Malgré des débuts difficiles, l'initiative a connu une remontée fulgurante grâce à une vidéo de son créateur, atteignant en quelques jours ce que onze mois n'avaient pas permis.
Un combat pour la préservation du jeu vidéo
Le 1er avril 2024, The Crew, jeu de course en ligne d’Ubisoft, fermait définitivement ses serveurs. Plus qu’un simple arrêt de service, cette décision effaçait complètement l’accès au jeu, même pour ceux qui l’avaient acheté. Ce coup de grâce a été l’étincelle qui a poussé Ross Scott, vidéaste connu pour ses analyses critiques de l'industrie, à lancer l’initiative « Stop Killing Games ». Son but ? Faire pression sur les institutions pour qu’un cadre légal empêche les éditeurs de « tuer » des jeux sans offrir aux joueurs une alternative de conservation ou un plan de fin de vie raisonnable.
La pétition citoyenne européenne, ouverte le 31 juillet 2024, avait pour objectif d’atteindre un million de signatures valides provenant de citoyens de l’UE, condition sine qua non pour être examinée par la Commission européenne. Pendant onze mois, la campagne a progressé lentement, peinant à mobiliser au-delà des cercles militants du jeu vidéo. Pire encore, dans une vidéo publiée le 23 juin 2025, Ross Scott annonçait ce qu’il croyait être la fin inévitable du mouvement. Intitulée The End of Stop Killing Games, cette déclaration d’échec a paradoxalement relancé l’initiative.
Une remontée éclair et un avenir encore incertain
Alors que la pétition stagnait autour des 500 000 signatures, la vidéo de Ross a eu l’effet d’un électrochoc. En quelques jours, le compteur a bondi à 800 000, avant de franchir le cap symbolique du million avec près d’un mois d’avance. L’effet boule de neige a été amplifié par la couverture médiatique et le relais d’influenceurs et de créateurs de contenu reconnus. En dix jours, l’initiative a accompli ce qu’elle n’avait pas su faire en onze mois.
Mais la bataille est loin d’être terminée. Les signatures devront encore être vérifiées par les autorités de l’UE pour garantir leur validité, une procédure qui peut écarter jusqu’à 30 % des soutiens en cas de doublons ou de contributions hors territoire européen. C’est pourquoi les organisateurs visent désormais les 1,4 million de signatures pour sécuriser la marge nécessaire à une validation réussie. La date limite de participation est fixée au 31 juillet 2025.
Pendant ce temps, la version britannique de la pétition connaît moins de succès, peinant à rassembler les 100 000 signatures nécessaires pour obtenir un débat au Parlement du Royaume-Uni. L'UE apparaît donc comme le levier le plus crédible pour imposer un changement global dans la politique de fin de vie des jeux en ligne.
L’UE, ultime espoir d’une législation protectrice ?
L’Union européenne a déjà prouvé par le passé qu’elle pouvait se montrer proactive en matière de droits des consommateurs, y compris dans le domaine numérique. Des décisions emblématiques comme l’obligation de proposer un remboursement sur les achats dématérialisés ou la réglementation sur l’interopérabilité entre plateformes ont renforcé la position de l’UE comme garante des intérêts des utilisateurs.
Dans ce contexte, « Stop Killing Games » pourrait marquer un tournant décisif dans la manière dont les éditeurs gèrent la fermeture de leurs services. Une intervention du Parlement européen aurait des répercussions au-delà des frontières de l’UE, en établissant des standards internationaux — comme ce fut le cas pour le RGPD (Le Règlement général sur la protection des données) — qui influenceraient les pratiques des acteurs majeurs du jeu vidéo.
Rendez-vous sur le site de « Stop Killing Games » pour signer la pétition.






