoir vacille. La promesse de liberté n’est qu’un leurre, une illusion savamment entretenue pour masquer la vérité : vous êtes un pion dans son jeu, et l’Empereur ne tolère que les décisions qui le laissent maître de l’échiquier.
Dans Baldur’s Gate 3, l’Empereur incarne l’archétype du faux ami : séduisant, protecteur en apparence, mais fondamentalement motivé par la peur, le pouvoir et la manipulation.










