Lorsqu’il est arrivé sur Nintendo 64 en novembre 1998, The Legend of Zelda: Ocarina of Time a bouleversé l’industrie. Il a démontré que la 3D pouvait être plus qu’un simple gadget technique, mais il a surtout proposé une aventure émotionnelle, immersive et inoubliable.
Pour des millions de joueurs, il n’était pas seulement un jeu, mais une expérience initiatique. Pourtant, après 26 ans d’évolution du médium, la question demeure : Ocarina of Time est-il toujours le meilleur jeu de tous les temps ?
Un mythe fondateur qui a changé les règles
Il est impossible d’évaluer Ocarina of Time sans le replacer dans son contexte. À la fin des années 90, la 3D n’en était qu’à ses balbutiements et la plupart des studios expérimentaient encore ses limites.
Nintendo, avec la N64, a choisi de transformer ses franchises phares pour les adapter à ce nouvel espace. Résultat : un monde d’Hyrule tangible, relié par des zones crédibles, des donjons pensés en trois dimensions et un système de caméra inédit.
L’une des plus grandes innovations du jeu fut le ciblage Z, permettant de verrouiller un ennemi et de simplifier les combats dans un environnement 3D encore difficile à maîtriser. Ce mécanisme, aujourd’hui universel, est né d’Ocarina. Plus encore, l’exploration prenait une nouvelle dimension : voir un monument au loin et s’y rendre réellement était une révélation pour l’époque.
Mais la véritable force du titre ne résidait pas uniquement dans sa technique. Son récit abordait des thèmes rares dans le jeu vidéo de l’époque : le temps qui passe, la perte de l’innocence, le poids des responsabilités. Link, enfant arraché à son cocon forestier, devenait adulte dans un monde corrompu par les ténèbres, métaphore directe du passage à l’âge adulte. Pour toute une génération, ce voyage fut une leçon de vie aussi bien qu’une aventure vidéoludique.
Un héritage intact, mais une expérience datée
Si Ocarina of Time figure encore en tête de nombreux classements, avec un 99 sur Metacritic, record inégalé, c’est autant pour son importance historique que pour sa qualité brute. Son ADN se retrouve dans d’innombrables sagas modernes, de The Witcher 3 à Elden Ring.
Pourtant, confronté aux standards actuels, le jeu accuse son âge. Caméra capricieuse, interface lourde, mécaniques parfois lentes : pour un joueur qui le découvre aujourd’hui sans nostalgie, l’expérience peut sembler laborieuse.
La question est donc moins de savoir si Ocarina of Time reste « le meilleur » au sens technique, que de comprendre en quoi il l’a été. Comparé à des titres modernes comme Breath of the Wild, Tears of the Kingdom ou encore Red Dead Redemption 2, son monde paraît plus restreint et ses donjons moins surprenants. Mais il demeure unique dans sa capacité à avoir montré, pour la première fois, qu’un jeu vidéo pouvait être à la fois une aventure interactive et une histoire profondément émotive.
Aujourd’hui, certains fans préfèrent l’audace de Majora’s Mask ou la liberté de Breath of the Wild. Pourtant, Ocarina of Time conserve un statut que rien ne pourra lui enlever : celui du premier grand voyage émotionnel en 3D, celui qui a fait comprendre à des millions de joueurs que le jeu vidéo pouvait être bien plus qu’un simple divertissement.







