Microsoft a annoncé une nouvelle vague de licenciements massifs dans sa division Xbox, touchant de nombreux studios, dont certains récemment acquis pour des sommes faramineuses. Alors que l’entreprise affiche un bénéfice de plus de 25 milliards de dollars au dernier trimestre, près de 9 000 employés ont été congédiés, dont 50 % du personnel de Turn 10, des développeurs de Forza, ainsi que des équipes de Raven Software, King ou Zenimax Online. Pire encore, la lettre interne envoyée par Phil Spencer, patron de Microsoft Gaming, est accusée d’être totalement déconnectée de la réalité vécue par les salariés.
Une lettre interne qui fait polémique
La communication de Phil Spencer à ses équipes a provoqué un véritable tollé. Alors que plusieurs studios comme The Initiative ou Arkane Austin ferment leurs portes, et que des projets comme Perfect Dark, Everwild ou encore le MMO Blackbird sont annulés, la lettre se félicite de la « bonne santé » de la marque Xbox.
Dans cette note interne révélée par Insider Gaming, Phil Spencer écrit notamment :
Cette juxtaposition entre les performances prétendument historiques de la division Xbox et la violence des licenciements a été largement dénoncée. Pour beaucoup, elle reflète une déshumanisation croissante du management dans l’industrie du jeu vidéo.
Une stratégie d’acquisition destructrice
Depuis 2020, Microsoft a dépensé des sommes colossales pour racheter des géants de l’industrie : ZeniMax pour 7,5 milliards de dollars, puis Activision Blizzard (et King) pour 75,4 milliards. Pourtant, ces investissements n’ont pas empêché des coupes brutales dans les effectifs. À la suite de ces acquisitions, 2 500 employés d’Activision Blizzard ont été licenciés en quelques mois, alors que le PDG Satya Nadella a vu sa rémunération bondir de 62 %, et que les actionnaires ont obtenu une hausse de 10 % de leurs dividendes.
Au même moment, Tango Gameworks, studio pourtant acclamé pour Hi-Fi Rush, a été fermé, et des projets ambitieux comme Redfall ou le reboot de Perfect Dark ont été enterrés. Malgré ces revers, la communication de Microsoft continue de clamer que « l’avenir est radieux » pour Xbox.
Cette contradiction révèle un problème plus vaste dans l’industrie : l’obsession pour les rendements financiers immédiats, au détriment des personnes et de la créativité. En 2023 et 2024, plus de 23 000 développeurs ont perdu leur emploi à travers le secteur. Microsoft, leader du marché, s’est imposé comme le symbole de cette dérive.
À chaque présentation de la marque, Microsoft vante le Game Pass, le Cloud Gaming et l’accessibilité multiplateforme comme les piliers de son avenir. Pourtant, ces outils servent surtout à masquer le vide laissé par des jeux annulés, des studios fermés et une division en perte de repères face à PlayStation et Nintendo.
Les déclarations de Spencer semblent de plus en plus déconnectées d’une réalité brutale : celle où « plus de jeux, plus de joueurs, plus d’heures de jeu » n’empêchent pas les licenciements massifs. L’ironie est cinglante : Xbox n’a jamais été aussi fort, mais cela ne protège ni les développeurs ni les projets. La santé financière de l’entreprise est utilisée non pas pour stabiliser l’emploi, mais pour satisfaire les actionnaires.
À défaut de garantir un avenir à ses studios, Microsoft offre à ses employés une dernière promesse vide : « Merci pour votre travail, la marque Xbox va très bien. » Pour ceux qui perdent leur emploi, c’est loin d’être suffisant.







